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Mali : Bamako forcé au dialogue avec les rebelles qui contrôlent Kidal

Après la défaite de ses forces face à des groupes armés touaregs qui contrôlent au moins la ville du Nord, Kidal, le gouvernement malien était vendredi sous pression internationale pour relancer le dialogue, et éviter une nouvelle et grave crise après celle de 2012-2013.

 

président malien Ibrahim Boubacar Keita IBK Mohamed Ould Abdel Aziz président mauritanien

 

Les appels à l’ouverture de discussions se sont multipliés au lendemain de violents combats, le 17 mai à Kidal (nord-est), entre forces maliennes et groupes armés, qui ont pris le contrôle de Kidal, -1.500 km au nord-est de Bamako- traditionnellement fief des rebelles, mais aussi de Ménaka, 660 km au sud-, selon l’ONU, à l’issue de nouveaux affrontements meurtriers mercredi. Bamako a demandé un cessez-le-feu dès mercredi soir.

Ces développements ont poussé le chef de l’Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président de l’Union africaine (UA) a écourter une visite en Afrique de l’Ouest pour se rendre jeudi à Bamako, puis à Kidal, où il a exhorté au dialogue pour résoudre la crise et tenté d’arracher un cessez-le-feu aux rebelles.

Le président Aziz “vient pour obtenir un cessez-le-feu des groupes rebelles, et la relance des pourparlers avec le gouvernement malien”, a indiqué à l’AFP un collaborateur du président mauritanien.

La France, fer de lance d’une intervention militaire internationale en cours depuis janvier 2013 au Mali, demande “un cessez-le-feu, le retour des parties à leurs positions antérieures puis des négociations entre le gouvernement malien et les différents groupes” armés, a-t-on indiqué vendredi de source diplomatique française.

Le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel, reporté après les affrontements dans le nord du Mali, devrait être engagé “d’ici un mois ou deux si les choses évoluent bien”, a souligné cette source.

Ce redéploiement, qui doit notamment comprendre le départ de 600 hommes, dont 300 vers le Tchad et le maintien de 1.000 hommes sur place, devrait être finalement engagé “d’ici un ou deux mois si les choses évoluent bien”, selon cette source.

Paris avait déjà annoncé le 20 mai le report de “quelques semaines” du redéploiement prévu de son dispositif militaire au Sahel, prolongeant d’autant l’opération Serval au Mali.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a discuté avec plusieurs de ses homologues, “notamment Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et François Hollande”, a indiqué une source à la présidence malienne, assurant : “A tous nos interlocuteurs, nous avons affirmé que nous sommes irréversiblement pour le dialogue”.

Une vingtaine de soldats maliens ont été tués et une trentaine blessés dans les combats, a déclaré le ministre de la Défense, Soumeylou Boubeye Maiga, à la télévision.

Un dirigeant du Mouvement national de libération de l’Azawad, la rébellion touareg indépendantiste, a dressé un bilan différent, parlant de 40 soldats maliens tués et 70 faits prisonniers depuis le début des hostilités samedi, ainsi que de la prise de dizaines de véhicules, d’armes et de munitions. Selon l’ONU, en plus de Kidal, le MNLA a pris Ménaka, 20.000 habitants, situé près de la frontière nigérienne dans l’est du Mali, ce que conteste le gouvernement malien, qui a reconnu sa défaite à Kidal.

“Nous avons toujours été ouverts au dialogue, à l’échange avec nos frères”,a déclaré le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, a appelé à “un cessez-le-feu” et au retour “à la situation antérieure”.

Les combats avaient éclaté le 17 mai à Kidal entre forces maliennes et groupes armés touareg, à l’occasion d’une visite du Premier ministre Moussa Mara.

– Un défi de taille –

Kidal représente un défi de taille pour l’Etat malien : dans ce fief du MNLA, il n’a jamais réussi à complètement reprendre pied, malgré l’offensive lancée en 2013 par l’armée française.

Les rebelles touareg réclament de longue date l’indépendance ou l’autonomie des vastes étendues désertiques du nord du Mali, et ont lancé déjà mené plusieurs insurrections depuis les années 1960.

Les dernières violences ont suscité à Bamako et dans plusieurs villes des réactions d’hostilité envers les soldats français et onusiens déployés dans le Nord, accusés de passivité vis-à-vis du MNLA et des indépendantistes touareg.

“Libérez Kidal !”, “Minusma (force de l’Onu), à bas ! La France, à bas !”, “Minusma dégage !”, a-t-on notamment entendu lors de manifestations à Bamako, Gao, Goundam (nord), Niono (centre). Le lycée français de Bamako est resté fermé jeudi pour raisons de sécurité.

Les autorités ont multiplié les appels au calme et à la retenue : “La Minusma, la force Serval et les représentants de la communauté internationale (…) ne sont pas nos ennemis”, ont-elles souligné. Pour Bamako, des “groupes rebelles” touareg sont responsables de l’attaque, mais avaient reçu le soutien de “terroristes d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et (de) narcotrafiquants”.

Des renforts français ont été envoyés à Gao et à Kidal (un peu moins de cent hommes).

© 2014 AFP

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