Sur les réseaux sociaux ou lors de débats télévisés, la société malienne se questionne sur comment venir à bout de la guerre dans un pays qui fait face au terrorisme depuis plus de dix ans. Ce dimanche, la prise de Kaboul par les talibans suite au désengagement américain a alimenté le débat. Politiques, chercheurs ou simples citoyens sont préoccupés, inquiets de savoir ce qu’il adviendra du pays en cas de retrait des forces internationales.
Vue du Mali, la chute de Kaboul, c’est avant tout un électrochoc, la prise de conscience du fait que l’agenda des forces étrangères ne peut être maîtrisé et que leur retrait doit être pris en compte dans les stratégies de règlement du conflit, explique un chercheur sur les questions sahéliennes.
Deux situations différentes
Pourtant, sur le plan militaire, comparaison n’est pas raison. Pour Rida Lyammouri chercheur au Policy Center for the New South « les groupes jihadistes au Sahel n’ont ni les bases, ni les capacités et ni la popularité pour gouverner » à l’inverse des talibans dans leur pays. De plus, l’armée américaine était perçue comme une force d’occupation.
Pour d’autres, les similitudes idéologiques entre les talibans et les groupes terroristes du Sahel font craindre le pire dans un contexte où les forces françaises ont prévu de réduire leurs effectifs. Malgré la présence de Barkhane et des armées sahéliennes, les attaques et les morts atteignent des seuils critiques.
« Pour éviter la tragédie afghane » se dirige-t-on vers un changement de stratégie internationale dans la région ? Pour beaucoup la réponse est oui. Le cas afghan traduit l’échec des politiques de « construction de l’État » aux solutions non endogènes. La question de la gouvernance et de la lutte contre la corruption font également partie des mesures à appliquer pour éviter une « débâcle » des armées et un effondrement de toutes les structures de l’État.