Les membres de ‘’Yèrèwolo débout sur les remparts’’ s’étaient, à la faveur d’une conférence de presse, réunis à la Maison de la presse ce samedi, 12 décembre 2020.Exclusivement composé des jeunes maliens, ce mouvement anti politique française au Mali tient la France « pour responsable » de la crise du pays, et s’inscrit dans une logique de la « chasser » à partir du 20 janvier prochain.
« Pétri des valeurs démocratiques, le peuple malien se dresse avec emphase et grandilogance contre la politique africaine de la France, ou la sangsue d’Afrique. De François Mitterrand à Emmanuel Macron, les chefs d’Etat l’ont dénoncée, sans jamais tenter de la vaincre. Elle est la conscience grise de la barbarie des autorités françaises en ce 21ème siècle », expliquent les membres du mouvement. Par la voix de Siriki Kouyaté, les conférenciers admettent que l’intervention franco-britannique en Lybie a ouvert des brèches, voire charrié la criminalité transnationale qui prévaut dans certains pays africains. Ainsi, confient-ils, « des hommes armés par la France en Lybie envahissent le nord du Mali. Ce sont les éléments de l’entreprise terroriste Azawad contenant l’unité nationale ». Aux dires de ceux-ci, l’accord signé en 2015 concède à ces terroristes une sorte de fondement légitime. En clair, diront-ils, l’Etat malien courbe l’échine face à leur fureur. Parce qu’ils (terroristes) sont un mouvement « sulfureux » qui recrute des enfants soldats ; opère dans les trafics de drogue ; chasse les femmes pour des exploitations sexuelles ; et fait des prises d’otages.
« Du fait de leur collaboration avec la France, l’armée malienne ne parvient toujours pas à prendre possession de la ville de Kidal, devenue le sanctuaire desdits terroristes », déplorent les membres de ‘’Yèrèwolo débout sur les remparts’’. Exprimant ainsi leur ras-le-bol, ces jeunes émus de la politique africaine de la France rappellent ceci : « Et pourtant, la France n’a point dédaigné imposer le dialogue entre le Mali et ce mouvement sulfureux, tout en excluant tout dialogue avec des groupes armés comme Ançar Dine ». Sûrs de leurs confidences, ils estiment qu’il y a une zone d’ombre où se cache « un enjeu majeur au profit de la France » dans la crise protéiforme qui mine le Mali. Pendant que le Mali sombre dans les ornières de l’Accord issu du processus d’Alger et de la guerre proxy, la France cherche, selon eux, « à tout prix à envahir à nouveau, le sahel par l’opération Takuba. Cela, précisent-ils, au moment où le pillage systématique se poursuit comme le passé ». Le Mali, ont-ils clarifié, pris entre les tenailles d’une criminalité transnationale organisée, vit le pire génocide des temps modernes. « La France entre l’aide du pays et celle des terroristes constitue, selon eux, un maillon essentiel des forces qui détruisent la paix au Mali, en utilisant le paravent de l’ONU ».
Se disant alors mobilisés pour la paix, la libération du Mali, voire des combattants de la liberté, les jeunes ne mâchent pas leurs mots : « Pour la paix au Mali et au sahel, le peuple malien se propose une lutte sans relâche contre la politique africaine de la France. C’est-à-dire, élucident-ils, contre la présence française sur le territoire malien ; l’occupation des 2/3 du pays par des groupes armés à la solde de la France ; l’ingérence de celle-ci dans les affaires intérieures du pays ; cette guerre proxy ruinant tout le pays ; le mécanisme du F CFA… »Se disant désormais vent debout contre cette politique française au Mali, le mouvement ‘’Yèrèwolo Débout sur les Remparts’’ appelle à une manifestation prévue pour le 20 janvier 2021, au boulevard de l’indépendance de Bamako pour « chasser » la France du Mali. Avec à sa tête Adama Ben Diarra dit le Cerveau, député du CNT ; Moussa Diarra, ex-député, Souleymane Traoré et tant d’autres jeunes résolus pour une même cause, le mouvement promet de « mettre la France dehors » à cette date indiquée.
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS