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Mali, Réforme du franc CFA : Un tournant vers la souveraineté monétaire

De l’avis d’experts reconnus, si les politiques ont annoncé publiquement la réforme du franc CFA, c’est que les techniques avaient déjà terminé leur travail. Donc, l’Eco Uemao, sauf cataclysme, verrait le jour en 2020. Surtout que les signes monétaires (pièces de monnaie et billets de banques) ne devraient pas en principe comporter de changement majeur.

La réforme annoncée ne conduisant ni à une dévaluation, ni à une réévaluation de la monnaie commune aux huit États de l’Afrique de l’ouest. Des détracteurs du franc CFA et certains spécialistes soutiennent que cette réforme annoncée, ne va rien résoudre aux problèmes de pauvreté, de chômage, d’importation… auxquels sont confrontés nos populations. Telle est la position soutenue par Khalil Dembélé. Économiste et chercheur, membre de Migrance Mali, ce professeur d’université pense que nous devons retenir ceci : « le FCFA au-delà du nom, est un ensemble de mécanismes appelés système monétaire de la Zone Franc.
Le maintien de la parité fixe à une monnaie si forte comme l’euro, impliquera que les balances commerciales de nos économies demeureront structurellement déficitaires, c’est-à-dire que nous continuerons à êtres importateurs nets ». Or, ajoute l’universitaire, l’importation se traduit par une contraction de la masse monétaire au sein de la zone économique dans laquelle on importe.
Ainsi, le principe de la rareté fait que quand la masse monétaire est rare, son prix qui est le taux d’intérêt augmente. « Une hausse du taux d’intérêt décourage l’investissement et donc fait augmenter le chômage. L’enjeu de nos économies aujourd’hui, contrairement à ce que veut nous faire croire le président Ouattara, n’est pas l’inflation, mais plutôt le chômage, dans la mesure où la population de l’Uemoa se dédouble tous les 25 ans », argumente Khalil Dembélé.

Pour Dr Gilles Olakounlé Yabi, analyste politique et spécialiste en économie du développement, les changements annoncés sont un premier tournant important pour la souveraineté de la politique monétaire des pays de l’Uemoa. Le retrait des représentants français des organes de gouvernance signifie que l’accès à l’information sera désormais limité aux États de la région. « Pour le reste, je crois qu’il faut être prudent lorsqu’il s’agit de monnaie, la confiance étant un déterminant essentiel de la valeur d’une monnaie », fait remarquer le fondateur et président de Wathi (Think Tank citoyen de l’Afrique) basé à Dakar.
Le maintien pour le moment de la parité fixe n’est pas un problème majeur, estime Dr Gilles Olakounlé Yabi. « Ce qui me pose davantage problème, c’est que la réforme du franc CFA «parasite» le projet de création d’une monnaie unique à l’échelle de la Cedeao.» Or, argumente-il, ce qui est plus important pour l’avenir économique de l’Afrique de l’Ouest, y compris celui de l’Uemoa composée de pays de taille économique modeste en grande majorité, c’est l’intensification des relations économiques avec le Nigeria et le Ghana, dont la monnaie n’est qu’un volet.
Rappelons que dans son communiqué final, la 56è Conférence des chefs d’Etat de la Cedeao, tenue samedi 21 au Nigeria, s’est félicitée des évolutions de la zone monétaire UMOA.
Cette réforme de la zone monétaire de I’Uemoa facilitera son intégration dans la future zone monétaire de la Cedeao (Eco), ont salué les chefs d’Etat réunis à Abuja dans la capitale nigériane.

Cheick M. TRAORÉ

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