Le Mali vaut un débat au Parlement, comme l’a indiqué Jean Castex. Entre une lutte antiterroriste poussive et les humiliations infligées par la junte, la France doit s’interroger sur la suite de sa mission.
Ça ne peut plus durer
au Mali assurent les responsables français. Mais pas la peine de les retenir: ils ne feront pas un malheur pour autant.
L’étendard outragé est brandi par Jean-Yves Le Drian depuis janvier qui assure en rafales que les forces françaises et européennes ne peuvent pas rester comme cela
au Mali. Qui dénonce à l’envi le comportement irresponsable
du quarteron des colonels maliens. Et qui avertit qu’il faudra en tirer des conséquences
.
La charge est aussi menée par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal pour qui ce qui est certain, c’est que la situation ne peut pas rester en l’état
. Et Florence Parly de tambouriner que nous devons constater que les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique et politique sont rendues de plus en plus difficiles, bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix
.
Assez
répètent donc à l’envi les responsables français qui vont bien finir par énoncer d’autres lignes rouges
, histoire de tergiverser encore un peu jusqu’à ce que l’entrée en campagne électorale anesthésie le débat. Et que soit renvoyée aux calendes grecques une décision qu’il faudrait ferme, courageuse et définitive sur l’engagement des Français et de leurs partenaires au Mali.
Mais comme le tweetait le chercheur Yvan Guichaoua, il semblerait que le ’
ça ne peut plus durer’ ne puisse plus durer ». Effectivement, il y a le feu au marigot.
Il va falloir trancher.
Quel avenir pour les missions militaires Takuba (forces spéciales d’alliés européens de la France) et Barkhane (contingent français d’actuellement 4800 soldats)?
Promis, juré, craché, pour l’avenir de la force Takuba (que les Danois ont piteusement quitté après un mémorable coup de sang diplomatique des colonels putschistes) on y verra plus clair dans 15 jours ! D’ici la mi-février on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place
et pour prévoir une adaptation
, a assuré Gabriel Atal sans lister les options qui vont du maintien au départ pure et simple, en passant par un transfert du Mali vers un autre pays sahélien.
Du côté de Barkhane, dédié à la lutte antiterroriste depuis 2014, les Armées rappellent que la France a entamé une réarticulation de son dispositif militaire au Mali, en quittant ses trois bases les plus au nord et qu’elle fera passer ses effectifs à moins de 3 000 hommes à l’été 2023.
Mais ne faudrait-il pas accélérer le mouvement ? Va-t-on, pour l’honneur et au risque de nouvelles pertes (58 soldats français tués), laisser nos militaires se faire cracher dessus par des putschistes qui flirtent avec les militaires russes et les mercenaires de la société militaire privée Wagner qui profite de la bienveillance hypocrite de Moscou ? Un retrait français accéléré, s’il était décidé, ne sera pas aisé, tant la fronde populaire antifrançaise gronde le long des routes du Niger et du Burkina Faso qui mènent à Abidjan et à son port d’embarquement vers la métropole.
Source: ouest-france.fr