Une semaine jour pour jour après le drame dans le village peul d’Ogossagou, RFI est partie à la rencontre des rescapés. Au moins 160 personnes ont péri samedi 23 mars après l’attaque de leur village dans le centre du Mali, un massacre sans précédent dans l’histoire de la région.
Une quarantaine de blessés a été transportée à l’hôpital régional de Sévaré. Sous l’une des deux tentes installées devant la porte des urgences, une femme a les yeux tuméfiés. Elle a reçu des éclats de balle. La nuit de l’attaque, après avoir entendu les premiers coups de feu, elle s’est réfugiée dans une des maisons du marabout. « Dans ma course, raconte-t-elle, j’ai vu plus de morts que de vivants. » Dans une chambre, une mère est au chevet de sa fille blessée par arme à feu au pied.
Elle a été épargnée par les assaillants. « Quand ils sont rentrés dans la maison, j’ai entendu quelqu’un dire “tire, vas-y, fais-le”, dit-elle. Un autre a dit “non, on laisse”. On m’a demandé si j’avais de l’argent, si j’avais un téléphone et si j’avais des armes, j’ai dit que non. Ils sont sortis. Dans la maison d’à côté, il y avait mes garçons. Ils ont tiré sur les grands et ils ont égorgé les plus petits. » Ici, la majorité des blessés sont des femmes et des enfants. Quelques hommes adultes également. L’un d’entre eux est blessé à l’œil. « Ma femme et mon fils étaient à la maison. Ils ont mis le feu. J’ai pu y échapper, mais ma famille est morte là-bas. » L’hôpital de Bankass a aussi accueilli 30 blessés tandis que les plus urgents une quarantaine, ont été transférée ici à Sévaré.
Dr Oumar Guindo est le directeur de l’hôpital. « La plupart, c’est des blessures par balle, témoigne-t-il. Il y a aussi beaucoup de cas de fractures, de brûlures, deux cas d’éviscération… » Si ce médecin reste prudent, des armes blanches ont été utilisées, selon des témoins et les premières personnes qui se sont rendues sur place.
RFI