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MALI, SANCTIONS ET INCOHÉRENCES

EXCLUSIF SENEPLUS – Les organisations africaines ne réagissent que sur commande et ne sont d’aucune utilité pour les populations auxquelles elles coûtent cher. Leur suppression ne ferait aucun dommage aux populations

Après avoir été très actif dans les sanctions contre le Mali, le président du Sénégal est allé en visite officielle en Égypte. Ce pays est dirigé depuis juillet 2013 par le ‘’maréchal’’ Abdel Fattah Al-Sissi à la suite d’un coup d’État perpétré contre Muhammad Morsi des Frères musulmans, le premier président démocratiquement élu de l’Égypte. Al Sissi a été son ministre.

Le règne d’Al Sissi est marqué par une répression que le pays n’avait jamais connue avec Nasser, Sadate, Moubarak et Morsi. Un bilan inégalé en Afrique. Les rapports des organisations de défense des droits humains sont accablants.

Des centaines de condamnations à mort, suivies à ce jour de dizaines d’exécutés pendus ou fusillés, parmi les plus de 60 000 prisonniers politiques. Des personnes sont arrêtées dans la rue. Tout le monde y passe : politiciens, journalistes, artistes… etc. qui ont l’impertinence de ne pas lui être soumis. Une trentaine de journalistes sont actuellement en prison. Selon Reporters sans Frontières et Human Rights Watch, l’Égypte sous Al Sissi est une prison pour les journalistes. Selon Amnesty International, ce pays est devenu une prison à ciel ouvert. L’ancien président Morsi après 6 années de détention dans des conditions inhumaines est mort au tribunal à l’occasion de son ‘’procès’’. C’est un véritable génocide qui s’est abattu sur les Frères musulmans qui avaient démocratiquement accédé au pouvoir.

Tout cela sous les yeux de ce qu’on appelle ‘’communauté internationale’’, ce plus que machin qui n’a aucun statut juridique, qui n’est rien d’autre qu’une complicité de fait entre les États-Unis et l’Union européenne pour dominer le monde. L’Union européenne après son silence cimetière sur l’Égypte, y est allée aussi de son annonce de sanctions à l’encontre de dirigeants maliens.

La France a été engagée en amitié avec Al Sissi par ses deux présidents Hollande et Macron pour la vente des avions Rafale Dassault (dont Khadafi n’avait pas voulu au dernier moment) et des drones Patroller pour réprimer les manifestants. Il se trouve heureusement en France des médiats comme Médiapart qui aussi informent et dénoncent ce qui se passe en Égypte.

C’est auprès du sanguinaire Al Sissi que Macky Sall est allé en visite officielle. Pourtant ces militaires maliens qui sont diabolisés n’ont tué personne. Ont-ils seulement emprisonné ? Certes, le Sénégal n’a pas d’avions à vendre à Al Sissi, mais comme le dit l’adage populaire, l’ami de mon ami est mon ami.

L’argument avancé pour justifier ces sanctions contre le Mali est la transition de 5 ans annoncée par les militaires, ce qui est égal ou supérieur au mandat d’un président démocratiquement élu. Quelques rappels s’imposent alors.

Au Togo en 1967 le ‘’général’’ Gnassingbé Eyadéma, par coup d’Etat militaire s’empare du pouvoir qu’il conserve durant 38 ans jusqu’à sa mort, pour être remplacé par son fils.

Au Cameroun, c’est un coup d’État constitutionnel qui en 1982 installe Paul Biya au pouvoir. Il en est en ce moment à sa 40e année de présidence.

Au Gabon, c’est à la suite d’un coup d’État constitutionnel en 1967 que Bongo exerce la présidence durant 42 ans jusqu’à sa mort pour être remplacé par son fils.

En 1987 au Burkina Faso, Blaise Comparé prend le pouvoir après avoir assassiné Thomas Sankara, et d’autres comme le journaliste Norbert Zongo, et y reste 17 ans.

Tiens, tiens ! Lorsqu’en 1968 dans ce même Mali, le général Moussa Traoré renverse et emprisonne le président Modibo Keita, a-t-il été condamné par ces professeurs de démocratie durant les 23 années de son règne de terreur ? Avec à l’arrivée, la mort à 61 ans de cet homme de refus, dans des conditions reconnues suspectes, mais sans enquête.

Le modèle de démocratie en Afrique qu’est le Sénégal n’a pas été exempt de coup d’État constitutionnel. Senghor est resté 20 ans au pouvoir pour, sans consultation populaire, transmettre le pouvoir à Abdou Diouf qui y est resté 19 ans par la grâce d’élections frauduleuses. C’est la première élection régulière qui en 2000 l’envoie à la retraite politique.

Lorsqu’en 2011 Khadafi, ce dirigeant africain qui lui a développé son pays, est assassiné, dans toute l’Afrique seul le président du Zimbabwe Robert Mugabe a réagi, traitant l’Otan (Organisation du traité de l’atlantique nord) d’assassin.

Bien entendu, la CEDEAO, l’OUA devenue Union africaine et l’ONU n’ont jamais été au courant de tout cela. Les organisations africaines ne réagissent que sur commande et ne sont d’aucune utilité pour les populations auxquelles elles coûtent cher, avec les cotisations, les multiples déplacements et réunions des chefs d’État avec leurs suites. J’ai eu à fréquenter durant une trentaine d’années ces organisations pour savoir que leur suppression ne ferait aucun dommage aux populations. Est là l’exemple de la Mauritanie qui a démissionné de la Cedeao en 2000 et qui ne s’en porte que mieux.

L’Union africaine est à l’image de la CEDEAO. Ses réactions sont très sélectives selon les pays. Ces organisations ne sont pas des autorités supranationales et ne peuvent en aucun cas imposer leur volonté aux États. Quel que soit le président en exercice, l’Union africaine ne peut rien faire. On n’a en archive ou en souvenir aucune réalisation concrète à mettre à l’actif d’un président en exercice depuis la création de l’Organisation de l’union africaine (OUA) en 1963 et son remplacement par l’Union africaine (UA) en 2002. Que peut-il faire durant un mandat d’un an ?

Rappelons que 12 chefs d’État putschistes ont eu à exercer la présidence de l’OUA et de l’UU, le dernier en date étant le sanguinaire Abdel Fatah Al Sissi de février 2019 à février 2020. À la CEDEAO, la présidence est revenue à 5 putschistes, avec 3 mandats pour Gnassingbé Eyadéma et 2 mandats pour Blaise Compaoré. Nos deux organisations sous-régionale et continentale sont vraiment bien placées pour fustiger les actuels putschistes maliens.

Cela dit, un coup d’État est un coup d’État, qu’il soit militaire ou constitutionnel. Il y a bien une affaire Mali, éminemment révélatrice des incohérences de toutes ces organisations du deux poids deux mesures, de la logique foulée aux pieds, et de surcroît inutiles et coûteuses.

Source: seneplus
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