Une tradition, un engouement intact
C’est un événement grandeur nature qui tient tout Banamba mais aussi Bamako en haleine. Chaque année, le mariage collectif de Banamba mobilise des dizaines de milliers de personnes qui s’activent pour célébrer le même jour au moins 300 à 400 mariages. L’édition 2022 est prévue pour le 19 mai prochain. Cette pratique reste totalement significative pour les habitants de la ville ainsi que pour une grande partie des Maliens car elle se présente comme une vitrine de nos us et coutumes.
À Banamba, plusieurs couples officialiseront leur union très prochainement. La célébration collective regroupe une centaine de couples résidants dans la localité. Mais pas seulement ! La cérémonie, événement grandeur nature, ne concerne pas seulement les Banambais habitant la ville sise dans la région de Koulikoro. Les ressortissants de Banamba domiciliés à Bamako sont aussi concernés. Cette pratique existe depuis des décennies et prend tout son sens dans la volonté de consolider la cohésion sociale. Quant au jour J des épousailles collectives, la date est toujours fixée par les anciens réunis dans la chefferie de village de Banamba, assistés par les chefs de quartiers. Souvent aussi, le soin est laissé à l’imam de Banamba de proposer le mois au cours duquel les noces devront se tenir. La date précise, qui tombe généralement sur un jeudi, est ensuite choisi par le chef.
Comme à l’accoutumée, à l’approche de cette journée de célébration, les Banambais sont à pied d’œuvre pour les préparatifs des réjouissances. Oui, ces mariages font la fierté de tous les ressortissants du terroir, quel que soit le rang social de chacun d’eux.
Cette année, certains ont réduit leurs budgets pour le ramadan afin de pouvoir mieux faire face aux préparatifs du mariage tant prisé. Bamakois et Banambais, tous attendent avec impatience le jour qui est le jeudi surprochain. D’après les informations diffusées par une radio de la localité, l’annonce a été faite la semaine dernière par la chefferie traditionnelle de Banamba. « Le mariage collectif se déroulera le 19 mai », a-t-il été communiqué. Cette année, environ 200 à 400 mariages vont être célébrés. Contrairement à l’année dernière où le chiffre avait connu une baisse considérable à cause de la pandémie de Covid-19.
Parmi les futures mariées, il y a Sogona Makadji, une jeune fille domiciliée à Bamako. D’après elle, le mariage collectif est une pratique appréciable. « Cela est une manière de pérenniser la tradition léguée par nos aînés », dit-elle. La future mariée observe aussi que cet événement permet de réunir plus d’une vingtaine de familles ici à Bamako. D’après elle, chaque année, une famille est désignée, chez laquelle tous les autres se réunissent pour le « demba fôli», une fête qui se tient deux jours avant la célébration. Elle est essentiellement dédiée aux femmes.
Interrogée, Souleymane Traoré, commerçant, a confié qu’il y a 18 mariages, rien que dans sa famille. « Ce nombre regroupe tous les enfants de notre famille qui doivent se marier. Nous sommes des Traoré, les 18 mariages seront donc célébrés dans notre grande famille des Traoré à Diélibougou », précise-t-il.
Cette pratique traditionnelle qu’est le mariage collectif est signe de paix et de cohésion entre les ressortissants de la ville. En revanche, elle recouvre un côté que les défenseurs du Genre pourraient qualifier de « délicat ». Car, à cette occasion, des jeunes se marient sans même s’être vus ou connus au préalable. Les uns se rencontrent le jour de leurs fiançailles, d’autres fuient leurs conjoints le jour du mariage. Mais ces arguments, qui relèvent de la conception moderne du mariage, ne sont pas près de convaincre les traditionalistes banambais qui, eux, défendent mordicus les vertus infinies de leur logique fondée sur la vision traditionnelle du mariage telle que pratiquée à Banamba.
Fatoumata Boba Doumbia
Source: Les Échos- Mali