Une nouvelle milice peulh a été portée sur les fronts baptismaux au Mali. Créée ce week-end, l’Association pour le Salut du Sahel regroupe des peulhs du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Elle se fixe comme objectif de « protéger » les communautés peulhs contre les « exactions » dont elles se disent « victimes » dans le Sahel et le Centre du Mali. L’annonce de la création de cette nouvelle milice intervient alors que le ministre de la sécurité a annoncé la semaine dernière « le désarmement complet de toutes les milices dans la région de Mopti.
En plus des Peulhs du Mali, cette milice regroupe en son sein ceux du Tolobé au Niger et de Dialgobé au Burkina Faso. Le mouvement dit vouloir combattre les «exécutions sommaires» dont certains peulhs se disent «victimes» dans le Sahel. Il compte également mener ses actions dans le Centre et le Nord du Mali, notamment dans les cercles de Djenné et Koro. Dans ces zones, elle accuse les milices Dozo et l’armée malienne d’avoir «exécuté de nombreux peulhs».Ces affrontements inter-communautaires dans la zone ont déjà fait 33 morts, 8 blessés et de nombreux déplacés à l’intérieur du pays.
La création de cette milice intervient au moment où une délégation gouvernementale se rend dans le Centre du pays. Elle est composée des ministres chargés de la solidarité et de l’action sociale, de la défense, de la justice ainsi que de la réconciliation.
Selon Hamadoun Konaté, ministre de la solidarité et de l’action humanitaire, d’importantes décisions ont été prises par la mission pour apaiser la tension entre Peulhs et Dogons. Il s’agit entre autres de la création : « d’une base militaire à Dioungani, Dinangourou, Diankabou et renforcer également la présence des militaires dans la ville de Koro ». Hamadoun Konaté promet également le désarmement de toutes milices et l’ouverture « très rapidement » d’une enquête sur tous les crimes.
Mais en attendant, certains analystes sont catégoriques : « la multiplication des milices à base ethnique s’explique par l’absence de l’Etat dans les zones concernées ». Selon l’universitaire malien, Ali Tounkara, sociologue, chargé de cours à l’Université de Bamako, la création de cette milice peulh au centre du pays constitue une menace sur le vivre ensemble entre les communautés.
Ali Kounkara
Studio tamani