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Mal gouvernance : Où est passée la société civile?

Bientôt une année que notre pays est dirigé par Ibrahim Boubacar Keïta, élu par une frange importante de la population (plus de 77%) dans l’immense espoir de remettre le Mali sur les rails. La montagne a accouché d’une souris. Jamais un régime n’a atteint un tel seuil (alarmant) de mal gouvernance en un laps de temps. Mais le hic dans cette déception, c’est le silence radio des organisations et des leaders de la société civile dont certains, guidés plus par des intérêts personnels, ont fait croire à nos compatriotes qu’IBK était le candidat idéal, l’homme de la situation ou encore le messie qu’il faut pour le Mali. Analyse.

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Avant la présidentielle de juillet 2013, des leaders et des organisations de la société civile ont affiché ouvertement leur soutien au candidat du Rassemblement pour le Mali, Ibrahim Boubacar Keïta. Ils criaient sur tous les toits ses « capacités » à sortir le Mali de la crise sécuritaire, politique et économique qu’il traversait. Dans l’optique de réussir leur « coup », ils n’ont pas hésité à s’associer au diable et collaborer avec les militaires de l’ex junte. Leur propagande en faveur d’IBK a dû influencer une frange importante de l’électorat qui avait cru aux discours populistes du candidat et autres arguments de cette meute de leaders et organismes de la société en quête d’opportunités.

Depuis que leur mentor a été élu le 11 Août 2013, la réalité a été révélée au grand jour. IBK, tel que décrit par cette société civile, multiplie les bourdes. Ses fans sont désemparés et ne comprennent plus comment ils se sont trompés sur leur choix. Les promesses électorales ont volé en éclats. La famille et les amis ont fait main basse sur l’administration publique. La gestion du pouvoir est familiale et partisane. La bonne gouvernance est devenue une utopie. Les milliards sont distribués dans la plus grande opacité aux « amis » ayant facilité l’accession du Prince au trône. Les résidences privées sont réhabilitées. Le confort du président IBK prime sur le bonheur des populations.

Le ministre de la fonction publique affirmait que le gouvernement a fait beaucoup de sacrifices en accordant des avantages aux travailleurs maliens à hauteur de 17 milliards de FCFA. Un sacrifice sur lequel le gouvernement est prêt à revenir si l’Untm ne revoit pas sa copie, menace Bocar Moussa Diarra, sur le plateau de la télévision nationale. Et le comble, c’est qu’il n’a jamais fait référence au sacrifice des contribuables maliens qui vont supporter (sans leur caution) le paiement de 20 milliards de FCFA pour le confort du chef de l’Etat. Qui s’est offert, malgré la crise aigüe que traverse son pays, un Boeing pour ses incessants voyages.

Au même moment, le pouvoir demande aux autres de faire des sacrifices au nom de la crise. Cette demande a été également formulée à l’Untm et les autres syndicats. Alors n’y a-t-il pas lieu de s’interroger sur le sacrifice que le président IBK veuille consentir lui-même à son peuple qui souffre ? L’exemple du sacrifice nous vient du lointain Malawi, où la présidente a vendu  « son avion de commandement » pour offrir des tonnes de riz à son peuple. Tout près de nous, le président d’un pays voisin a fait voter une loi pour baisser les frais de loyer. D’autres ont réduit de façon drastique les coûts de l’électricité et de l’eau.

Au Mali, avec un SMIG de 28 000 FCFA, on demande encore aux travailleurs de faire des sacrifices et de taire les mauvaises pratiques du gouvernement et du président de la République. Qui ont été incapables de stabiliser les prix des produits de première nécessité. La viande, le lait, la volaille et le poisson sont devenus, en quelques mois de gouvernance d’IBK, des produits de luxe pour les Maliens. Impossible d’en discuter avec les gouvernants actuels. Qui ont du mépris pour les couches défavorisées et même pour les syndicats. C’est après coup (la grève réussie des 21 et 22 août derniers) que le chef de l’Etat a daigné accorder une audience à la principale centrale syndicale. Qui en a fait la demande à maintes reprises.

Tromperie généralisée

Tout cela est le résultat d’une tromperie généralisée d’une certaine société civile. Qui est silencieuse comme une carpe face à l’échec du régime et du président IBK d’apporter des solutions aux défis nationaux. Où sont passés ces leaders religieux qui assiégeaient nos mosquées en les transformant en tribune politique en faveur d’IBK ? Quelle est leur lecture de la situation actuelle ? Pourquoi ont-ils disparu de la circulation ? Est-ce par déception ou parce qu’ils sont complices de la mauvaise gouvernance ?

Que deviennent les organismes de la société civile qui ont appelé à voter IBK ? De toute évidence, ils ont contribué à berner le peuple et doivent assumer leur responsabilité. Le résultat de leur participation à cette mascarade est sans appel. Tout a été fait sauf ce qui a été dit. Il appartient à ces organismes d’assumer et de prouver leur bonne foi en interpelant le chef de l’Etat sur les écarts de son régime et de sa gouvernance.

Au-delà, toute la société civile (qui a fait ses preuves avec le FDR pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel) doit sortir de sa léthargie pour interpeller les gouvernants sur la souffrance des populations qui n’aspirent qu’à vivre dignement. L’Untm vient de donner un bel exemple de responsabilité en montrant la voie. La crise ne peut pas justifier la mauvaise gouvernance et l’ignorance des priorités nationales.

Idrissa Maïga

SOURCE: L’Aube  du   28 août 2014.
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