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Massacres de Koulongo, Guiré, Ogossagou, Sodane-Da… Quand le sentiment anti-français sert des causes politiques

Cela n’arrive pas tous les jours au Mali ! Qu’Opposition et Majorité politiques soient unanimes sur un fait : la présumée responsabilité ou culpabilité de la France dans les déboires des Maliens, en l’occurrence les massacres au centre du pays (KOULONGO, GUIRÉ, OGOSSAGOU, SOBANE-DA…) et des menaces désormais portant sur la quasi-totalité de ladite région voire au-delà. Responsable ou coupable ? Où commence et finit cette éventuelle responsabilité ou culpabilité ? A moins que le véritable coupable se trouve ailleurs !

Les récents évènements survenus à SOBANE-DA ont tout simplement exacerbé le sentiment anti-français au Mali faisant du coup oublier un passé pourtant récent. Et Le Sauveur est subitement devenu l’ennemi public numéro 1, «ce pelé, ce galeux d’où vient tout le mal».

Des illuminés sont même arrivés à prétendre qu’elle (la France) a organisé une mascarade en 2012 afin de justifier son intervention au Mali. Une allégation qui tombe vite à l’eau pour qui sait que c’est le coup d’Etat le plus stupide du monde qui est à l’origine immédiate de l’occupation jihadiste. Pour autant…

Le péché français

La France a bel et bien une responsabilité dans la situation actuelle du pays. Son péché s’appelle KIDAL. Elle s’est, en effet trop acoquinée avec les indépendantistes du MNLA et de la CMA au point de créer de fâcheux antécédents à l’origine profonde de la tentative d’hégémonie peuhle d’Amadou KOUFA, et par extension, des affrontements intercommunautaires et ethniques.

Une simple mais grave naïveté ! Elle semblait ignoré que les séparatistes de Kidal n’étaient en fait que des affidées d’Iyad Ag Aly auquel Amadou Koufa avait fait allégeance.  En prenant donc fait et cause pour les sécessionnistes du MNLA, elle faisait le jeu des jihadistes d’Ançar-dine et du FLN de KOUFA, tous trois (MNLA, Ançar-dine FLN) affiliés par alliance.

Certainement mue par son reflexe Imperio-colonialiste, elle a relégué l’Armée malienne au second plan. Mais elle sera très vite rattrapée par les faits. L’ennemi n’était pas celui qu’elle croyait, mais plutôt celui-là avec lequel il s’était liée amitié.

Cette erreur d’appréciation aura de lourdes conséquences puisqu’elle érigera les coupables en victimes et donnera une autre dimension à la tentative d’hégémonie peuhle. De Jihadiste, Kouffa est en effet devenu le symbole de la cause Peuhle. Et les autres, de présumés mécréants, à de présumés exterminateurs de Peulhs. En clair, le présumé jihadisme s’est vite transformé en conflit ethnique et la France, par naïveté et par méconnaissance des réalités géopolitiques du milieu, a joué un rôle important en protégeant, au moment des faits, les véritables criminels et en fragilisant l’Armée Malienne.

Une gouvernance chaotique et des accords douteux

Ce n’est évidemment la première fois que la France, par naïveté ou par ruse tente d’en imposer au Mali, un pays qui, pour des raisons géopolitiques et stratégiques, semble beaucoup compter pour elle et ce, depuis des lustres.

Mais jamais avant ce jour, elle n’eut la tâche facile. Au contraire des anciens Présidents et chefs d’Etat, c’est IBK signa un accord de défense (ou de coopération militaire : quelle différence ?).

Ainsi, en marge du mandat des Nations-Unies, Barkhane évolue dans le cadre dans cet accord militaire aux contours pour le moins flous et douteux.

Sur le terrain, la Mission (Barkhane) se comporte comme en terrain conquis. Libre d’aller et de venir, elle ne rend compte à personne, en tout cas, pas au Mali et aux Maliens. Pour s’informer sur ses activités sur le sol malien, le citoyen malien est contraint de consulter les sites d’information français en l’occurrence ceux de l’Etat-Major des armées de France.

Tout se passe comme s’il s’agissait d’une armée étrangère d’occupation nullement différente des occupants jihadistes d’il y a 7 ans.  Et dire qu’au même, surviennent des massacres en série à l’aide d’importants moyens militaires qu’elle ne parvient ni à prévenir, ni à empêcher. Et malheur au Malien qui ose publiquement manifester sa désapprobation ! Il se fera dire qu’il s’agit d’un pays ami et se faire mater par une police préoccupée de servir le principe du jour que les populations dont l’indignation et la démarche sont pourtant justifiées.  Quel est donc cet accord de coopération Militaire ? Et quelle gouvernance ?

