Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 26 septembre à Bamako contre les violences faites aux femmes dans le pays. Cela fait suite à l’incarcération du célèbre artiste, Sidiki Diabaté, grand joueur de kora, pour des faits présumés de coups et séquestration sur son ex-compagne.
C’est en quelque sorte un phénomène “Me too” qui traverse à son tour le pays. Les personnes qui ont manifesté, essentiellement des femmes, ont exigé la fin de l’impunité pour les auteurs de ce type de violences et l’adoption d’une législation spécifique. Dans la manifestation, les femmes brandissaient des pancartes où l’on pouvait lire : “Je suis une potentielle victime”, “Pas d’empathie pour le bourreau”, “Une de plus, une de trop”, “Non à l’impuni face au viol”.
Violences en hausse
Selon les associations de lutte contre les violences faites aux femmes, les cas sont en augmentation de plus de 10% par rapport à l’année dernière. Qui plus est, alors que deux victimes sur trois restent silencieuses par crainte des représailles.
L’affaire fait grand bruit au Mali et partage les réseaux sociaux en deux. D’un côté, des soutiens indéfectibles qui refusent de croire les faits, parlent de machination. De l’autre, beaucoup de femmes qui s’étonnent d’un tel soutien. Il faut dire que les photos de Mariam Saw, la victime, glacent le sang. Sur Twitter, Ana Karité écrit : “Au Mali, les violences conjugales sont légion et salement ancrées dans les mœurs. Il est temps de dire stop.”
Désormais on parle aussi d’un réveil du Mali, secoué par le coup d’Etat. “Ca bouge sur le plan politique mais aussi sur le plan judiciaire avec la mise sous les verrous de Sidiki Diabate.”
Retour sur les faits
En couple avec l’artiste depuis ses 17 ans (elle en a 23 aujourd’hui), la jeune femme était régulièrement frappée par la star malienne. “Coups de poing, ceinture, cravache, toutes sortes de matériels étaient les bienvenus”, écrit afrik.com.
La dernière correction est semble-t-il trop forte. Ne pouvant cacher les coups derrière du maquillage, Diabaté décide de séquestrer la jeune femme, le temps que cela cicatrise. Mais Mariam parvient à s’enfuir, et une amie publiera d’anciennes photos de son corps tuméfié sur les réseaux sociaux. Mariam déposera plainte dans la foulée.
Diabaté est incarcéré et pour lui l’heure de la disgrâce a sonné. C’est d’abord sa maison de disque, Universal Music Africa, qui “suspend toute forme de collaboration” dans l’attente du jugement. Puis son nom a disparu des nominations à différents festivals : Afrimma Awards et Prix des musiques urbaines et du coupé-décalé, où il était nommé dans la catégorie des meilleurs artistes de l’Afrique de l’Ouest francophone.
Source : francetvinfo