L’Association Benkan des Maliens résidant à Valence en Espagne a conclu avec la mairie de la Commune VI, en 2013, la mise à disposition de ses adhérents des parcelles à usage d’habitation. L’opération étant bouclée par le paiement des frais convenus, la majorité attend sa parcelle. Aux dernières nouvelles, la mairie s’engage à tout régler, incessamment.
En 2013, lors d’une visite du ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine d’alors, Me Demba Traoré, des Maliens vivant dans la région de Valence en Espagne ont exprimé leur besoin d’acquérir des parcelles à usage d’habitation à Bamako. Un désir bien accueilli par le ministre qui a vite accédé à cette doléance et a promis d’initier des démarches pour l’aboutissement de ce projet.
Dès son retour au Mali, Me Demba Traoré a pris contact avec certaines mairies pour voir s’il y a des possibilités d’attribution de lots. La mairie de la Commune VI a accédé à cette demande. A l’époque, le lotissement de la zone de recasement de Sénou était en cours. Des correspondances signées par le maire par intérim, Baba Sanou et Amadou Opa Thiam, Secrétaire général par intérim de la mairie de la Commune VI, ont été échangées avec le Secrétaire général du ministère des Maliens de l’Extérieur, Seydou Kéita. Il était question de la certitude sur la disponibilité de parcelles dans la commune.
Dans une lettre, l’édile de la Commune VI a fixé le coût unitaire de la parcelle à 850 000 F CFA (frais d’édilité et de viabilisation). Le montant total a été arrêté à 102 millions de F CFA pour les 120 membres de l’Association. La mairie a souhaité que l’argent soit versé au Groupement d’entreprise de construction immobilière (Geci), qui serait son partenaire dans ce genre d’opération immobilière puisque chargée des travaux de viabilisation du site.
Le versement a été fait en 9 tranches à travers le compte bancaire du point focal de l’Association Benkan à Bamako, Yaya Dembélé, un policier à la retraite et parent d’un membre de l’Association Benkan. Sur le montant convenu, 101 millions de F CFA ont été payés à Geci par le canal du policier Dembélé. Pour matérialiser leurs droits de propriété, un permis d’occuper a été individuellement délivré à chacun des bénéficiaires de lots. Puisque tout le monde ne pouvait pas effectuer le déplacement du Mali pour signer son permis d’occuper, cela a été fait sur place par le gérant de Geci.
7 ans après, au moins 75 bénéficiaires de l’Association Benkan ont à présent des problèmes sur leurs terrains. Selon le président de l’Association, Basile Paré et son trésorier Konimba Traoré, sur les 120 membres, 5 personnes ont pu voir leurs terrains et y ont bâti des maisons. Le reste est buté à des problèmes. Si ce n’est pas des propriétaires de titres fonciers, ou de champs, ce sont d’autres particuliers qui réclament la propriété des terrains sur lesquels ils disposent d’un permis d’occuper de la mairie de la Commune VI.
La mairie décidée à gérer tous les problèmes
Selon Basile Paré, le président de Benkan, ni Me Demba Traoré, ni aucune autre autorité n’a pu dénouer le problème. “Nous avons exposé la situation à Abdrahamane Sylla, ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine et successeur de Me Demba Traoré, lors d’une de ses visites en Espagne en 2016. Pour seul mot, il nous a répondu que les litiges fonciers sont légion dans toutes les mairies de Bamako”. L’Association Benkan a dit choisir cette voie officielle d’acquisition de lots pour échapper aux cas d’escroqueries et d’arnaques récurrentes de leurs propres parents.
Aux dernières nouvelles, le mercredi 9 décembre, à l’issue d’une réunion entre le maire de la Commune VI, Boubacar Kéita, son 2e adjoint chargé des Affaires foncières, Baba Sanou et le point focal de la Délégation générale des Maliens de l’Extérieur (DGME), Boubacar N’Diaye, la mairie a décidé de gérer tous les problèmes relatifs à cette opération. Dès demain (samedi) seront réglés les problèmes de bornage. Il a été en outre convenu de faire ce travail au cas par cas avec la présence de l’intéressé ou son représentant. En plus, une compensation est prévue au plus tard dans deux semaines pour ceux qui sont encore sans parcelles (cas de la zone aéroportuaire.
Baba Sanou est d’accord qu’il peut y avoir des occupations illicites dues à l’inoccupation prolongée des parcelles. Mais selon lui, “chaque fois que ces situations sont portées à notre connaissance, nous n’avons jamais tardé à faire déguerpir le spéculateur foncier au bénéfice du vrai propriétaire”. Le maire Sanou indique que beaucoup de bénéficiaires ont déjà mis en valeur leurs terrains et qu’ils les ont même habités.
Boubacar N’Diaye, de la DGME et partie prenante dans cette opération foncière, n’est pas d’avis avec les membres de l’Association Benkan. Dans une note faisant le point de la situation, il a expliqué que des cas de doublons sont justes des problèmes de bornage (îlots 340 et 340 bis) que la mairie s’est engagée à régler dans un bref délai. A ses dires, juste quelques parcelles portant le numéro 321 font l’objet d’occupation par de tierces personnes. Selon son constat, il n’y a que 6 parcelles (n° 6051) situées dans la zone aéroportuaire donc hors du site convenu.
A en croire MM. N’Diaye et Sanou, “l’Association Benkan a un problème d’information et de communication à son propre niveau. En ce sens que certains de leurs membres en séjour à Bamako ne leur font pas toujours de feed-back une fois leurs problèmes de litiges résolus”. Toujours selon eux, il n’y a pas autant de problèmes qu’ils le disent.
Abdrahamane Dicko
Source: Mali Tribune