Une vingtaine de motos sont parquées à l’ombre d’un monticule rocheux, le long de la piste brûlée par le soleil. En haut d’un mât, un drapeau malien retrouve un peu de fierté lors des rares bourrasques de vent chaud. Une cabane de bois fait office de check-point. Nous sommes à quelques kilomètres du village de Ningari, dans ce qui est communément appelé le pays dogon. A l’intérieur de ces petits bastions de fortune semés au bord des routes qui sillonnent la terre ancestrale des Dogons, inutile de chercher des militaires ou des gendarmes, ils ont disparu.
Ici, la sécurité est depuis des années l’affaire des citoyens. «On se débrouille, chacun est impliqué pour assurer la sauvegarde de la communauté», explique Aboubacar, cagoulé dans un sac de coton couleur terre, percé de deux trous pour les yeux, fusil en bandoulière. Aboubacar est un dozo, un chasseur traditionnel, qui, comme beaucoup d’autres, a pris les armes pour se défendre contre les bandits et les jihadistes «qu…