Le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de paix a entamé le 25 juillet 2022 une visite de 5 jours au Mali. Au deuxième de sa visite en terre malienne, le diplomate onusien, Jean Pierre Lacroix, a conjointement animé une conférence de presse avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye DIOP, à Koulouba. Cette rencontre a été une occasion pour les deux personnalités de partager avec les hommes de médias les enjeux de cette visite de travail qui arrive dans un contexte particulier pour les deux parties. C’était en présence du chef de la MINSMA, El Ghassim WANE.
Cette visite de travail du Chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU arrivait dans un contexte tendu entre le Mali et la Minusma caractérisé par l’expulsion son porte-parole et la suspension de toute rotation ses contingents. Aussi, cette visite intervient au lendemain de la publication de la note verbale de la MINUSMA sur l’affaire des 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali.
Ainsi, au cours de cette visite, Jean Pierre tentera d’aplanir les fortes divergences entre nos autorités et son organisation. D’autant plus que ce séjour intervient dans un contexte de fortes tensions entre les deux parties. En effet, au lendemain du vote à une large majorité le 29 juin 2022 par le Conseil de sécurité pour renouvellement pour un an du mandat de la Mission multidimensionnelle et intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le gouvernement malien avait exprimé son opposition ferme à la liberté de Mouvement de la MINUSMA dans l’exécution de son mandat dans le domaine des droits de l’homme.
«Le Mali n’est pas en mesure de garantir la liberté de mouvement pour des enquêtes de la MINUSMA sans l’accord préalable du Gouvernement», avait déclaré Issa KONFOUROU, l’Ambassadeur du Mali à l’ONU.
D’entrée de jeu, le ministre Abdoulaye DIOP, a affirmé que le Mali apprécie à sa juste valeur l’initiative de l’ONU de venir discuter avec les autorités maliennes. Car, dit-il, c’est à travers le dialogue et la discussion franche que nous pouvons avoir des difficultés.
En tout cas, contrairement aux allégations de certains médias, le Mali, de l’avis de son chef de la diplomatie, n’est pas en guerre avec les Nations unies.
Ainsi, a-t-il fait savoir, cette visite a été une occasion pour les deux parties de discuter du renouvellement du mandat de la MINUSMA. Mais aussi et surtout des positions de principes que le Mali a affirmé par rapport à ce qu’il estime être une politisation des questions des droits de l’homme.
Les droits de l’homme en question
De son propos, il ressort que cette question des droits de l’homme a été longuement discutée au cours de cette rencontre avec son hôte du jour, Jean Pierre LACROIX.
Pour le ministre, la question des droits de l’homme fait partie de l’ADN des Nations unies et que le Mali se conforme aux droits de l’homme conformément aux Conventions et Traités internationaux ratifiés par notre pays.
«Nous le faisons aussi parce que nous pensons que la protection des droits humains est consubstantiel de notre histoire et de notre culture.», a-t-il rappelé.
Le Mali le fait aussi, parce que ces autorités sont convaincues que la lutte contre le terrorisme ne peut être gagnée qu’avec l’adhésion pleine et entière des populations. A ce niveau, il a fait savoir que l’attaque contre le camp militaire de Kati a été repoussée grâce à la collaboration des populations de la ville garnison.
«On ne peut pas travailler au Mali contre l’Etat malien», a indiqué le ministre DIOP.
Aussi, les échanges ont porté sur la nécessité pour le gouvernement de donner rapidement son Accord pour la rotation des contingents.
Pour ce faire, dès la semaine prochaine, se tiendra une réunion de coordination entre le gouvernement du Mali et la MINUSMA sur cette épineuse question. Il s’agit de convenir de procédures et de protocoles qui puissent assurer la transparence, la fiabilité des mouvements des contingents comme d’autres personnels des Nations unies.
En tout cas, ce qui évide, c’est que le Mali, dit-il, ne met pas d’obstacles spécifiques pour bloquer les activités de la MINUSMA. Mais il est souvent obligé de prendre certaines décisions en fonction des contraintes contextuelles. Il s’agit de travailler ensemble pour lever des obstacles et éviter qu’il y ait incidents.
Tension
S’agissant de polémique soulevée par l’arrivée d’un contingent ivoirien à Bamako le 10 juillet 2022, il a tenu à saluer les efforts de transparences de la MINUSMA qui a répondu à toutes les préoccupations soulevées par le Mali sur cette question.
«La question de l’arrivée de ces hommes en uniforme a été un réveil brutal pour le Mali. Nous pensons qu’un détachement de forces étrangères ne peut pas arriver sur le territoire malien sans informer les autorités. Sans communiquer la liste du matériel», a-t-il déploré.
Ce qui fait dire au ministre Abdoulaye DIOP que ce contingent n’a rien à voir avec ni les contingents réguliers de la MINUSMA, ni les éléments nationaux de sécurité.
Dès lors que cette présence est jugée illégale, elle est, de l’avis de M. DIOP, attentatoire à la sécurité de l’Etat malien. C’est pourquoi, dit-il, l’affaire a été portée devant la justice, même si une médiation est en cours.
La dynamique positive
De son côté, Jean Pierre LACROIX, à indiquer que cette visite arrive au bon moment. Pour lui, le moment est propice pour mettre à profit la dynamique positive en cours au Mali depuis quelques semaines, revoir ensemble la manière pour travailler ensemble à l’avenir. Et cela, de manière a appuyé le Mali dans ses efforts afin qu’il y ait un retour de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du pays.
Parlant de dynamique positive, il a souligné la levée des sanctions de la CEDEAO, l’adoption d’une nouvelle loi électorale, la publication du chronogramme des élections, la réforme de la constitution, etc.
Selon lui, le renouvellement du mandat de la MINUSMA a été accompagné d’une demande du Conseil de sécurité de procéder une revue stratégique.
Il s’agit, dit-il, de définir ensemble les objectifs communs qui serviront au mieux les besoins de la restauration complète de l’autorité de l’Etat.
Ainsi, les recommandations communes issues de cet exercice seront transmises aux Nations unies.
«Notre vocation, c’est d’appuyer l’Etat malien, les populations maliennes», a-t-il déclaré.
Selon lui, le conseil de sécurité a donné jusqu’en janvier 2023 pour aplanir ses divergences. Pour lui, la rotation des contingents est une question vitale pour le MINUSMA, d’où l’urgence de lever rapidement cette suspension.
Abdoulaye OUATTARA
Source: Afrikinfos-Mali