En plus de l’insécurité physique, le Mali fait face également à l’insécurité alimentaire. La situation de l’insécurité alimentaire décrite par les experts est alarmante. Pour preuve, 932 651 personnes ont urgemment besoin d’assistance alimentaire soit 4,94% de la population du pays et 3 416 119 personnes sont sous pressions, soit 18,10% de la population qui risquent de plonger dans l’insécurité alimentaire. Ces informations ont été données par Assékou Maouloune Kounta, biologiste, expert en sécurité alimentaire, chef de division technique système d’alerte précoce lors d’une conférence débat organisée par la Fondation Konrad Adenauer dans le cadre de la 7ème édition du salon international de l’agriculture au parc des expositions de Bamako.
Cette conférence débat était animée, le lundi 07 mai 2018, par l’expert en sécurité alimentaire, chef de division technique système d’alerte précoce, Assékou Maouloune Kounta, Mme Lansiri Nana Yaya Haïdara, ingénieur d’élevage, ex commissaire à la sécurité alimentaire, le démographe Baba Traoré et le Pr Alhousseini Brétaudeau, ancien patron du Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), en présence des responsable de la Fondation Konrad Adenauer comme Thomas Killer, Mme Dembélé Hawa Sow et d’autres personnalités.
Dans son exposé, le biologiste, expert en sécurité alimentaire, chef de division technique système d’alerte précoce, Assékou Maouloune Kounta a fait savoir que cette année, le Mali connait des zones d’insécurité alimentaire dû à la mauvaise pluviométrie. Selon lui, les populations en insécurité alimentaire de mars à mai 2018 sont : 387 334 personnes en phase crise à pire soit environ de 2,05 % de la population totale du pays et 2 687 613 personnes sous stress (phase 2) soit 14,24% de la population totale.
A l’en croire, la situation projetée de juin à août prochain est pire. Car, il dira que 932 651 personnes en phase 3 à pire qui ont besoin d’assistance alimentaire soit 4,94% de la population du pays et 3 416 119 personnes sous stress (phase 2) soit 18,10%. Ainsi pour faire face à cette crise alimentaire, il a précisé que le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA) va bâtir le plan national de réponse.
Pour lui, il y aura un programme d’assistance en faveur des 932 651 personnes en phase 3 et pire pendant la soudure de juin à août soit 28 202 tonnes. En outre, dit-il, il y aura des actions de résilience (cash transfert, vivres contre travail, vivres contre actifs, vivres contre formation…) dans les cercles en insécurité alimentaire (phase sous pression et pire) soit 4 517 574 personnes. A ses dires, il y aura l’amélioration de l’accès en aliment de bétail dans les zones en déficit fourrager notamment dans les régions de Mopti, Tombouctou, Gao et dans le Sahel occidental.
Selon l’expert Assékou M Kounta, la sécurité alimentaire au Mali est fortement liée au secteur primaire : Agriculture, élevage, pêche, exploitation forestière. « La production agricole est fortement tributaire des changements climatiques : sécheresse, inondation, déprédateurs, appauvrissement des sols etc. vers 2030, la population urbaine va dépasser la population rurale », a-t-il dit. Pour lui, l’urbanisation joue aussi un facteur déterminant en matière de sécurité alimentaire. « Plus d’urbains que de ruraux donc moins d’agriculteurs et plus de consommateurs », a-t-il souligné.
En concluant son exposé, il a souhaité à ce qu’il faut professionnaliser l’agriculture avec la maîtrise de l’eau. Il sera suivi par un autre expert en Agriculture, Pr Alhousseini Brétaudeau, ancien patron du CILSS qui a vigoureusement dénoncé la mauvaise gouvernance. « Le débat sur la sécurité alimentaire est un défi de gouvernance. Les populations qui sont sous pressions, si rien n’est fait, seront dans l’insécurité alimentaire. Avec la mal gouvernance, beaucoup de nos concitoyens quittent le village pour la ville. Bamako est devenu un méga cité », a-t-il dit. Avant de souhaiter à ce que la saison agricole passe de 6 à 11 mois. Malgré l’insécurité alimentaire au Mali, paradoxalement, l’expert Brétaudeau a fait savoir que le Mali, eu égard son potentiel d’un million de superficie irrigable, demeure incontestablement le grenier de l’Afrique de l’ouest.
Pour lui, les agriculteurs sont les premiers employeurs. Remerciant les conférenciers, Mme Dembélé Hawa Sow de la fondation Konrad Adenauer a mis l’accent sur leur projet dans le Liptako-Gourma : « prévention des crises par la promotion des principes de bonne gouvernance dans le secteur de la sécurité alimentaire : un seul monde sans faim ». L’objectif principal du projet, dit-elle, est de faire en sorte que les décideurs politiques à l’échelle nationale et internationale et locale réagissent rapidement aux facteurs pouvant engendrer des pénuries alimentaires et prennent des mesures de réactions efficaces.
Aguibou Sogodogo
Par Le Républicain