La Haute autorité de la communication malienne (HAC) a décidé, ce jeudi 3 novembre, de suspendre pour deux mois Joliba TV news, après des propos critiques contre la junte au pouvoir.
Ce jeudi 3 novembre, la Haute autorité de la communication malienne (HAC) a suspendu pour une durée de deux mois l’une des principales chaînes d’information du pays après des propos critiques contre la junte au pouvoir tenus par l’un de ses journalistes vedettes.
L’instance argue dans sa décision « que les griefs reprochés à Joliba TV news constituent des manquements et violations graves et répétées aux dispositions substantielles du Code de déontologie du journalisme au Mali ». L’information a été confirmée par la direction du média concerné.
Mise en demeure
La chaîne avait été mise en demeure le 13 octobre, en raison d’un éditorial du 30 septembre de Mohamed Attaher Halidou qui comportait, selon la HAC, des « propos diffamatoires et des accusations infondées concernant l’instance de régulation, la Haute autorité de la communication, l’état de la liberté d’expression au Mali et les autorités de la transition ».
NOUS SOMMES DANS LA DICTATURE DE LA PENSÉE UNIQUE
« L’intolérance prend de l’ampleur dans notre pays. La liberté d’expression est en danger, la démocratie avec. Nous sommes dans la dictature de la pensée unique », avait notamment déclaré Mohamed Attaher Halidou dans son éditorial qui suivait le retour triomphal du Premier ministre, Abdoulaye Maïga, de New York, où il avait prononcé un discours incendiaire contre la France et certains de ses voisins lors de l’Assemblée générale de l’ONU.
« Pour l’instant, les colonels au pouvoir gouvernent avec l’opinion de la foule et la foule par définition ne réfléchit pas », avait-il poursuivi. Il avait également enjoint la HAC « de jouer son rôle et tout son rôle pour faire face aux multiples dérives sur les réseaux sociaux ».
Entraves à la liberté d’expression
La mise en demeure de la chaîne avait provoqué de nombreuses réactions d’indignation parmi les journalistes maliens, s’inquiétant des dérives en matière de liberté de la presse et d’expression.
En août, l’ONG Human Rights Watch avait dénoncé les « détentions et harcèlement de personnalités critiques présumées » depuis que les autorités militaires ont pris le pouvoir lors de deux coups d’État en août 2020 et mai 2021.
Elle avait recensé les différentes entraves à la liberté d’expression depuis que les militaires sont au pouvoir : expulsion de journalistes, suspension de délivrance des accréditations pour les correspondants étrangers, « harcèlement » par des « commentateurs en ligne » de critiques du pouvoir, et estimé que cette « répression des médias et les détentions de critiques ont eu un effet glaçant sur la vie politique et l’espace civique ».