Les Bozos vivent principalement en Afrique de l’Ouest, très attachés à l’eau. Le blogueur Bakary Fomba nous parle de ce peuple à travers l’histoire du vieux Seydou Famanta.
Habitants exclusivement au bord des cours d’eau depuis belle lurette, les Bozos sont considérés comme les « maîtres de l’eau». La pêche constitue l’activité principale qu’ils pratiquent et partagent avec les Somono, les Sorko… C’est ce qui explique pourquoi ils ne sont pas en mesure d’habiter loin de cet endroit où ils gagnent leur vie.
Le vieux Seydou Famanta vient d’une famille bozo originaire de Mopti. Il a vécu toute son enfance auprès de ses parents dans cette région du Mali, avant de venir s’installer définitivement à Bamako, en 2000. La seule activité apprise par M. Famanta durant toute son enfance auprès de son père n’a été autre que la pêche. «Je suis né pêcheur. Toute ma vie se résume à cette activité. Je l’ai apprise de mon père et je l’ai transmise à mes enfants», explique-t-il fièrement.
Semi-nomades
Âgé de 75 ans aujourd’hui, le vieux Famanta vit avec sa famille au bord du fleuve Niger, à Kalabancoro, commune rurale au sud-ouest du district de Bamako. En plus de la pêche, l’homme pratique d’autres activités, telle que la fabrication de matériels de pêche (flèche, filet, pirogues …), constituant des sources additionnelles de revenus lui permettant de « nourrir (s)a famille sans pour autant avoir besoin de l’assistance de personne».
Famanta souligne également que la « dignité » des Bozos se trouve dans la pratique de ces activités. C’est pourquoi ils demeurent semi-nomades, faisant déplacer leurs habitations selon les saisons et le niveau de l’eau. « Nous suivons le rythme des cours d’eau », indique-t-il. Les Bozos vivent souvent sur des îles temporaires créées par les joncs, voire en créent partiellement en asséchant les berges d’un îlot. Ils retrouvent donc leurs paillotes pour quelques mois de pêche après la saison des pluies.
Dans son polar La malédiction du Lamantin, cette ethnie de pêcheurs, sous la protection du Maa (le Lamatin), est d’ailleurs au cœur de l’intrigue du célèbre écrivain malien Moussa Konaté. Dans le roman, le campement des Bozo est installé sur l’îlot de Kokrini dans les faubourgs de Bamako. Il s’agit avant tout d’une plongée dans les traditions ancestrales des Bozos partagés entre islam et animisme.
Dangers naturels
« Si tu cherches un bozo, il faut te rendre au bord des cours d’eau », dit-on généralement au Mali. Malgré qu’ils soient « souvent confrontés à des dangers naturels (inondations) qui les obligent à abandoner leurs habitations pour des endroits publics (écoles publiques) », les Bozos restent attachés à l’eau.
Ainsi, en 2018, quelques jours avant la rentrée des classes, les riverains du fleuve Niger ont été obligés d’abandonner leurs habitations pour trouver refuge dans l’école publique Mamadou Kounta de Kalabancoro, à cause de la montée exceptionnelle du niveau de l’eau suite à l’abondance des pluies. À la rentrée scolaire, leur situation s’est empirée puisqu’ils ont été sommés de quitter l’école publique pour trouver d’autres abris.
Pour mémoire, ces sinistrés étaient pour la plupart tous des bozos, avait précisé Sékou Amadou Minta, chef des Bozos de la commune dans le quotidien malien Le Pays. Ces inondations ont occasionné beaucoup de dégâts matériels dont des maisons construites en banco dévastées, des pirogues emportées ainsi que beaucoup de filets de pêche.
Source : benbere