Par leur implication de plus en plus effective sur la scène politique locale, les femmes de Gao ont pris conscience de leur importance dans la sphère publique. Quelques faits saillants récents en témoignent comme la nomination de 153 femmes au sein des collectivités territoriales de la région, en tant que conseillères municipales dans les communes rurales.
Elles sont 11 au niveau de la commune urbaine de Gao, et l’une d’entre elles est Adjointe au Maire de la ville. Trois femmes ont été nommées comme autorités intérimaires, dans les cercles, d’Ansongo, d’Almoustarat et de Gao. Dans cette dernière localité, c’est la vice-présidence qui est occupée par une femme.
Un atelier régional sur la participation des femmes au processus électoral soutenu par la MINUSMA
Afin d’encourager et de consolider cet élan des femmes de Gao envers la gestion des affaires de la cité, la MINUSMA a souhaité poursuivre l’appui qu’elle leur accorde, à travers une session de renforcement des capacités en prise de parole publique. Ceci pour leur permettre de se repositionner dans l’action publique et politique, au moment où reprennent les préparatifs des élections générales, et où la communauté internationale appelle les autorités de transition à poursuivre cet important processus avec plus d’intensité.
Lors de cet atelier, présidé par la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU au Mali, Mme Mbaranga GASARABWE et tenu à Gao le 5 mars dernier, les femmes ont exprimé plusieurs souhaits. Au premier rang de ceux-ci : plus de formations sur la participation aux élections et au processus électoral, ainsi que sur l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger.
C’est ainsi que, le 29 mars dernier, un atelier régional de deux jours sur « La participation des femmes au processus électoral » a été organisé et parrainé par le Bureau des Affaires Politiques de la MINUSMA à Gao, en collaboration avec l’unité Genre de la Mission de l’ONU au Mali. L’atelier a réuni des associations de femmes telles que Les femmes de la Case de la paix de la commune urbaine de Gao, la Fédération Nationale des Collectifs d’Organisations Féminines (FENACOF), la Plateforme des femmes leaders de la région de Gao, la Coordination des Associations et des ONGs Féminines du Mali (CAFO), ainsi que des partis politiques dont l’Union pour la République et la démocratie (URD) et le Rassemblement pour le Mali (RPM). Les représentants régionaux de l’État (gouvernorat de Gao, représentants des cercles d’Almoustarat, Gao et Ansongo) étaient également présents.
Plus de réflexions pour y parvenir
Cet atelier a proposé des réflexions sur les prochaines élections générales et a fourni un espace de discussion aux parties prenantes régionales impliquées dans le cycle électoral. Des échanges en profondeur sur le processus électoral et sa mise en œuvre, compte tenu des spécificités régionales, ont eu lieu. Ceux-ci ont permis de reconnaître les femmes comme étant les championnes de la démocratie participative. L’atelier a plus précisément abordé le processus électoral, la transition en cours, les défis entravant la participation des femmes ainsi que les opportunités et les leçons tirées des dernières élections législatives telles que perçues par les préfets et les représentants de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante). De plus, les « meilleures pratiques d’une femme leader se présentant aux élections législatives » ont été étayées, ainsi que l’opportunité de mettre en place une case de veille sur le processus électoral à Gao, s’inspirant du modèle 2020 de Bamako.
Des participantes comblées
Parmi les participantes à cet atelier, Mme Hadjawoye Fatima TOURÉ, présidente de l’association Jeunes Femmes Leaders pour le Développement de la commune urbaine de Gao estime que l’atelier lui a été bénéfique, du fait qu’il leur a « ouvert les yeux de façon concrète sur certaines informations, notamment la loi 052 et le classement des 30% dont elle n’était pas au courant ». De plus, elle constate que « la MINUSMA joue vraiment un grand rôle en regroupant les femmes de toutes les associations et tous les partis politiques, surtout durant ces deux jours. Il y a des barrières entre des femmes qui ne se parlaient pas, pourtant on a compris que même si on n’est pas du même parti, on est de la même famille, il y a des choses qu’on doit faire pour vivre ensemble et ça c’est grâce à la MINUSMA qu’on a pu améliorer leurs relations durant cet atelier ». Comme défi majeur qui demeure après cet atelier, Mme TOURÉ souligne que « le défi est d’être nommée un jour sur une liste pour passer, et se présenter aux élections, parce que c’est seulement dans la liste que les femmes sont présentables ». L’optimisme demeure cependant, et elle estime être « comblée avec tout ce qu’on a appris dans l’atelier, ce que la MINUSMA nous a appris pour renforcer nos capacités ». Enfin, elle interpelle les femmes : « il faut qu’on soit solidaires… Il faut que les femmes soient prêtes et solidaires pour avancer ».
Des recommandations claires
Catherine R. ANDELA, Cheffe de l’Unité Genre de la MINUSMA a facilité les discussions et guidé les femmes dans l’élaboration d’un plan d’action visant à définir les mécanismes d’accompagnement et de soutien aux femmes candidates dans les quatre cercles de la région de Gao au cours des douze prochains mois.
Les principales recommandations issues de cet important atelier portent sur la responsabilisation et l’affirmation des femmes ; le renforcement du leadership politique des femmes à travers des soutiens internes communautaires et politiques ; la promotion du respect de la loi 052/2015 instituant le quota de 30% de l’un des deux sexes aux postes nominatifs et électifs et enfin, l’implication des femmes tout au long du cycle électoral dans les quatre cercles de la région de Gao.
Au regard de ces avancées et malgré la situation sécuritaire qui crée un défi majeur pour leur participation effective sur la sphère publique, les femmes de Gao restent optimistes.
Source : MINUSMA