C’est avec des mots durs que Yacouba Katilé, secrétaire général de l’Union des travailleurs du Mali (UNTM) a dénoncé la notion du Mali Kura (le renouveau du Mali) qui serait une manipulation de masse orchestrée par le gouvernement. Cette sortie a valu de vives critiques de la part de nombreux maliens contre le secrétaire général de l’UNTM. Selon les critiques, le dénigrement du pouvoir ne sied pas à Katilé qui est aussi le président d’une des institutions de la République : le Conseil économique, social et culturel du Mali.
Le torchon brûle désormais entre l’UNTM et le gouvernement. La passe d’arme entre Yacouba Katilé et la ministre de la Fonction publique ne présage rien de bon pour le partenariat Syndicat-gouvernement. La violente réplique de Katilé aux tentatives d’explications apportées par le ministère du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social pour justifier ce qu’il appelle les violations dans la procédure d’intégration des contractuels de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans la fonction publique d’Etat en dit long. Dans un communiqué rendu public en mi août, l’UNTM demande l’annulation pour une résolution égale de tous les cas et enrailler les actes de discriminations, de favoritismes qui sont sus – jacentes aux lettres confidentielles du Premier ministre, du SGG et à ses Arrêtés. Ainsi, refusera la grande centrale syndicale d’être complice d’une gestion de deux poids deux mesures.
Dans une réponse à la lettre N ° 2021-000112 / MTFPDS – SG du 11 Août 2022 d’explication du ministère du Travail, de la Fonction Publique et du Dialogue Social, L’UNTM a dénoncé « un semblant de dialogue de sourds ». Du côté du gouvernement, on évoque d les différentes raisons ayant motivé sa démarche qui a choisi non seulement d’honorer les engagements de l’État et d’éviter une récidive de grève mais surtout pour préserver un climat social apaisé. «Le Bureau Exécutif de l’UNTM en prenant connaissance de votre lettre ci – dessus référencée déplore un semblant de dialogues de sourds doublé d’une totale incompréhension et de méconnaissance des principes et idéaux du syndicalisme chez vous », lit-on dans cette lettre adressée au ministère de la Fonction Publique et du Dialogue Social qui déplore le fait de ne pas mettre comme suggéré, à la tête du département des femmes et des hommes bien imprégnés des problèmes, du droit syndical.
Ainsi donc, le reproche fondamental de l’UNTM aux Arrêtés du ministère de la Fonction Publique et du Dialogue Social n’est ni la faute de leurs bénéficiaires, ni celle du SNESUP qui ont un même objectif de lutte pour le progrès social, de la paix de l’égalité, de l’équité entre les peuples et les citoyens, mais plutôt il est reproché au département de tutelle « une série d’inexactitude, de fausseté qui entourent les Arrêtés N ° 2022-0278 / MTFPDS – SG – CNCFP du 22 février 2022 et N ° 2022-3266 / MTFPDS – SG DNFPP – D1-3 du 26 juillet 2022, qui ne sont que le fait de vous – même et du département ».
Selon le Ministère chargé du dossier, cette démarche est faite dans le cadre de l’apaisement du climat social, mais surtout d’un protocole d’accord signé entre le Gouvernement de la République du Mali et le syndicat national de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique le 18 mai 2017. Celui-ci dispose en son point n°2 que : « le Gouvernement s’engage à intégrer cinq cent deux (502) contractuels dans la fonction publique d’État », affirme indique la lettre d’explication du ministère de la fonction publique. A ce titre, le département souligne que deux tests d’intégration ont été organisés simultanément en septembre 2019 (l’un par le ministère de l’Enseignement supérieur pour ce qui concerne les enseignants-chercheurs des Institutions d’Enseignement supérieur, et l’autre par le ministère chargé de la Fonction publique en faveur des agents contractuels dont le recrutement relève de sa compétence).
