Après une visite de dix (10) jours au Mali, au cours de laquelle des rencontres avec les autorités maliennes, la société civile et les associations de victimes, les organisations non gouvernementales, les diplomates et les Nations unies, Alioune Tine constate une amélioration de la situation sécuritaire dans ce pays dirigé par des militaires depuis près de deux ans.
« Pour la première fois depuis le début de mes visites en 2018, j’ai noté une amélioration tangible de la situation sécuritaire, de la situation des personnes déplacées internes, de la situation des droits de l’homme ainsi que des dynamiques de paix endogènes, notamment dans le Centre du Mali », a déclaré l’expert indépendant de l’ONU sur la situation des droits de l’homme au Mali.
Droits humains
Au cours du dernier trimestre 2021, Alioune Tine, dans sa déclaration de fin de mission, souligne une baisse considérable du nombre des violations des droits humains et atteintes à ceux-ci. De 594, ces violations sont passées à 433, soit une baisse de 27,10 %.
Selon la Matrice de suivi des déplacements (DTM), « le nombre des personnes déplacées internes est passé de 401736 personnes en septembre 2021 à 350 110 en décembre 2021, soit une baisse de 13 13 % ». Le Cluster Protection a noté une baisse significative des violations des droits de l’homme en fin d’année en général, à l’exception des violations du droit à la vie. Où le plus grand nombre a été enregistré au cours du dernier trimestre de l’année 2021.
Cette amélioration de la situation sécuritaire est tributaire de la pacification « progressive de certaines localités du centre et du Nord ». Depuis des mois, l’armée malienne multiplie des offensives dans plusieurs régions. Des patrouilles aussi. Des actions qui viennent à l’issue de l’acquisition de plusieurs équipements militaires.
Faire face aux défis
Toutefois, « les améliorations tangibles de la situation ne doivent pas occulter les défis sérieux en matière de sécurité et des droits humains auxquels le Mali et la communauté internationale doivent s’attaquer pour consolider les progrès réalisés sur le terrain », a souligné Alioune Tine. Le fondateur du Think-tank Afrikajom center recommande que « les succès engrangés sur le plan militaire » soient accompagnés du « retour effectif de l’autorité de l’État et des services sociaux de base sur toute l’étendu du territoire malien ».
Outre cette nécessité et en plus des menaces de certains groupes extrémistes violents, de groupes armés communautaires dits d’autodéfense, l’expert indépendant onusien invite à s’attaquer à une autre bombe plus grave qui « se profile à l’horizon avec l’effondrement du système éducatif ». En raison de la situation sécuritaire, le nombre d’écoles fermées est passé de 1344 en janvier 2021 avec 403000 élèves affectés à 1664 écoles en décembre 2021 avec 499200 élèves affectés.
Cette situation a eu des impacts sur la protection des droits des femmes et de la jeune fille. « […] Les fermetures d’écoles auraient contribué à l’augmentation des mariages précoces et à l’exode rural des filles, un phénomène qui a augmenté le risque d’exploitation et d’abus sexuels contre ces filles », a-t-il souligné dans une déclaration. Avant de poursuivre : « L’insécurité continue d’avoir un impact considérable sur la situation des droits fondamentaux des femmes, avec la récurrence inquiétante de cas de violence basée sur le genre ».
Dans sa déclaration, il se dit également « très préoccupé par le rétrécissement de l’espace civique, notamment du rôle des médias, et de l’opposition politique ». Enfin, l’expert Alioune Tine exhorte la Cédéao à lever, dans les meilleurs délais, les sanctions contre le Mali.
La rédaction