Dans le souci de mieux décrypter l’actualité, bamada.net est allé tendre le micro à Amadou Tall, Rédacteur en Chef de l’hebdomadaire Le Matin.

De la libération des présumés terroristes aux pourparlers d’Alger, en passant par la gouvernance IBK, nous avons parcouru les sujets brulants du moment. (La vidéo de l’entretien en bas de l’article)

S’agissant de l’arrestation de Yoro Ould Daha, l’ex cadre du MUJAO, par la France et de sa libération par le Mali, Monsieur Tall met en garde contre les manœuvres de ce « grand manipulateur ». Il dira que « c’est un personnage trouble, qui évolue dans des eaux troubles depuis très longtemps ». En conséquence, il ne croit pas à « ses allégations contre le Mali et contre la France ».

Cependant, notre interlocuteur du jour pense qu’il faut se méfier car :

« Dans ce dossier, il y a un aspect que nous (la population) ignorons. Il y a eu quelque chose que nous ne connaissons pas. Mais le gouvernement malien peut en sûr, nous le saurons. »

« Les maliens ont eu la désagréable surprise de constater qu’IBK continue sur la même voie tracée par ses prédécesseurs. »

Concernant la gestion par IBK des problèmes urgents du nord, Amadou Tall ne constate pas de changement par rapport à ses prédécesseurs.

« Les maliens ont eu la désagréable surprise de constater qu’IBK continue sur la même voie tracée par ses prédécesseurs. C’est le sentiment dominant chez les maliens, que ‘IBK est en train de continuer sur la même route qu’ATT’. »

Mais cette gestion calamiteuse du président de la république ne devait pas surprendre les maliens, pense en substance monsieur Tall, dans la mesure où IBK n’avait pas dissimulé ses intentions lors de sa campagne pour la présidentielle.

« Au 26 mars, lors de son meeting, IBK a dit que si les rebelles ont pris les armes, c’est par frustration. Ça veut dire qu’il justifie la prise des armes par les touaregs. Il dit qu’on n’a rien fait au nord et que lui va faire du nord une zone spéciale de développement, qu’il va consacrer des ressources conséquentes…

Ça veut dire qu’IBK nous avait dit que si ‘je suis président de la république, je vais continuer à faire des dons au MNLA pour les satisfaire’ ».

Le Mali va offrir « l’autonomie renforcée » aux groupes armés

Amadou Tall se dit « inquiet » et pessimiste par rapport aux pourparlers engagés à Alger. Son appréhension réside dans l’attitude du gouvernement à toujours faire des concessions aux groupes rebelles. Il a « l’impression qu’on va encore continuer à faire des concessions, à dire oui à tout ce qui va être dit ».

Nous vous proposons l’analyse complète de Monsieur Tall sur ce à quoi pourraient déboucher les négociations d’Alger :

« Dans ces pourparlers, ils vont finir avec un document dans lequel le gouvernement malien va apposer sa signature, avec les groupes armés et la communauté internationale…Je craints que ce document ne contienne un menu de tout ce que le Mali doit faire comme concession aux groupes armés…

On va offrir aux groupes armés du nord une boite dans laquelle, il y a l’autonomie renforcée (mais sur le carton ce ne sera pas écrit « autonomie renforcée »). Ça veut dire qu’on va leur accorder l’autonomie de la gestion du nord sans le dire vraiment (on va trouver un autre mot pour le faire…décentralisation poussée ou quelque chose comme ça). En plus, on va aussi leur accorder des positions à l’intérieur du Mali. Ça veut dire qu’ils vont gérer seuls leurs zones, sa richesse et ils vont partager le Mali avec nous.

Et si on ne fait pas attention, avec le temps, ils vont avoir encore de l’appétit et ils vont encore continuer… »