En plus de ceci, le ministère affirme qu’il existe également une décision exécutoire de justice, l’Arrêt N°590 de la Cour suprême en date du 13 septembre 2019, condamnant l’État à intégrer les contractuels concernés. Le cadre légal et réglementaire de la Loi N°09-035 du 10 août 2009, déterminant également les conditions d’intégration de contractuels de l’administration dans les fonctions publiques d’État et des Collectivités territoriales mais aussi un cadre institutionnel.
Malgré ces explications du ministère, l’UNTM de Yacouba Katilé a balayé du revers de mains en persistant et déclarant qu’il n’y a jamais eu de test. « Nous disions et réaffirmions qu’il n’y a pas eu une organisation de tests dont vous parlez. Aucune procédure administrative et réglementaire n’a été observée», a contredit l’UNTM dans sa réplique précisant que si test il y en avait eu, comment le ministère de la Fonction publique explique-t-elle la présence de Modibo Touré, diplômé en licence professionnelle spécialité en Gestion des entreprises et des administrations sur la même liste des candidats à un concours de recrutement des contrôleurs des finances avec option uniquement finance – comptabilité qui se retrouver actuellement avec les inspecteurs des finances l’Arrêté de régularisation ?
Pire, l’UNTM révèle que la Direction nationale de la fonction publique chargée d’organiser le l’entrée à la fonction publique et à gérer le déroulement des carrières des fonctionnaires n’en sait non plus rien de l’origine de ces Arrêtés. Par conséquent, L’UNTM estime que le ministère a « tout simplement obéi à l’ordre de la primature de procéder à cette intégration par lettre confidentielle N ° 0611 / PM – CAB du 10 août 2021 signée du Directeur du cabinet du Premier ministre « Intégration à titre exceptionnel dans la Fonction Publique » ».
C’est pourquoi, l’UNTM souligne un « abus de pouvoir ». « Votre empressement à obéir au Premier ministre est le même que celui du Secrétariat Général du Gouvernement qui dans sa lettre N ° 014 / PRIM – SGG du 28 janvier 2022, vous recommandait « l’intégration à titre exceptionnel dans la Fonction publique les 11 agents contractuels. Cette injonction vous est parvenue suite à une autre lettre confidentielle N ° 033 / PM – CAB du 06 janvier 2022 avec des instructions fermes de la primature sur la voie à suivre à savoir faire parvenir dans les meilleurs délais, le projet d’Arrêté ainsi que les dossiers physiques concernant les 11 agents dont les cas sont jugés litigieux ».
L’UNTM accable la ministre de la fonction publique d’être seule à orchestrer « la production de ces Arrêtés au terme d’une obéissance aveugle et irréfléchie à des lettres tendancieuses ». Dans cette démarche bancale, d’autres acteurs impliqués dans les intégrations et régularisations dans la fonction publique tels le Comité de Pilotage des Intégrations dans la Fonction Publique et la Commission des Régularisations crées par l’Arrêté N ° 010-0097 / MTFPRE – SG du 25 janvier 2010 ont été écartés et n’ont pas été convoqués pour statuer sur tous ces cas.
Au nom de ces violations flagrantes du droit syndical, l’UNTM demande l’annulation pour une résolution égale de tous les cas et enraille les actes de discriminations, de favoritismes qui sont sus – jacentes aux lettres confidentielles du Premier ministre, du SGG et à vos Arrêtés. « Il y a actuellement un besoin de justice sociale, d’égalité et d’équité citoyens devant l’État et les lois pour que l’on ne pose pas les anomalies et que l’on ne propose pas de solution », souligne l’UNTM. LA grande centrale syndicale du Mali refuse d’être complice d’une gestion de deux poids deux mesures. “Madame le Ministre, votre lettre pose un autre problème syndicalement plus grave. Elle montre clairement que vous ignorez tout du syndicalisme comme nous l’avons traité plus haut’’, fait remarquer l’UNTM de Yacouba Katilé.
Nampaga KONE/La Preuve