(Bamako, le 7 décembre 2018) – Des milices ethniques ont tué plus de 200 civils et incendié des dizaines de villages lors de violences intercommunautaires dans le centre du Mali au cours de l’année 2018, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié vendredi 7 décembre . La plupart des victimes étaient des villageois d’ethnie peule visés par des « groupes d’autodéfense » dogons et bambaras, en raison de leur soutien présumé à des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.
Ce rapport de 121 pages, intitulé « ‘Avant nous étions des frères’: Exactions commises par des groupes d’autodéfense dans le centre du Mali », documente des attaques menées sur des bases communautaires par des groupes armés contre 42 villages et hameaux dans la région de Mopti, en particulier à proximité de la frontière avec le Burkina Faso, et contre la ville de Djenné, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ces violences ont causé d’importants déplacements de populations, des pénuries alimentaires et des vols de bétail, qui affectent les civils de diverses communautés. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta devrait faire en sorte que les forces de sécurité du Mali protègent de manière impartiale tous les civils qui sont exposés au risque d’attaques de la part de milices et de groupes islamistes armés. Les autorités judiciaires devraient enquêter et engager des poursuites contre les groupes responsables de ces abus.
« Des milices violentes commettent des meurtres et des destructions dans le centre du Mali et font de nombreux morts sur leur passage », a déclaré Corinne Dufka, directrice pour le Sahel de Human Rights Watch et auteure du rapport. « Le rythme et le niveau de brutalité des violences sont alarmants, tout comme le fait que le gouvernement n’a pas enquêté sur ces exactions et traduit leurs auteurs en justice. »
Le rapport s’appuie sur trois missions d’enquête menées en février, mai et juillet 2018 dans le centre du Mali, ainsi que sur des entretiens téléphoniques effectués tout au long de l’année. Human Rights Watch a interrogé 148 victimes et témoins, ainsi que des leaders communautaires peuls, dogons et bambaras, des représentants du gouvernement local, ainsi que des agents de sécurité et du personnel judiciaire, entre autres.