Les fraudes sont à l’origine des contestations électorales au Mali. Le 14 mars, la Communauté des blogueurs du Mali (Doniblog) a organisé un débat à Kayes sur les mécanismes de lutte contre cette pratique.
Le 18 août 2020, les militaires tombeurs du régime d’Ibrahim Boubacar Keita ont fait irruption sur la scène politique. La contestation des résultats du second tour des législatives d’avril 2020 a accéléré la chute du président Keita, qui était déjà essoufflé par les manifestations du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5RFP) réclamant son départ et celui de son régime.
Malgré les nombreuses alertes lancées pour attirer l’attention des autorités d’alors sur la nécessité de garantir la transparence des législatives de 2020, qui se sont déroulées dans un contexte sanitaire et sécuritaire tendu, la situation a tourné au fiasco. Les résultats définitifs des législatives proclames par la Cour constitutionnelle ont été contestés jusque dans les rues à Bamako et dans d’autres capitales régionales.
Jouer la carte de la transparence
Au lendemain du coup d’État, la Communauté des blogueurs du Mali (Doniblog) a lancé le hashtag #MaTransition. Objectif : donner la parole aux jeunes pour faire des propositions sur la gouvernance transitoire.
Dans ce cadre, les membres de Doniblog, basés à Kayes, ont organisé le 14 mars 2021 un débat dénommé #BenbereBekan sur les mécanismes à mettre en place afin d’éviter les fraudes lors des élections à venir.
Refonder
Des multiples causes des fraudes ont été évoquées et des pistes de solutions proposées au cours de ce débat. D’abord un changement de comportement s’impose à chaque Malien. « De tout ce que nous parlons ici, la base est le changement de comportement des Maliens. Tant que le Malien ne prend pas conscience, ne change de mentalité en ayant un autre regard sur son choix pendant les élections, nous allons toujours nous retrouver à la case départ », fait remarquer Hadizatou Diallo, participante au débat.
L’autre problème soulevé est lié au fichier électoral. « Lors de la révision de ces fichiers, les personnes décédées ne sont pas rayées des listes électorales. Et cela s’explique par l’absence de certificats de décès et les parents ne déclarent pas les cas de décès à la mairie en vue d’obtenir ces certificats. Cela n’est pas une excuse, car dans la plupart des cas, la mairie sait parfaitement que le fichier contient des morts », confie un ancien conseiller communal que nous avons interrogé sur la question des bourrages d’urnes et la part de responsabilité des mairies.
L’administration pointée du doigt
Au regard du rôle que joue l’administration dans l’organisation des élections, elle est régulièrement accusée d’être de connivence avec des candidats, qui ne reculent devant rien pour se faire élire. « Dans notre pays, les gens doivent savoir que voter est un devoir pour tout bon citoyen. Le fait de ne pas accomplir cet acte encourage les fraudeurs à se servir des cartes d’électeurs non retirées. Si tout le monde va voter, le bourrage s’arrêtera automatiquement », estime Daouda Niang, membre du Conseil régional de la jeunesse de Kayes.
Aussi, faut-il sensibiliser les jeunes pour qu’ils prennent leur responsabilité lors des élections. Il faut également lutter contre la corruption et l’achat des consciences qui favorisent les bourrages d’urnes.
Source: benbere