Tout auréolé de sa 2ème couronne de confiance accordée par l’Assemblée nationale après celle du président IBK, le gouvernement Mara s’attèle à sa mission de redressement progressif du Mali. Une mission à base du fait majoritaire, encourageant à souhait l’esprit partisan et cultivant la légèreté. C’est peu de dire que de nos jours la gestion publique actuelle a épousé le ridicule. Qui ne tue plus, mais honore et grandit le responsable public. Le Mali aura-t-il évité le pire par la tenue les élections pour tomber dans le plein divertissement institutionnel par une gouvernance clanique ? Du pareil au même, car le redressement progressif se fait au rythme de «paticoloba», un jeu d’enfant bien prisé par les enfants du terroir malien, avec comme refrain «paticoloba, prive-moi de tes méchants regards, moi, non, je ne te veux pas». Constellation de ce jeu de haine à base de démonstration de rapports de forces actuels au nom du Mali !
Du «paticoloba» à Kidal !
Sans nul doute. C’est avec une défiance élégante que Mara a effectué sa visite à Kidal. Il devrait aller à Kidal pour dépasser son prédécesseur. Patron de l’administration malienne, il a été à Kidal au mépris de la prudence. À Kidal, il a trouvé d’autres enfants plus défiants et élégants que lui. Le PM à Kidal a été vraiment une scène meurtrière du jeu paticoloba. Comme cela arrive dans ce jeu qui se termine toujours par des bagarres. Et comme toujours, un malheureux paye. De ce jeu, SBM, son ministre de la Défense a payé. Bienvenue alors au redressement progressif. Le Mali sous Mara ne s’accommode pas avec la présence d’un autre égo plus fort que le sien. Lui, nommé pour sauver le Mali en crise, ne peut tolérer autre violon. Ce qu’il pose comme acte ne doit bénéficier d’aucune contestation, ni avant encore moins après. Si la visite de Mara reste encore à apprécier quant à son apport réel sur la présence effective et efficiente sur son administration à Kidal, elle jette néanmoins les bases de ce chantier de redressement progressif, suicidaire pour lui-même et facteur de tant de questionnements sur la bonne résolution de la crise sécuritaire au Mali. En effet, il est clair que Kidal restera dans le background politique de Mara, un de ces actes, exploité à souhait par ses détracteurs, et que lui-même n’aime pas à en parler. Car couronné d’échecs, comme c’est le cas des tas de la colline d’ordure de la Commune IV. Mieux, les trésors de la visite de Mara à Kidal plaident beaucoup plus pour les groupes armés que pour son gouvernement. Lequel, forcé depuis à dialoguer, se trouve dans une position de faiblesse. C’est vraiment du paticoloba : groupes armés de Kidal, je ne veux pas de vous, mais je n’ai pas le choix. Ce que Mara dit en silence.
Du paticoloba à l’école !
Ici, le jeu est réel. Il se fait en direct. Le gouvernement entame une campagne de normalisation des examens. Jacqueline Nana, ministre de l’Education est à sa tête. Rencontres, spots télé, prises de mesures sont autant d’actes de cette mission de redressement progressif destinée à l’école malienne. Le gouvernement est fondé que la fraude au niveau des examens provient des enseignants. Pendant que la fuite des sujets émane des promoteurs des écoles privées, plus promptes à avoir un fort taux de réussite aux examens. Le résultat est sans commentaires. Jacqueline Nana reconnaît que le DEF 2014 a été un échec. Quant au bac, elle fait la différence entre fuite et fraude. Décidée qu’elle est, ayant bénéficié des appuis de toute part, la ministre de l’Education voit les saboteurs partout, lesquels seront démasqués et punis par la loi. Plus qu’une phase de jeu du paticoloba, la démarche publique est ici légère, du ridicule, qui honore et grandit Jacqueline Nana, en premier, qui a depuis retrouvé une aisance qui frôle l’irresponsabilité. Oui, Togola Jacqueline Nana, la fuite des sujets et la fraude font partie des examens au Mali, mais aucun responsable jusque-là ne s’était investi comme vous pour les endiguer afin de les considérer comme des épreuves à part entière des examens, pour ensuite désigner les plus faibles comme coupables. L’école malienne est malade. Ce n’est pas une ordonnance publicitaire de normalisation des examens qui la guérira. Jacqueline Nana le sait. Mais bon, dans ce climat de top de divertissement institutionnel au Mali, chaque responsable a obligation de jouer sa partition.
Du paticoloba à l’Assemblée nationale !
Ici, le jeu a atteint sa phase majeure. Il est animé par des adultes responsables dans ce pays. Une motion de censure contre le gouvernement au motif de sa légèreté de gouvernance publique avec comme faits majeurs : la visite à Kidal, l’achat d’avion et d’équipement, de matériel, l’école et le mal vivre des Maliens. On n’est d’accord ou pas, tous s’accordent à reconnaître que les faits cités méritent des explications pour éclairer le peuple. Exercice démocratique, cette motion de censure aura comme mérite d’établir la vision actuelle des princes. Une vision qui émane du vote massif des Maliens pour IBK et qui ne peut entrevoir des critiques ou de contre-propositions. Pour Mara et sa majorité, l’opposition est dans son rôle de destruction du pays. Incapables pour certains quand ils étaient aux affaires, activistes pour d’autres, ils n’ont d’autres soucis que de mettre ce pays dans un processus de déstabilisation permanent. Sinon oser une motion de censure dans un pays en plein divertissement institutionnel ou les responsables pensent avoir inventé le Mali, ne s’explique pas. Perçue comme un moment d’échanges d’idées, de propositions d’arguments entre acteurs politiques, la motion de censure a abouti finalement à un règlement de comptes par des petites phrases de la rue. L’Assemblée nationale s’est alors transformée le temps des débats à un «grin» de copains en commune IV avec la présence de certains invités qui voulaient la place de Mara, patron du grin. Et comme dans ce genre de situation, les discussions tournent aux empoignades comme «on sait qui est qui, moi je ne bouge pas». Elles se terminent toujours par l’acclamation du chef de Grin. Et ce fut le cas à l’Assemblée nationale. Il n’a pouvait pas être autrement. Du paticoloba à l’Assemblée nationale. Oui. Du plein divertissement institutionnel. Bien évidement. Ce qui fait sortir la grand-mère de sa tanière qui affirme tout de go que dans ce monde ici-bas, il est inutile de maudire un chasseur qui toussote. Alors, abonnés de mal vivre, citoyens maliens désemparés, démocrates épris de paix, soyez patients.
Effet de mode, le redressement progressif ne saurait être une politique de gestion durable. Il porte ses propres microbes qui commencent à l’infecter. Est-ce à dire que la mission de redressement progressif n’atteindra jamais sa phase de maturité ? On en a bien peur.
Békaye DEMBELE