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Mali: des imams exigent le retrait du mot «laïcité» de la constitution

Mardi 7 mars, la Ligue malienne des imams et érudits pour la solidarité a appelé les Maliens à s’opposer au projet de nouvelle constitution proposé par les autorités de la transition.

Elle fustige notamment le maintien du terme « laïcité », décrié comme une « astuce » pour « cadenasser » les religions.

« Le retrait pur et simple du mot laïcité du projet constitutionnel » et « son remplacement par État multiconfessionnel ». Telle est la demande formulée, mardi 7 mars, par la Ligue malienne des imams et savants pour la solidarité islamique (Limama), une puissante organisation islamique du pays.

Le document final de la nouvelle constitution au Mali a été transmis, lundi 27 février, au colonel Assimi Goïta, président de la Transition. Dans ce nouveau texte qui sera soumis à un référendum le 19 mars, « les langues nationales sont les langues officielles du Mali. Le français est la langue de travail et l’État peut adopter toute autre langue comme langue de travail ». Plusieurs députés avaient émis le souhait que le bambara, une langue parlée par la majorité des Maliens, devienne la langue officielle tandis que le Conseil islamique suprême a suggéré l’usage de l’arabe comme langue officielle.

Laïcité

Le principede laïcité qui se trouve dans l’actuelle loi fondamentale a été reconduit. Aux yeux des imams maliens, ce mot est « une astuce que les gouvernants utilisent à leur guise pour cadenasser la ou les religions ». De ce fait, ils exhortent « solennellement tous les musulmans patriotes à voter contre le projet de constitution sous sa forme actuelle lors du référendum ». « La laïcité ne s’oppose pas à la religion et aux croyances », a tempéré le président de Goïta. « Elle a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble fondé sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle. »

Contre la nouvelle Constitution

Ce n’est pas la première fois que ce projet de loi est critiqué par des responsables religieux. Ainsi, en janvier, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants du célèbre imam Mahmoud Dicko (Cmas) avait estimé, dans une déclaration signée avec cinq organisations musulmanes alliées que « ce n’est pas une nouvelle constitution qui peut aider le Mali à sortir de la crise multidimensionnelle qu’il connaît depuis de nombreuses années ». « Aucune disposition du droit positif ne donne compétence au président de la Transition pour prendre l’initiative de l’élaboration d’une nouvelle constitution et de la faire aboutir par voie de référendum » avait ajouté cette organisation, abondant dans le même sens que les détracteurs de la junte. Ces derniers la soupçonnent de mettre en place de nombreuses réformes pour demeurer au pouvoir le plus longtemps possible.

Mali : les partisans de l’imam le plus influent du pays refusent le projet de nouvelle constitution

Le Mali est enchevêtré dans une instabilité politique depuis 2020. Un premier coup d’État avait arraché le pouvoir à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta la nuit du 18 au 19 août 2020. Le 24 mai 2021, le président Bah Ndaw et son premier ministre Moctar Ouane qui assuraient une transition après ce putsch avaient été arrêtés. Depuis cette date, la transition –jusqu’aux prochaines élections prévues en 2024– est assurée par le colonel Assimi Goïta.

Lucie Sarr

Source :la croix

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