Hier, jeudi 23 mai 2019, le collectif des 32 Conseillers Communaux de la Mairie de la Commune V du District de Bamako était face à la presse dans l’enceinte de ladite mairie pour exiger « le départ immédiat » du maire principal, Amadou Ouattara afin de « renouer la confiance entre la mairie et la population dans un climat sociopolitique apaisé, gage de tout développement ».
Le collectif reproche entre autres au maire de gestion solitaire de la mairie, de corruption en prenant l’argent avec un opérateur économique, d’abus de pouvoir pour avoir retiré les signatures sans motif à 30 conseillers communaux entrainant la paralysie de l’état civil, de mauvaise exécution du budget de l’exercice 2018. « Face à cette situation alarmante, le collectif des 32 conseillers communaux dénonce la violation par le Maire des articles 61 et 62 de la Loi N°2017-051 du 02 octobre 2017 portant code des collectivités territoriales en République du Mali », a indiqué le porte-parole du collectif des 32 Conseillers Communaux de la Mairie de la Commune V du District de Bamako, Karim Sangaré.
Ce point de presse était principalement animé par le porte-parole du collectif des 32 Conseillers Communaux de la Mairie de la Commune V du District de Bamako, Karim Sangaré, maire de Daoudabougou, en présence des autres conseillers de la commune V de Bamako comme Moussa Z Doumbia, Abdine Issa Sangaré, Kalilou Niambélé, Mme Massitan Koné. « Le collectif des 32 Conseillers Communaux de la Mairie de la Commune V du District de Bamako porte à votre connaissance la situation sociopolitique de la commune qui découle de la gestion solitaire du Maire. De l’aménagement du terrain de football de Baco-djicoroni : Le Maire s’est servi de la délibération N°008/MCV/DB du 27 mars 2018 intitulée ‘’Construction de magasins en matériaux démontables le long de la clôture du terrain de football de Baco Djicoroni’’ pour mettre en œuvre son projet personnel d’aménagement dudit terrain », c’est en substance ce qui ressort de la déclaration du collectif des 32 Conseillers Communaux de la Mairie de la Commune V du District de Bamako lue par le porte-parole, Karim Sangaré. Avant d’ajouter que le maire, Amadou Ouattara ayant reconnu être le seul et unique responsable porteur de ce projet, a signé un bail emphytéotique entre la Mairie et un operateur économique de la place. En outre, il dira que le maire Amadou Ouattara a avoué lors de la session extraordinaire N°01 du 18 mars 2019, avoir pris avec cet opérateur économique un chèque d’un montant de 5 000 000 FCFA (chèque BNDA N° 2366636 du 05 mars 2018) contre une partie du terrain d’une superficie de 585 mètres carrés. Aux dires du conférencier, ce montant n’a jamais été versé dans la caisse de la mairie. « Malgré le caractère d’espace public classé dudit terrain, le Maire a engagé des travaux de construction de magasins en matériaux durables et d’aménagement à l’intérieur du terrain de football de Baco-Djicoroni, sans au préalable une délibération du conseil communal approuvée par le Gouverneur, encore moins une autorisation de construire. En dépit de l’opposition du conseil communal et de multiples manifestations de la population contre ce projet, le Maire ne veut pas du tout y renoncer car le bail emphytéotique demeure en vigueur et les fondations des magasins sont encore non démolies », a souligné Karim Sangaré. Par ailleurs, il dira que le conseil communal a décidé de rejeter le compte administratif du Maire au titre de l’exercice budgétaire 2018. « Au niveau de la section fonctionnement, les dépenses effectuées ont dépassé les réalisations des recettes de 17 256 770 FCFA. Au niveau de la section investissement, la ligne de recette 1112 « Différence Positive » qui n’avait fait l’objet d’aucune prévision aux budgets (primitif et additionnel) de 2018, s’est vu doté de la prévision de la ligne de recette 821 « Produits des cessions » d’un montant de 535 000 000 FCFA pour une réalisation de 65 264 000F CFA dans le compte administratif du Maire sans l’avis préalable du conseil communal », a révélé Karim Sangaré. Outre ces irrégularités suscitées, le conférencier a indiqué que le conseil communal a aussi émis des réserves relatives à la moralité des dépenses de fonctionnement et d’investissement et au manque de transparence dans la gestion des ressources humaines, matérielles et financières de la commune. Conformément aux dispositions de l’article 35 de la Loi N°2017-051 du 02 octobre 2017 portant code des collectivités territoriales en République du Mali, le collectif, dit-il, a saisi la Section des Comptes de la Cour Suprême aux fins de vérifier l’exécution du budget communal 2018. Il a signalé que cette procédure de vérification est en cours. Il accuse le Maire d’avoir tenu un double langage face aux artisans et aux commerçants détaillants de la commune sur certains points de leurs préoccupations, ces couches socioprofessionnelles ont décidé de ne plus payer de taxes communales.
Le gouverneur et le ministre invités à jouer leur partition
«Pour faire pression sur les conseillers communaux, le Maire a procédé au retrait non motivé des signatures à 30 élus appartenant à 11 partis politiques dont 7 conseillers de sa propre formation politique. Et cela en violation flagrante du protocole d’accord politique entre les partis politiques représentés au sein du conseil communal. Il espérait ainsi les contraindre à le suivre dans ses projets personnels illégaux et contraires aux intérêts de la commune. Une requête en annulation contre l’arrêté de retrait de signatures a été déposée au Tribunal Administratif de Bamako », a souligné Karim Sangaré. Selon lui, le collectif a saisi à travers les lettres en dates (du 11 mars, 03 avril et 20 mai 2019), la tutelle et le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation pour informations. « Face à cette situation alarmante, le collectif des 32 conseillers communaux dénonce : la violation par le Maire des articles 61 et 62 de la Loi N°2017-051 du 02 octobre 2017 portant code des collectivités territoriales en République du Mali ; l’acte de corruption commis par le Maire en prenant de l’argent avec l’opérateur économique ; l’abus de pouvoir du Maire pour avoir retiré les signatures sans motif à 30 conseillers communaux entrainant la paralysie de l’état civil ; la mauvaise exécution du budget de l’exercice 2018 », a-t-il dit. Le porte-parole du Collectif, Karim Sangaré a fait savoir que ces mauvaises pratiques du Maire Amadou Ouattara ont plongé la commune dans une crise sociopolitique qui se manifeste par une série d’actes de désobéissance civile de la population, (marches, sit-in, cessation de paiements de taxes communales, fermeture de centres secondaires d’Etat Civil, etc.). « En conséquence, eu égard au comportement incompréhensible du Maire, à son manque de respect et de considération à l’endroit du conseil communal et à sa volonté d’agir en lieu et place du conseil communal, le collectif exige le départ immédiat du maire afin de renouer la confiance entre la mairie et la population dans un climat sociopolitique apaisé, gage de tout développement », a conclu Karim Sangaré. Tous les autres intervenants abondent dans le même sens. Le conseiller, Abdine Issa Sangaré a fait savoir que l’objectif des élus est le développement de la commune. « On ne peut pas laissé une seule personne gérer comme elle veut », a-t-il dit. Pour la conseillère Massitan Koné, lors de leur rencontre avec le maire Amadou Ouattara, ce dernier n’a fait aucune proposition allant dans le sens de l’apaisement. En tout cas, elle précise que le collectif est soudé comme du roc et reste déterminé pour avoir gain de cause.
Aguibou Sogodogo
Le republicain mali