D’une importance capitale, cette session de formation a regroupé une vingtaine de responsables de médias de la presse écrite et de la radio, venus de Bamako et de toutes les régions, excepté Kidal et Taoudéni. Les travaux ont démarré le lundi 09 novembre 2020 dans la salle de conférence Biton Coulibaly de l’hôtel de résidence de Ségou. C’est sous la supervision de l’assistant de programme « Communication et Information » de l’Unesco, Ariel Diallo, que le ton de la cérémonie a été donné par le 1er vice-président de la Maison de la presse (MP), Daouda Mariko. Il a expliqué l’objectif principal de l’atelier, à savoir : la prise en compte du genre au sein des rédactions ; la distribution équitable des tâches selon le genre ; l’implication et l’octroi de plus de responsabilité à la gente féminine. Après avoir situé le contexte, il dira ensuite que cet atelier est particulier en ce sens qu’il y a la présence des présidents des faitières de la presse écrite (Assep) et de l’audiovisuelle (Urtel), en l’occurrence Bassidiki Touré et Bandjougou Danté.
Les modules : « Mieux comprendre les risques de sécurité auxquels sont confrontées les femmes journalistes ; une responsabilité pour les responsables d’organes » ; « Comment promouvoir le genre dans les différentes rédactions ; contraintes et opportunités »; « la Mise en œuvre de la résolution 33/2 du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur la sécurité des journalistes » ; « Ethique et déontologie : droit de la presse » ; « Charte des médias pour le respect et le droit des femmes ». Ils ont été de long en large exposés par des journalistes experts en renforcement de capacités comme Ramata Diaouré, Sadou Yattara et Mahamadou Talata.
Il ressort de leurs exposés que dans l’entreprise de presse, les responsables de médias doivent prendre compte le concept genre au sein des rédactions. Tout comme les hommes, les femmes doivent aussi avoir des postes de responsabilité.
La gent féminine marginalisée dans l’espace rédactionnel
Selon les facilitateurs, les femmes sont mises à l’écart dans l’espace rédactionnel. Pour preuve, une étude réalisée en fin 2017 par la Fondation Tuwindi sur le genre dans les médias au Mali est très édifiant. Selon les résultats de cette étude, les femmes ne représentent que 12% dans les nouvelles produites par les radios, 23% au niveau de la télévision, 14% sur Internet et 17% dans les journaux. Alors que les hommes sont fortement présents dans les médias. Le taux le plus bas est au niveau de la télévision, avec 77%. Quelques années (2011) plutôt, IPAO a mené aussi une recherche sur le rôle et la représentativité des femmes dans les médias au Mali. Sur l’échantillon des journaux (13) concernés (cinq quotidiens, quatre hebdomadaires et quatre bihebdomadaires, il ressort de l’étude que pendant la période couverte, les organes de presse sélectionnés ont publié cumulativement 4605 articles dont 733 articles s’intéressent aux femmes, soit près de 16%. Au même moment, l’espace rédactionnel dédié aux hommes est de l’ordre de 84%. La répartition du personnel en fonction dans ces journaux selon certains postes et le sexe est tout aussi indicative. Ainsi, sur 134 journalistes recensés dans les 13 organes, les femmes ne font que 17% », soulignent-ils. Avant de regretter : « Peu de femmes siègent dans les comités de rédaction des journaux. Elles sont 14 sur un total de 107, soit 13%. Aux postes de direction, elles sont 8 (19%) contre 35 hommes ».
Après leurs brillants exposés sur les modules, un vif débat s’est engagé, au terme duquel des éclaircissements ont été fournis aux participants. Toutes les questions posées ont trouvé des réponses satisfaisantes. Par ailleurs, un guide pratique élaboré par l’Unesco et Reporter Sans Frontière (RSF), contenant des conseils spécifiques pour les femmes journalistes, a été partagé avec les participants. Il ressort que les journalistes femmes devraient s’habiller de manière conventionnelle et conformément à la coutume locale. Le port du foulard dans certaines régions, par exemple, peut être conseillé aux femmes journalistes. Les femmes journalistes devraient porter une alliance, ou une bague qui ressemble à une alliance, qu’elles soient mariées ou pas. Elles devraient éviter de porter des colliers, de se faire une queue de cheval, ou tout ce qui peut être saisi. Mieux, de nombreux experts conseillent aux femmes journalistes d’éviter des T-shirts et des jeans trop serrés, le maquillage et les bijoux, afin d’éviter une attention non désirée. Les participants ont, dans les travaux de groupes, travaillé afin d’enrichir le guide pratique de sécurité des femmes journalistes afin de l’adapter à nos réalités sociales.
Agmour
Source: Journal le Pays– Mali