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Mali et Niger: le chef d’Etat-major de l’armée française visite le terrain

Après la mort de 13 soldats français au Mali, le 25 novembre, et face aux critiques portant sur l’enlisement de l’opération Barkhane, le patron de l’armée  française, général François Lecointre, est allé sur place rappeler la nécessité de cette mission.Ce déplacement s’appelle une ITH, pour “inspection de théâtre”. En trois jours, du 11 au 13 décembre, le Chef d’état-major des armées a alterné briefings opérationnels et visites diplomatiques au Niger et au Mali.

L’avion du général Lecointre s’est d’abord posé sur la base aérienne de Niamey, par où transite l’essentiel des hommes, du matériel et de la logistique nécessaires aux 4 500 femmes et hommes de l’opération Barkhane.

Dans la soirée – et il fera de même le lendemain à Gao – le plus haut gradé français s’adresse à une quarantaine d’officiers. Le coeur de son discours : rappeler le sens de la mission. “Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent“, assure t-il, “car si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’Etat islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques que cela entraînera“.

A Gao, dans la plus grande base de l’armée française au Mali, le général est accueilli à son arrivée, sur le tarmac, par des pilotes et des équipages d’hélicoptères. L’instant comporte une part de recueillement du fait de la mort, le 25 novembre, de 13 soldats français. Ceux qui discutent avec le général ont perdu des “frères d’armes” cette nuit là. Mais dans leurs mots, aucune nuance de doute, aucune remise en question de leur mission : le général se dira plus tard “frappé par le fait que ceux qui perdent leurs camarades au combat sont encore plus déterminés“. Pour lui, si un soldat doute, c’est que son chef n’a pas su lui faire comprendre le sens de la mission. Or, poursuit Lecointre, “il faut toujours expliquer les raisons pour lesquelles nous nous battons“.

Quand l’hélicoptère du général décolle le lendemain de Gao, c’est pour rejoindre Ménaka, la ville carrefour du Lipatko-Gourma, la région des trois frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina. Il y a deux ans, l’armée française avait réussi à y faire baisser la pression des groupes terroristes. Un gouverneur s’était même réinstallé à Ménaka. Mais avec la fin de la saison des pluies, les raids terroristes se sont mulitipliés ces dernières semaines. Les armées malienne et nigérienne y ont perdu des dizaines d’hommes. Ménaka, au croisement des routes de trafic, est stratégique.C’est ce qu’est également venu mesurer dans la région le général Lecointre : la possibilité d’appuyer plus encore des Forces armées maliennes, découragées par les revers. Sans elles, sans l’appui de la communauté internationale, rien ne pourra se faire. Les terroristes ne s’y trompent pas : plutôt que d’attaquer les soldats français, ils attaquent les Maliens, “valeureux mais vacillants“, dit le général. Il conteste l’enlisement de l’opération lancée le 1er août 2014, et la fatalité qui voudrait que l’armée malienne ne soit jamais à la hauteur.

« L’armée malienne n’existait plus en 2012. Elle apprend à se reconstruire, tout en faisant la guerre. C’est comme réparer une voiture en roulant ! », confie un officier malien. Les problèmes de l’armée malienne paraissent incroyables : des officiers ignorent le nombre, même à la dizaine près, des hommes qu’ils commandent; un soldat n’a pas toujours une arme, les camps sont parfois laissés sans surveillance, pendant la prière ou la sieste, quand les terroristes attaquent. Pourtant, le général Lecointre voit des motifs d’espoir : de jeunes officiers bien formés, des guerriers vaillants quand ils sont bien encadrés, une communauté internationale, principalement européenne, consciente des efforts qu’il faut partager. “Mais c’est maintenant, dans l’année qui vient, que se joue l’avenir du Sahel“, affirme t-il, “c’est pour ça que nous nous engageons en avant-garde, et que nous allons passer à la vitesse supérieure. Si nous loupons ce moment-charnière, je suis assez pessimiste », dit le général.

 

Source: proces-verbal
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