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Mali-Ghana (suite) : le mérite des solistes

Le but encaissé à la 87è minute résonne comme un coup de semonce, laissant présager que le match retour à Accra prendra l’allure d’un quitte ou double. Les faiblesses de notre équipe nationale sont assez connues pour que nous ne revenions pas dessus en détail. L’entrejeu demeure notre talon d’Achille et jusqu’à présent, nous y pratiquons la politique de nos moyens, restreints hélas. On avait vaguement espéré que Cheick Fanta-Mady Keïta ou Cheick Diallo, avec expérience acquise au contact du football professionnel, épaulerait Tamboura dans le difficile rôle de relais. Mais nos «étrangers» s’étaient fixés comme tâche essentielle de marquer des buts. Usant de leur résistance physique et de leurs qualités techniques, ils s’employèrent à tarauder sans cesser la défense adverse. Et leur travail de sape fut efficace, amenant les arrières ghanéens à commettre par nervosité des erreurs dont trois furent fatales.

Mais rappelons-le, ces deux joueurs n’ont pas une vision de jeu exceptionnelle. Exclusivement fers de lance, ils ne se sentent pas à l’aise dans un rôle d’organisateur. On l’a constaté lorsqu’à certains moments Cheick Diallo s’est essayé à cette fonction, portant longuement la balle ne sachant à qui la transmettre. C’est pourquoi, nous créditerons Driballon d’un meilleur match que ses deux illustres coéquipiers. A plusieurs reprises nous avons souligné que le jeune attaquant du Réal avait le don de trouver la passe décisive. Il l’a confirmé, se trouvant à l’origine des deux premiers buts. L’on reproche également à Driballon sa tendance au spectaculaire, son amour pour les petits «trucs» qui font applaudir le public. Le football n’est pas seulement les buts, mais aussi le spectacle offert aux fans. Driballon, actuellement le plus doué de nos jeunes attaquants, saura avec le temps, rendre son style plus concis. Mais d’ores et déjà, les services qu’il rend au onze national sont fort appréciables.

En défense, les latéraux ne se montrèrent pas tellement à leur avantage. Boubacar Diallo, sans doute mal remis, eut souvent du mal à juguler Yaw Sam surtout lorsque l’ailier ghanéen d’abord assez effacé, s’éveilla dans la dernière demie heure. Decossaire (Mamadou Sidibé, ndlr), quant à lui, eut, la tâche facilite du fait que son vis-à-vis Abdul Razak jouait en faux ailier, souvent très replié malheureusement. Sa participation au jeu offensif fut assez peu convaincante, Owusu Kwasi garda constamment sur le qui-vive l’axe central de la défense où Poker venait fréquemment prêter main forte, plus à l’aise dans un poste d’arrière qu’à celui de demi-défensif. Mettons à l’actif de Kidjan Diallo plusieurs montées offensives. Moctar Sidibé confirme sa valeur n’ayant pratiquement commis aucune faute au cours des 90 minutes.

UN REVENANT QUI SE PORTE BIEN-Le fait que le Ghana ait écrasé une semaine auparavant le Libéria (6-0) aurait dû mettre en garde ceux qui avaient prononcé un hâtif «Requiescat in pace» pour le «défunt» Black Star, ombre d’une formation prestigieuse. Le onze ghanéen que nous avons vu évoluer le dimanche dernier (le 13 avril 1975, ndlr) a encore de beaux jours devant lui. Nous avons déjà dit qu’en première période les coéquipiers de Owusu affichaient une assurance qui ne manquait pas d’impressionner. Croyaient-ils à la continuation d’un rituel qui tôt ou tard leur aurait assuré l’avantage à la marque ?

