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Malgré l’attaque terroriste du Bardo, Tunis célèbre la fête nationale

Deux jours après l’attaque terroriste contre le Bardo, Tunis a décidé de maintenir ses célébrations du jour de l’indépendance. Les Tunisiens souhaitent renvoyer l’image positive d’un pays vivant, qui ne se laisse pas abattre par le terrorisme.

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Drapeaux, ballons, majorettes, fanfare et DJ animent l’avenue Bourguiba. Deux jours après l’attaque contre le musée du Bardo, qui a fait 21 victimes, se déroule à Tunis la 59e fête de l’indépendance où plus d’un millier de Tunisois sont venus, en ce jour férié, se déhancher sous un soleil printanier sur les “Champs-Élysées” de la capitale.

Les victimes du Bardo ne sont pas absentes des esprits pour autant. Sur de nombreuses pancartes, on peut lire “#Je suis Bardo, #Je suis la Tunisie”, référence explicite au “Je suis Charlie” qui avait envahi les réseaux sociaux après la tuerie de “Charlie Hebdo”, le 7 janvier 2015.

“Ces attentats font tout pour faire avorter nos efforts, nos espoirs d’une Tunisie meilleure et d’un avenir plus reluisant pour nos enfants. Mais on veut montrer qu’on est présents, avec nos voix, avec nos chants pour dire non au terrorisme”, explique Soumaya, une étudiante en espagnol de 28 ans, qui danse devant la scène.

En Tunisie, le 20 mars a repris ses droits. Beji Caïd Essebsi, leader de Nidaa Tounès élu président en décembre dernier, a restauré la fête nationale. Sous Marzouki, elle avait été réduite au minimum, sans festivités particulières.

Une Tunisie inquiète de son image

Alors aujourd’hui, beaucoup de Tunisiens n’ont qu’une idée en tête : célébrer collectivement leur “beau pays” et renvoyer l’image positive d’une Tunisie qui n’a pas peur, où les touristes peuvent continuer à venir passer leur vacances en toute quiétude.

“Venez, soyez la bienvenue ! Nous n’avons pas cessé de venir en France après les attentats de “Charlie”, alors venez vous aussi sans peur, nous avons les plus beaux endroits du monde !”, assure Khalfi Waissila, 51 ans, qui s’est enveloppé du drapeau tunisien.

“C’est une image très forte que l’on renvoie aujourd’hui, non seulement aux terroristes en leur disant qu’on ne va pas ne pas célébrer le 20 mars à cause d’eux. Mais c’est aussi une manière de promouvoir la Tunisie et de faire oublier le Bardo”, estime Salwa Chebi, membre du comité central du parti de centre gauche Al Joumhouri.

Un problème de manque de culture politique ?

Ce parti pris festif face au deuil et à l’horreur ne remporte pas toute les faveurs. Quand elle entend leGangnam style retentir dans les enceintes de l’avenue Bourguiba, Salah Bes explose. “Deux jours après la tuerie, on avait vraiment besoin de ça ! Comment peut-on faire la fête ? Mais regardez, il y a même des majorettes ! J’en ai marre de dire que tout va bien en Tunisie”, s’étrangle-t-elle de rage.

Cette militante engagée d’Al Joumhouri ne digère pas cette explosion de bonne humeur, symptôme, selon elle, du manque de culture politique du peuple tunisien. Jeudi 19 mars, à peine un millier de personnes se sont réunies devant le Bardo pour la mobilisation en hommage aux victimes, lancée à l’appel du principal syndicat du pays, l’UGTT, des mouvements estudiantins et des associations de défense des droits de l’Homme. Environ un millier s’étaient de nouveau mobilisés vendredi.

“Il n’y a pas de culture citoyenne en Tunisie”, martèle-t-elle sans détour. “La révolte de 2011 était sociétale, les gens sont descendus dans la rue parce qu’ils n’avaient plus de pain et plus de travail. Aujourd’hui, la situation économique ne s’est pas améliorée. Les gens ont du mal à élever leurs enfants, comment voulez-vous qu’ils fassent de la politique ?”, ajoute cette cinquantenaire en colère.

Être concerné en tant que citoyen

Une analyse sévère que ne partage pas sa camarade de lutte. “On ne peut pas insulter le peuple tunisien après 23 ans de Ben Ali et de Trabelsi (Leïla Trabelsi, la femme de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali, NDLR). Il faut du temps pour acquérir une culture citoyenne”, explique Salwa Chebi, admettant néanmoins que la mobilisation en réaction à l’attentat du Bardo reste faible.

“En fait, les Tunisiens ne se sentent pas concernés par le terrorisme. Ils considèrent que c’est le problème des pays voisins, de la Libye notamment. Ou un problème qui concerne la police et l’armée (visée par les attentats de Chambi, NDLR). Et là encore, ce sont des touristes qui ont été visés au Bardo.

Mais concrètement, “le citoyen tunisien n’a pas été touché par les attentats qui ont fleuri en Tunisie depuis 2011”, conclut Salwa Chebi. Sur les 21 victimes de la tuerie du Bardo, 20 étaient en effet étrangères – dont trois Français.

 

Source: France24

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