L’armée française a achevé le retrait des derniers soldats de l’opération Barkhane, au Mali, dans un contexte de dégradation des relations entre Paris et Bamako. Des membres des forces de sécurité russes ont été aperçues par des casques bleus, à l’aéroport de Gao, dans le nord du pays, où opère déjà le groupe paramilitaire russe Wagner.
Le gouvernement allemand a fait état mercredi de la “présence présumée de forces russes en uniforme” dans la ville malienne de Gao, juste après le départ, lundi, des derniers soldats de l’opération Barkhane. La présence de forces russes a été détectée dès le départ des soldats français, a déclaré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.
“Les Russes peuvent installer tout ce qu’ils veulent sur la base de Gao”
Les Français à peine partis, les Russes prennent leurs quartiers. À en croire les Casques bleus allemands et britanniques, ce sont eux qui ont observé lundi la présence de ses supplétifs à l’aéroport de Gao.
Sur le tarmac, un avion d’entraînement et le 39 Albatros, sans doute pilotés par des Russes puisque les militaires maliens ne savent pas manœuvrer ce genre d’appareil. En coulisses, un manège incessant d’hommes en uniforme venus débarquer du matériel, tout cela quelques heures seulement après le départ des derniers soldats français. Un changement d’ère historique, selon Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique.
“Il y a une présence russe qui va devenir importante, mais dans l’ensemble de la région en ce moment, l’Afrique est en train de se mondialiser à la vitesse grand V et c’est évident qu’à partir de là, les Russes peuvent installer tout ce qu’ils veulent sur la base de Gao, peut-être pour surveiller toute la région”, explique-t-il au micro d’Europe 1.
Un secret de polichinelle
Officiellement, l’état-major français ne confirme pas la présence de Wagner à Gao. “Nous n’y sommes plus depuis lundi, comment pourrait-on savoir ?”, feint un haut-gradé. Mais c’est un secret de polichinelle. Si la force Barkhane n’interviendra plus directement sur le territoire malien, le renseignement militaire français ne va pas abandonner sa surveillance. Ne serait-ce que pour détecter d’éventuels déplacements de groupes terroristes vers les pays côtiers, voire le Niger, où l’armée française s’est repliée pour poursuivre sa traque des djihadistes du Sahel.