Une charte de cohabitation pacifique a été élaborée, mercredi, à l’issue d’un forum d’entente sociale entre les communautés de la région de Kayes (sud du Mali) en vue de trouver des solutions à la pratique de “l’esclavage par ascendance” (hérité par certaines familles) dans cette région.
Ont pris part au forum entamé le 16 août courant et à l’élaboration du document, les autorités des collectivités territoriales, coutumières, chefs de villages, chefs de quartiers, organisations de la société civile et de défense de droits de l’homme ainsi que des représentants des autorités traditionnelles, leaders religieux, autorités administratives, des anti-esclavagistes de la région et de la diaspora.
”Cette charte oeuvrera, notamment, à abolir certaines terminologies telles que celle de « djon » utilisée pour désigner un « esclave » dans le but de rabaisser, humilier ou atteindre à la dignité de l’autre” a indiqué le gouverneur de la région, Colonel Moussa Soumaré.
“Les participants ont également convenu d’interdire le caractère obligatoire et contraignant de certains travaux et pratiques culturelles dans les rapports quotidiens (travaux champêtres, dépeçage des bêtes, exploitation des jeunes filles considérées comme « esclaves » sur la longue durée au service des nouvelles mariées considérées comme « nobles »”, a ajouté la même source.
Moussa Soumaré annonce, en outre, que les populations s’engagent, à éviter tout acte d’exclusion en lien avec la pratique de l’esclavage et à promouvoir l’inclusion dans les activités et cérémonies communautaires et à garantir l’accès de tous aux lieux de cultes, centres de santé, école, espace de loisir ou tout espace public.
La charte prévoit, par ailleurs, la mise en place d’un cadre de concertation et à entreprendre les dialogues inclusifs sous la direction des chefs des villages et des autorités administratives et politiques, pour favoriser le retour des personnes déplacées le pardon et la réconciliation.
En 2019, plus de 1153 personnes ont été contraintes de quitter leurs localités à cause des affrontements meurtriers entre “esclaves et nobles”, selon la commission nationale des droits de l’homme.
Le 19 juillet dernier, des experts des Nations Unies avaient condamné, les attaques perpétrées dans le cadre de “l’esclavage par ascendance” au Mali et “l’inaction” du gouvernement de ce pays face au phénomène.
La pratique de l’esclavage demeure très répandue dans la région de Kayes alors que le Mali a aboli l’esclavage depuis 1905.
Source : AA/Bamako/Amarana Maiga