Pensaient-ils, comme le disait si crûment Ossey Koffi il y a une dizaine d’année, que les Maliens avaient «que 45 minutes de jeu dans les jambes» ? Le Black Star jouait au peut trot, procédant à de brutales accélérations à l’approche de la surface de réparation malienne. Son avance était d’autant plus facilitée que la défense malienne opérait un recul-fuite précipité pour se regrouper à proximité de la cage de Moctar Sididé. En seconde période la superbe du «BS» (Black star) s’effritait au rythme des buts encaisses; néanmoins les Ghanéens eurent quelques réactions violentes, ce qui leur a permis de marquer un but qui peut peser lourd au retour.

Au sein de l’équipe des visiteurs se dégagent de fortes individualités. Le capitaine Kwasi Owusu, malgré sa masse respectable n’est pas le bélier que l’on attendait. Son style s’est nuancé avec l’âge, il joue beaucoup en déviation, en remises instantanées et si l’on y ajoute sa frappe puissante et son impeccable jeu de tête, Owusu remplit pleinement son rôle de meneur d’attaque. Son frère Dan, râblé et vif, l’appuie très efficacement. Yaw Sam, resté dans l’ombre en première période, se signala comme un attaquant extrêmement mobile dès que les choses empirèrent pour son équipe.

L’injustice souvent présente au football a voulu que ce soit Eshun, le poumon de son équipe et un demi modèle, qui déclencha par son auto-goal la chute du Black star. Mais cet incident ne diminue en rien la valeur qu’il a démontrée au cours de cette rencontre. Quant à la défense ghanéenne, elle nous a paru être la plus solide de celles qui ont défilé cette année au Stade Omnisports (stade Modibo Keïta, ndlr). Ses latéraux Oppong et Asuhadu dotés d’une bonne technique se sont montrés épisodiquement offensifs, mais la conjoncture sera sans doute tout autre à Accra. Le point faible de la ligne défensive est le Keeper Baker.

Il endosse une bonne part de responsabilité dans les trois buts encaissés. Sur les deux premiers surtout, lorsqu’il hésita à sortir pour capter les centres de Driballon. Tel qu’il se présente, le «BS» est un adversaire à redouter solide, athlétique il a le mérite de pouvoir démontrer un football direct et précis (et il vaut mieux juger les Ghanéens sur leur première période). Il serait intéressant de suivre la sortie qu’il fera au Libéria le 20 avril (1975, ndlr). Notre onze national a-t-il les chances de qualification ? Oui, s’il parvient à se présenter sans complexe au Ghana et à démontrer pendant 90 minutes ce sang-froid que les Ghanéens n’ont pu conserver que 45 minutes.

Nous terminerons par un hommage plus que mérité à M. Youssouf N’Diaye qui a élevé la pratique de l’arbitrage au niveau d’un véritable art. Une grande mobilité (témoignage d’une condition physique impeccable) lui permettait de se trouver à tous les «points chauds» du match et la correction dans laquelle s’est déroulée la partie est en grande partie due à l’intransigeance de l’arbitre sénégalais. Donc il n’est pas étonnant, si M. Youssouf N’Diaye fut l’homme le plus applaudi par un public conquis par sa maitrise.

G. DRABO

COMPOSITION DES ÉQUIPES

Mali : Moctar Sidibé, Mamadou Sidibé «Décossaires», Kidian Diallo, Aly Ouattara, Boubacar Diallo, Drissa Traoré «Poker», Drissa Tamboura, Mamadou Koné «Zito» (puis Boubou Camara), Cheick Diallo, Fantamady Kéita, Idrissa Konaté «Driballon».

Sélectionneur : Karounga Keïta

Ghana : John Bakar, Dan Oppong, Awley Quaye, James Enoeh, Asumadu, Isaac, Eshun, Mama Acquah, Dan Owusu (puis Robert Hammond) Abdul Razak, Dadzie.

Sélectionneur : Karl-Heinz Weigang

NB : Au match retour disputé le 27 avril au Ghana, le Black star n’a fait qu’une bouchée des Aigles battus sur le score sans appel de 4-0. Une défaite synonyme d’élimination pour le Mali.

Source : L’ESSOR

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