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Mali : Evitons la rechute

Retour massif des jihadistes dans le Nord, absence de l’armée nationale du fait de la visite inopportune du Premier ministre en mai dernier, une diplomatie hésitante et inactive, les révélations du Vérificateur Général  et du Fonds Monétaire International. Notre pays, dévient-il une menace sécuritaire pour ses voisins ?

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Le président de la République a, désormais, un an au pouvoir. Lui-même a reconnu, lors d’entretiens télévisés (en français et bambara) sur l’ORTM et Africable, que les attentes n’ont toutes pas été comblées. Il a insisté sur les problèmes de communication (jugée lamentable), essayé de justifier des choses qu’on lui reprochait comme l’implication de sa famille dans la gestion du pays (un sujet qu’il doit d’ailleurs, à notre avis, clore désormais), les pourparlers d’Alger, et bien d’autres sujets encore.

 

 

On a retrouvé un IBK prenant, apparemment, la mesure juste de la situation que traverse son pays. Un président de la République décidé à prendre le taureau par les cornes ? On espère. Car, il faut le reconnaître, le pays se trouve aujourd’hui dans un état pas très réjouissant. Rien qu’à voir ce qui se passe au nord, on est en droit de se demander si on ne retourne pas à la case départ.

 

Quand IBK accédait à la magistrature suprême jusqu’à la nomination de Moussa Mara comme Premier ministre, l’administration était retournée dans la quasi-totalité des postes pourvus. A Kidal se trouvait un Gouverneur de région qui représentait l’Etat, les préfets et sous-préfets étaient en poste et les mouvements et groupes armés se faisaient tout petits.

 

 

L’opération Serval avait déblayé le terrain et permis à notre armée de reprendre ses positions. Ils ont fait des sacrifices énormes les soldats français afin qu’on puisse en arriver là, que les jihadistes abandonnent leurs positions et que le pays recouvre la quasi-totalité de son territoire. Il a fallu que le Premier ministre décide un beau matin qu’il doive impérativement se rendre à Kidal (sur instructions du président de la République, dit-il) pour que tout cela tombe comme un château de cartes

 

Moussa Mara s’était trompé dans les capacités de son armée quand il déclarait publiquement sur toutes les ondes : « Le Mali est en état de guerre ». Le pays venait de subir une énième humiliation. Depuis, les mouvements armés ont repris du poil de la bête. Ils ont repris toutes les localités du Nord jusqu’à 40 km de Gao (à Djebok), l’armée malienne a abandonné Kidal. Le gouverneur a naturellement pris la clé des champs, des préfets et sous-préfets ont été abandonnés dans le Gouvernorat et ont été froidement assassinés à l’issue d’une visite qui, paradoxalement, devait officiellement consacrée leur retour.

 

Et comme la nature a horreur du vide et que les mouvements armés ne peuvent contrôler l’immense territoire du Nord, que certains se confondent aux jihadistes, ces derniers ont aussi « royalement » fait leur retour. Le Nord-Mali est redevenu un sanctuaire pour eux. Les soldats de la paix de la Minusma en savent quelque chose. Eux qui ont perdu près d’une vingtaine d’hommes depuis mai dernier.

 

Il ne se passe deux semaines sans que des attentats ne soient perpétrés faisant des victimes dans les rangs de la Minusma. A telle enseigne que le Tchad a décidé de taper du poing sur la table en menaçant de partir si rien n’est fait pour protéger ses soldats. La Minusma, elle-même, menace d’abandonner la zone d’Aguelhok et les Français ont institué des opérations anti motos dans toute la zone. Ceci avec le soutien du MNLA sans l’armée malienne. La réunion qui a décidé de cela s’est passée entre le MNLA, les Français et d’autres mouvements armés.

 

Pendant ce temps, se tiennent en Alger des pourparlers dits inclusifs qui ne font entrevoir aucune lisibilité nette quant au devenir et à l’avenir du pays. Notre diplomatie s’en remet aux décisions de la communauté internationale et ne prend aucune initiative digne de ce nom. Ce sont plutôt (malheureusement) les mouvements et groupes armés qui font semblant de mener la danse.

Le pays s’est comme livré, en position de faiblesse (par la faute de la visite du mois de mai), pieds et mains liés, à l’Algérie qui n’a jamais été de ceux qui nous ont ouvertement soutenu. Après avoir tergiversé longtemps. On a vu le Maroc dans le dossier, Blaise est passé à Bamako, le président mauritanien (qui a des soucis chez lui en ce moment) a aussi fait un tour pour signer en notre lieu et place un cessez le feu après la débâcle de Kidal.

 

Pour couronner tout ce mal-être de notre pays en ce moment, certains se sont livrés à des malversations à hauteur d’une trentaine de milliards sur le dos du peuple meurtri. C’est ce que disent, en tout cas, et le Vérificateur (dont le rapport est attendu avec impatience) et les experts du Fonds monétaire international.

 

Des opérations destinées à rééquiper notre armée, mais qui ont finalement servi à remplir les poches et garnir les compte bancaires de quelques individus sans foi, ni loi. Une histoire incroyable qui explique les différentes débâcles de nos vaillants soldats. Les preuves sont tellement accablantes qu’elles ne laissent aucune place au doute. Notre pays, qu’on croyait sorti de l’ornière, redescend apparemment sous terre.

 

Faut-il cependant croiser les bras et le laisser couler. Une attitude et un comportement dangereux et irresponsable pour nous tous, à commencer par les plus hautes autorités. Il est de ce fait important que les pourparlers d’Alger et le texte qui sera mis sur la table mi-octobre, donnent satisfaction à l’ensemble des Maliens. Aucune mention d’autonomie, ou de fédéralisme, mais une régionalisation renforcée plutôt avec plus de pouvoirs pour toutes les collectivités, un budget conséquent.

 

Pour ce qui concerne les affaires du FMI, qu’on sente le président, que des sanctions soient prises contre les fautifs ! Quoi de plus normal, quand on sait que le FMI, lui-même, sans attendre a décidé de renouer avec notre pays, de libérer une dizaine de milliards de dollars et féliciter les efforts de notre pays.

 

Moussa Touré

 

SOURCE: Nouvelle Libération
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