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Mali : Les propositions des recteurs d’universités

Les recteurs des cinq universités, les doyens des facultés et les directeurs généraux des grandes écoles et instituts de formation de notre pays ont organisé, vendredi dernier, une conférence de presse au rectorat de l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB) sur la colline de Badalabougou pour dénoncer la violence dans l’espace universitaire.

 

Le recteur de l’USJPB, Pr Moussa Djiré, était le principal conférencier. Il a rappelé que les institutions d’enseignement supérieur (IES) sont, depuis plusieurs années, devenus des champs de bataille entre les étudiants dans la conquête de responsabilité au sein des bureaux locaux et de la Coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM).

À ce jour, toutes les IES sont victimes d’actes de violences. Des pistolets artisanaux, des machettes, des couteaux, des marteaux, des gourdins, des bars de fer, des ciseaux, des lance-pierres, des tournevis, des ceinturons, des bonbonnes de gaz sont devenus les nouveaux outils de travail des étudiants, a constaté le conférencier. Et d’ajouter que ces armes ont remplacé les stylos, les livres et autres matériels didactiques dans l’espace universitaire.

Le crépitement des balles, le recours à des loubards font partie de la nouvelle donne dans la mise en place des comités AEEM et dans le choix des responsables de classes, a-t-il révélé. À titre d’illustration, le Pr Moussa Djiré a rappelé la mort de quatre étudiants en 2012, l’assassinat d’un étudiant du département d’enseignement et de recherche, études germaniques par ses camarades et d’un autre de la Faculté de droit privé (FDPRI). Il a aussi évoqué le décès d’un autre étudiant de la même faculté qui a été agressé au coupe-coupe avant de succomber à ses blessures en décembre 2018.

Le conférencier a aussi cité le cas d’un autre étudiant de la Faculté d’histoire et de géographie (FHG) de l’Université des sciences sociales et de gestion de Bamako (USSGB) qui a été froidement abattu par balle. Ce jeune universitaire a été tué à bout portant le 4 juillet 2019 lors de l’élection des responsables de classes. À ces crimes, s’ajoute aussi l’assassinat d’un étudiant par les membres du comité AEEM de l’Institut universitaire de gestion (IUG) et de la Faculté des sciences et techniques (FST) le 12 octobre 2020.

Autre constat de violence dans l’espace universitaire, un enseignant a été molesté par un groupe d’étudiants armés de gourdins. Il y a eu aussi le vol par des membres du comité AEEM des taureaux achetés par les enseignants pour célébrer la fête de ramadan.

Les violences dans l’espace universitaire et scolaire nous interpellent tous. «C’est fort d’une analyse lucide et approfondie de toutes ces violences physiques et morales que nous responsables des IES, invitons le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et ses collègues de l’Éducation nationale, de la Sécurité et de la Protection civile, de la Justice et de l’Administration territoriale et de la Décentralisation à prendre immédiatement des mesures  rigoureuses face à ces dérapages», a indiqué le conférencier.

Et le Pr Moussa Djiré de proposer, au nom des recteurs, la mise en œuvre, à court terme, des recommandations du Forum sur l’insécurité dans les établissements scolaires et universitaires, tenu en janvier 2018. Il a également souhaité la mise à l’écart de l’AEEM dans la gestion des résidences universitaires, des parkings et des œuvres sociales, l’ouverture dans les meilleurs délais des postes de sécurité sur la colline de Badalabougou.

Il aussi préconisé l’évacuation de tous les occupants non étudiants des résidences, le suivi, le contrôle et l’application de ces différentes mesures par les autorités universitaires et les forces de sécurité mais aussi la mise en place d’une commission de réflexion sur le syndicalisme estudiantin.

Au-delà de toutes ces mesures, les recteurs, doyens et directeurs des grandes écoles et instituts de formation ont aussi suggéré la suspension de l’AEEM dans tous les établissements scolaires et universitaires, au moins pendant la période de la Transition.

Les  journalistes ont exprimé des interrogations, notamment les violences liées aux avantages pécuniaires, académiques et la politisation de l’AEEM. Le conférencier a donné des réponses apaisées. Après la conférence, les recteurs ont rencontré le groupement féminin les «Femmes du Mali» avec qui, ils ont partagé les mêmes préoccupations.

L’ancienne ministre de la Communication, Mme Gakou Salimata Fofana, a expliqué que son organisation avait tenu une assemblée générale le 17 octobre dernier à l’issue de laquelle un comité a été mis en place pour dégager une stratégie afin de toucher tous les acteurs de l’école.

Le comité a déjà rencontré, jeudi dernier, les anciens de l’AEEM, les membres de  l’Amicale des anciens militants et sympathisants de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali  (AMS-UNEEM), les directeurs généraux des Grandes écoles et les parents d’élèves afin de combattre les violences dans l’espace scolaire et universitaire.

 

Sidi Y. WAGUÉ

Source : L’ESSOR

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