Pis ! Puisque nul, hormis ladite opération (Barkhane) parmi les protagonistes ne dispose de moyens militaires colossaux utilisés dans les massacres (hélicos de ravitaillement et/ou de transport de troupes), le coopérant militaire est vite accusé d’être le véritable auteur des tueries. Et le sentiment antifrançais fait le reste.

L’idée passe comme une lettre à la poste et pour cause. La majorité politique (ou ce qui reste d’elle), cherchant à sauver la tête de son protégé a désormais son bouc-émissaire pendant que l’Opposition dispose-là, l’occasion de se débarrasser de la même entité qu’elle accuse de consolider le pouvoir du président. En clair, l’une et l’autre tirent des dividendes politiques des accusations impliquant l’ancienne métropole. Mais a-t-elle véritablement intérêt à se compromettre à ce point et prendre le risque de se faire supplanter par d’autres forces aspirant à s’installer là ? Le doute est autorisé (lire encadré).  En clair, tout se passe comme si les politiques maliens se servaient du sentiment antifrançais des Maliens. Un sentiment bien réel et fondé. Pour autant !

Des sociétés privées dévolues à la sécurité privée

Si aucun élément d’appréciation ne permet à l’instant, au moins de soupçonner une quelconque force en présence d’être l’instigatrice des tueries au centre du pays, l’on sait d’ores et déjà qu’il existe sur place au Mali, des sociétés privées présumées spécialisées dans la sécurité, de véritables armées privées offrant leurs services aux plus offrants.

Il ne s’agit que d’une autre appellation des groupes mercenaires disposant d’importants arsenaux militaires et même des drones. Des sociétés privées créées par d’anciens militaires des forces spéciales étrangères et embauchant toute racaille du terroir désireuse de les rejoindre pour une raison ou pour une autre.

Sur certains théâtres d’opération, les forces étrangères régulières évitent de se salir la main et leur confient le sale boulot pendant que des groupes sociaux sollicitent leur concours pour différentes motivations. Il arrive même que des Etats voyous les sollicitent pour des raisons inavouées.

Difficile, en tout cas à l’heure actuelle, d’imputer de manière formelle, la responsabilité des massacres à une quelconque force en présence. L’absence de l’Etat dans les zones concernées a permis à tous les criminels de s’y installer et d’agir à leur guise. J’y suis et j’y reste !

Il revient à l’Etat malien de prendre ses responsabilités !

B.S. Diarra

 

Encadré

IBK, S’ADRESSANT À LA DIASPORA MALIENNE À RABAT (MAROC – MARS 2014)

«Poutine m’a appelé après la visite des séparatistes du MNLA à Moscou. Il a décliné leur offre et dit que le Mali reste un pays ami de la Russie»

 Le Président malien sait-il véritablement ce qu’il veut pour son pays ? Faisant fi de la disponibilité de son plus vieil ami, il mène en ce moment une diplomatie à l’issue incertaine.

Le saviez-vous ? Au mois de Mars 2014, le MNLA a tenté d’amener la Fédération de Russie à prendre fait et cause pour lui en lui proposant l’exploitation des ressources minières de «l’Etat l’Azawad».

La délégation du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) était conduite par Bilal Ag Acherif et a été reçue à Moscou, au moment des faits, par Mikhaïl Bognanov, vice-ministre russe chargé de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Le président Vladimir Poutine ne s’est pas contenté de rejeter l’offre des visiteurs. Il leur a aussi rappelé que le Mali est et reste un pays ami de longue date. Mieux, il a informé IBK de la démarche des séparatistes en question. Les aveux sont d’IBK lui-même à la faveur de sa rencontre avec la communauté malienne du Maroc à Rabat en mars 2014.   Il s’est ainsi exprimé face à ses compatriotes : «Poutine m’a appelé après la visite des séparatistes du MNLA à Moscou. Il a décliné leur offre et dit que le Mali reste un pays ami de la Russie».

En football, on appelle cela une passe décisive. Le Président malien l’a visiblement ignorée.

À rappeler que c’est l’ex-Union Soviétique (URSS) qui a fourni au Mali ses premiers armements dont les fameux MIG 21 et construit ses premiers édifices (Stade Omnisports, Pavillon des Sports, la Piscine Olympique, l’ENA, l’ENSUP…).

B.S. Diarra

Source: La Sentinelle

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