Des ânes qui broutent tranquillement l’herbe sur le bas-côté à quelques mètres des motos lancées à pleine vitesse, ou qui marchent carrément sur la route en plein centre de Bamako : c’est le constat qu’a fait un de nos Observateurs maliens entre le 31 août et le 3 septembre, en parcourant les rues de sa ville téléphone à la main, pour documenter ce phénomène singulier.
Il nous a fait parvenir plusieurs photos et vidéos prises dans les quartiers Badalabougou et Kalaban Coura de Bamako, où des ânes circulent en liberté, sans être accompagnés par des humains.
“De nombreux ménages ont recours à ces ânes pour évacuer leurs déchets”
Selon mes observations, c’est en 2018 que ces ânes ont commencé à être aussi nombreux et visibles. On les voit vraiment errer partout, j’en ai même déjà vu un sur un pont. Ils n’ont rien à faire là, puisqu’ils peuvent être facteur d’accident, même si je n’en ai jamais été témoin.
Cette présence est indirectement due à la forte urbanisation de Bamako et au fait que de plus en plus de ménages produisent des déchets. Face au manque de moyens modernes et motorisés pour évacuer ces déchets, de nombreux ménages ont recours à ces ânes équipés de charrettes pour les évacuer vers des décharges, ou font appel à des personnes qui ont ces moyens de locomotion.
La divagation des animaux est pourtant réglementée depuis 1989 par un arrêté municipal à Bamako : en cas d’errance, les animaux doivent être saisis et mis en fourrière.
Pour les gros ruminants, les frais de gardiennage s’élèvent à 1 500 francs par tête et 600 francs pour les petits ruminants [soit respectivement environ 2,30 euros et 90 centimes d’euro]. Mais il est souvent bien difficile de retrouver les propriétaires des animaux, et de faire appliquer les textes.
Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, Adama Coulibaly, contrôleur général de police à la Direction urbaine du Bon ordre et de la Protection de l’environnement de la mairie du district de Bamako, confirme bien connaître le problème :
Nous n’avons pas évalué le nombre d’ânes dans les rues, mais c’est un problème patent. On en voit à tout bout de champs et les accidents ne sont pas rares [la mairie n’était cependant pas en mesure de fournir de chiffres précis, NDLR].
Nous faisons face à deux gros problèmes, qui font qu’on n’arrive pas à gérer cette problématique d’abord des problèmes de moyens techniques et humains pour appréhender ces animaux, notamment de véhicules adaptés. Et ensuite, des problèmes de fourrières pour pouvoir conserver ces animaux une fois capturés.
Le maire de Bamako a pourtant octroyé un hectare à notre service dans la zone aéroportuaire de la capitale, mais cette zone n’a pas encore été aménagée pour accueillir ces animaux errants, fautes de moyens.
Le problème pointé du doigt par notre Observateur bamakois est loin d’être nouveau : en 2019, le média Maliactu publiait un article pour expliquer que plusieurs usagers étaient “excédés “par la “divagation “de ces ânes, mais aussi d’autres animaux comme des vaches, sur les routes.
Dès 2014, Mali web signalait déjà les problèlmes causés par divers animaux errants dans la capitale malienne.