Le Parti pour la restauration des valeurs du Mali (PRVM-Fasoko) traverse une grave crise depuis le 26 décembre 2020, date du congrès qui a vu le Président sortant Mamadou Oumar Sidibé reconduit à sa tête. Contestant ce congrès dont pour des irrégularités dans la tenue, certains membres ont organisé un congrès extraordinaire le 27 février 2021. Il a élu Samba Coulibaly Président. Deux Bureaux du même parti, occupant le même siège, en réclament la légitimité.
« Il n’y a qu’un seul PRVM-Fasoko, c’est celui dirigé par le bureau de Samba Coulibaly, investi à l’issue du congrès tenu le 27 février. Nous ne pouvons pas reconnaitre un bureau autoproclamé », lance Dr. Abdoul Karim Goita, Secrétaire général de ce Bureau.
« Ces éléments déstabilisateurs ne sont plus membres du parti et sont disqualifiés de toute représentativité », rétorque Mamadou Oumar Sidibé. Le Bureau qu’il dirige a pris la décision de suspendre dans un premier temps 39 membres pour « violations graves des statuts et règlement intérieur », puis de radier ensuite 53 militants, dont les principaux contestataires, pour avoir « transgressé de manière constante et répétée les textes régissant le parti ».
Mais les « radiés » ne l’entendent pas de cette oreille. À en croire Dr. Goita, il est stipulé dans les textes que pour suspendre un militant il faut d’abord l’écouter en Conseil de discipline, ce qui n’a pas été le cas. Il dénonce un « vice de forme » également dans la radiation, pour laquelle il n’y a que deux motifs prévus : le détournement de deniers publics ou l’implication dans des affaires foncières.
Aux origines de la crise
Pour trouver les éléments déclencheurs de la discorde, il faut remonter au congrès du 26 décembre, dont les contestataires remettent en cause l’organisation dans la forme et dans le fond.
« Dans la forme, quand un congrès doit se tenir, il doit y avoir une Commission d’organisation chargée de planifier toute la technicité. Selon nos statuts, pour le congrès, le nombre de délégués est égal pour toutes les sections. Mais cela n’a pas été le cas. L’écart entre les délégués issus des Communes du District de Bamako et ceux des régions est criard », dit Abdoul Karim Goita.
« Dans le fond, il n’ya pas eu de présentation du bilan du Bureau sortant et celui-ci n’a même pas démissionné», ajoute-t-il.
Toutefois, selon la Cellule de communication du parti, le congrès s’est déroulé dans des « conditions parfaites, conformément aux statuts et règlements intérieur ». Ce qu’elle appelle une « crise de croissance interne » résulte d’une « aventure de déstabilisation du parti à des fins personnelles », menée par des « fauteurs de troubles » n’ayant pas eu satisfaction au sortir du congrès du 26 décembre 2020.
Décision de justice
Bien avant la tenue du congrès extraordinaire du 27 février 2021, le camp contestataire a attrait le Bureau issu du congrès du 26 décembre 2020 en justice, aux fins de suspension des effets de ce congrès et de suspension des procédures de sanctions à l’encontre des militants.
Mais le juge a décidé de ne pas suspendre ce Bureau, étant donné que la demande venait de ceux-là mêmes, en activité, qui se projetaient sur l’organisation d’un nouveau congrès. Il a ordonné en lieu et place un jugement de fond après le congrès extraordinaire, lorsque les deux bureaux seraient effectifs. Ce qui est le cas depuis le 27 février dernier.
Le 24 mars prochain, l’affaire sera tranchée devant le Tribunal de grande instance de la Commune VI, pour déterminer lequel des deux Bureaux a été légalement et légitimement investi. Une décision ultime qui devrait s’imposer aux deux camps.
« Si la justice tranche en leur faveur, nous agirons en conséquence et nous les approcherons. Nous leur demandons également de se rallier humblement à la décision si elle nous est favorable », prône Dr Goita.
En attendant, pour Mamadou Oumar Sidibé, le parti se porte « bien » et poursuit son implantation sur le territoire national.