Là où la diplomatie française a du mal à se maintenir, à s’arroger comme par le passé une place forte au Mali, dans ce Mali d’aujourd’hui, le Vatican y envoie un africain, de surcroît dirais-je, un ivoirien ! En effet, ce n’est un secret pour personne que la diplomatie malienne est vent débout et en réaction contre celle de la France.

Il y a eu la séquence catastrophe du largage par la France du Mali en plein vol. Ensuite les mercenaires du contingent Wagner et les passes d’armes qui n’en finissent plus entre les néo-colons et la nouvelle colonne de militaires africains dont le message de refondation est très populaire au sein de leur communauté respective. Dans le dossier Malien il n’y a pas que la France qui ait des difficultés avec les nouvelles autorités maliennes issues du coup d’Etat de 2020. Désormais c’est toute l’Europe en solidarité agissante et rugissante avec la France, qui est en première ligne. J’en veux pour preuve, le gel récent des avoirs bancaires et immobiliers de 4 autorités du Mali dont le grand et imperturbable Choguel Kokalla Maïga.

Cet homme, tout comme le président de la junte Assimi Goïta dont les méthodes iconoclastes sont tant décriées par l’extérieur lointain, portent l’âme d’une nouvelle Afrique qui ne demande qu’à éclore dans le seul et bel intérêt des populations africaines. Longtemps grugées, longtemps malmenées et longtemps maltraitées pour des richesses naturelles que le Tout Puissant a disséminées et distribuées parfois inégalement, sous les terres africaines. Les gens veulent nos matières premières, nos richesses naturelles, mais les gens ne veulent pas de ceux que Dieu a rendu maître et auxquelles appartiennent naturellement ces grosses fortunes déclinées en métaux précieux et en terre rares.

C’est dans ce contexte marqué par des velléités venant et allant dans tous les sens, avec la question des djihadistes au centre, que le Vatican consent à envoyer dans la capitale malienne Bamako, l’Ivoirien Jean Sylvain Mambé, précédemment évêque du diocèse de Yopougon, qui étrenne la fonction de Nonce Apostolique pour lui et pour, la Côte d’ivoire la terre de ces aïeuls. Qui dit Afrique dit le mali. Qui dit le Mali dit la Côte d’Ivoire. Le Mali et Côte d’Ivoire se sont deux pays qui sont issus de la même maman Afrique et qui se partagent les mêmes « frères et sœurs » !

Il ne faut pas se méprendre en pensant que ce sont pas des demi-frères, Eh bien non ! La notion de demie fraternité n’existe pas en Afrique. Nous osons croire que le choix qui a été porté sur l’un des nôtres pour trouver une solution diplomatique finale à la crise intra-malienne et à la crise qui survit entre les autorités maliennes et l’Europe, que celui-pendant la durée de sa mission, va s’inspirer à la source du Seigneur en vue d’accélérer l’objet de sa nouvelle pastorale. J’observe que le Vatican signe-là l’une de ces nominations les plus convaincantes, les plus audacieuses et les avantageuses.

Notre compatriote connait le Mali comme tous les ivoiriens connaissent ce pays frère et vice versa. Il ira dans le cadre de sa mission à l’assaut des âmes et des cœurs sans états d’âme particulier.  Dans son rôle de puissance diplomatique au sein de la communauté des diplomates (laïcs) accrédités dans ce pays, il sait que son rôle sera d’une importance telle, qu’ils devront avoir une approche unitaire dans la résolution du problème qui est posé à eux tous. Même allégé, le Mali est un pays sous embargo. C’est-à-dire un pays qui doit faire face à deux réalités. Ici je mets dos-à-dos la réalité du quotidien malien avant la décision de la CEDEAO et les effets induits de la punition politique commune !

Pour tout vous dire, depuis que cette ligne de sanctions a été décrétée contre le peuple du Mali, la souffrance des Maliens a décuplé ses pouvoirs maléfiques ! Le nonce Mambé sait qu’il n’aura pas la tâche facile, dans le genre, servir l’hostie aux fidèles de la messe du dimanche ! Cette mission est comme celle qui relève de sa vocation à savoir, donner des âmes à Dieu. Cette mission dans un pays ou plus de 90% de la population pratique la religion de l’Islam, demeure un pays un peuple qui est ouvert aux intelligences universelles.

Ce peuple n’est pas fondamentalement opposé aux principes du bon voisinage, à la solidarité inter-Etats et aux vertus de l’interdépendance de l’action diplomatique. Le fait qu’il soit ressortissant de la Côte d’Ivoire qui héberge le plus grand nombre de Maliens dans l’espace CEDEAO, fait de lui l’homme de Dieu qu’il fallait à la place de Dieu qu’il fallait ! Il saura traduire dans les faits, la solidarité africaine et la communalisation des problèmes. Car en Afrique le problème du voisin est celui de tout le monde. L’ensemble des pays issu de l’espace CEDEAO on en bouche le même problème, mais chacun le mâchonne à sa manière et avec les dents qui lui restent.

Certains se verront en train de le moudre sans les molaires ! D’autres encore sans la spécialité d’aucune dent, car édentés à mort ! La nomination de notre compatriote pour l’accomplissement de cette mission, est comme tout ce que les fidèles trouvent sur l’hôtel de l’église. Aucun objet n’est de trop, chacun à sa place pour le rituel auquel il est affecté. Chacun des objets ayant fait à travers le catholicisme, la preuve de son indispensabilité pour le bon déroulement de l’office. En d’autres termes, la nomination du Nonce Apostolique Mambé au Mali, ne suggère à notre entendement aucun inconvénient. Le casting est parfait et le timing ne peut rien laisser supposer.

Maintenant qu’officiellement la France n’a plus de représentant diplomatique dans la capitale Bamako, à qui pensez-vous que ce rôle reviendrait le temps de cette malencontreuse conjoncture ? Il faudra de la patience et une ligne de méthode sans faille…bref il devra user de tous ses talents de pasteur qui se confondent miraculeusement avec ceux de berger pour convaincre avec habileté et grâces ! Assurément c’est une nouvelle vie apostolique qui commence pour le nonce Mambé au Mali ! Le volet missionnaire de sa nonciature au Mali, va consister à normaliser les relations diplomatiques aujourd’hui dans une espèce d’impasse, avec tous les pays en tenant compte de la nouvelle « sensibilité » malienne !

Peut-être que c’est à ce niveau qu’il y aura quelques grincements de dents que les personnes outillées de deux oreilles, seront frustrées ! On l’aura compris, le Vatican veut une solution africaine en Afrique pour les africains. On peut le dire, le Vatican prend avec cette nomination d’orfèvre, une sérieuse longueur d’avance sur la diplomatie mondiale et va garder encore longtemps, sa primauté dans ce domaine ! Il revient à notre compatriote, le représentant diplomatique du Saint-Siège, d’être à la hauteur de cette primo-ambition diplomatique inédite ! Au Mali, le temps de Dieu passe très vite !

KONE KOBALI

Libre auteur, créateur  

Source: afriksoir.net