La mission onusienne au Mali a récemment publié 2e rapport trimestriel de l’année. Selon ce document, au moins un millier de civils ont été tués en moins d’un an et des contraintes majeures liées à l’exécution du mandat de la Minusma.
Dans le rapport trimestriel de la Mission multidimensionnelle intégrée des nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), il est indiqué que la situation sécuritaire est préoccupante sur la quasi-totalité du territoire malien, particulièrement dans le Nord et le centre du pays. Dans les régions situées au nord-ouest du Mali comme Gao et Ménaka, les combats à cause des exactions commises par l’État islamique du Grand Sahara (EIGS) qui tente d’étendre son influence sa zone de contrôle. Aussi, dans le centre du Mali, les groupes affiliés au groupe Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin proche d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) sont restés une menace importante, comme en témoignent les attaques complexes perpétrées à Sévaré le 22 avril. De plus, la prise pour cible d’installations de l’État, telles que des postes de douane et des postes forestiers, par des extrémistes a également continué dans le sud et l’ouest du pays.
D’après la Minusma, entre le 1er juillet 2022 et le 22 mai 2023, 1 002 civils ont été tués et 445 autres blessés en raison du conflit armé, lors de détonation d’engins explosifs improvisés (EEI) et du fait d’actes criminels.
Toutefois, ce chiffre marque une diminution par rapport aux 1 556 morts et 530 blessés civils qui avaient été déplorés pour la période du 1er juillet 2021 au 30 juin 2022. Selon la mission, cette baisse du nombre de victimes civiles peut être attribuée à la pression exercée par les opérations militaires des Forces armées maliennes sur les groupes extrémistes ainsi qu’à un changement de tactique de la part de ces derniers (ceux-ci ayant notamment pris le parti d’adresser des ultimatums aux habitants avant d’attaquer afin de leur faire quitter les lieux).
Par ailleurs, il ressort également que les violences commises contre des civils du second trimestre de cette année sont en premier lieu le fait des groupes extrémistes, puis de groupes d’autodéfense et de milices armées, ainsi que de groupes armés signataires de l’Accord issu du processus d’Alger. Plusieurs cas de violations des droits humains et du droit humanitaire international ont été signalés lors d’opérations des Forces armées maliennes. La Minusma a confirmé 132 violations et atteintes des droits humains. Lesquelles ont fait un bilan de 89 personnes tuées, 31 blessées et 12 victimes d’enlèvement ou de disparition forcée.
Les EEI continuent de représenter une menace pour les casques bleus
Selon la Minusma, l’utilisation d’engins explosifs improvisés a continué de représenter une lourde menace pour la sécurité des soldats de la paix et d’entraver sa mobilité. Entre le 1er juillet 2022 et le 11 mai 2023, un total de 33 attaques à l’engin explosif improvisé, ayant fait 9 morts et 33 blessés graves chez les soldats de la paix, ont été signalées.
Durant le second trimestre de cette année, la situation humanitaire est restée alarmante. Les organisations humanitaires travaillant dans le cadre du plan de réponse humanitaire coordonné par les Nations Unies ont estimé que, en 2023, 8,8 millions de personnes auront besoin d’une assistance et d’une protection humanitaires dans le pays, soit une augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente. Les besoins les plus pressants sont concentrés dans certaines parties des régions de Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal et Ménaka.
Au 30 avril dernier, le nombre total de personnes déplacées du fait du conflit était estimé à 375 539, soit une baisse de 8,9 % par rapport au chiffre de 412 387 enregistré en décembre 2022. Les régions du centre du pays comme Bandiagara, Douentza, Mopti, San et Ségou sont les plus affectées par cette situation dans la mesure où on y dénombrait au total 208 210 déplacés (55 %). Quant aux 151 384 autres déplacés (40 %) ils sont enregistrés dans les régions de Gao, Kidal Ménaka et Tombouctou.
L’aggravation des conditions de sécurité dans les régions de Kidal et de Ménaka s’est traduite par une hausse des déplacements, tandis que, dans celles de Mopti et de Ségou, l’amélioration relative de la situation a fait baisser les chiffres. Cependant, dans les seules régions de Mopti et de Ségou, plus de 3 millions de personnes avaient besoin d’une assistance humanitaire, contre 2,8 millions en 2022. En tout, 751,5 millions de dollars ont été demandés au titre du plan d’intervention humanitaire pour 2023, afin de venir en aide à 5,7 millions de personnes dans le pays. Au 19 mai, seuls 82,9 millions de dollars avaient été reçus des donateurs, soit 11 % de la somme requise.
Difficultés pour exécuter sa mission
La Minusma reste confrontées à de nombreuses contraintes qui l’empêchent d’accomplir efficacement ses tâches. Parmi celles-ci on note le départ de plusieurs pays fournisseurs de contingents et de personnel de police, l’apparition de contraintes liées à l’utilisation de moyens aériens à des fins de renseignement, de surveillance et de reconnaissance et l’indisponibilité, depuis juillet 2022, de trois des quatre compagnies de combat spécialisées dans l’accompagnement des convois. De plus, la mobilité de ses casques bleus a été considérablement réduite en raison de tensions avec les autorités de la transition par rapport à certaines tâches comme les enquêtes sur les droits de l’homme. Autant de défis qui rendent son avenir au Mali plus que jamais compromis à la veille du renouvellement de son mandat prévu à la fin de ce mois.
APA