Le bourdon des pots d’échappement a empli Diallassagou à la tombée de la nuit. Dans cette partie du Mali, ce son caractéristique est annonciateur de malheur. Un essaim de plusieurs dizaines de motos, transportant chacune deux ou trois combattants, kalachnikovs à la main ou en bandoulière, est entré dans le village du cercle de Bankass, dans le centre du pays. Samedi soir, les jihadistes ont traqué et rassemblé les hommes de Diallassagou. Ils les ont conduits loin des habitations, «à plusieurs kilomètres, à côté d’une grande broussaille, une forêt clairsemée que tout le monde connaît là-bas», selon un responsable local, avant de les exécuter. Le bilan officiel est de 132 morts. «Cela ne prend en compte que les personnes inhumées en présence de l’armée malienne, arrivée le lendemain, poursuit-il. En réalité, le nombre de victimes pourrait atteindre les 200. On découvre encore des corps.» La tuerie s’est étendue à deux autres villages tout proches : Dianwelly et Deguessagou.
Les autorités maliennes ont décrété un deuil national de trois jours. Le massacre a été commis à 40 kilomètres du village d’Ogossagou, à la frontière du Burkina Faso, qui fut, en mars 2019, le théâtre de la pire tuerie de l’histoire récente du Mali. A l’époque, les victimes étaient peules. A Diallassagou, elles sont dogons. Les deux comm…liberation.fr