Avec la période que traverse le pays, l’imam invite les Maliens à promouvoir les sujets relatifs à la paix, au vivre-ensemble et à la cohésion sociale. « Je me souviens avoir fait un manifeste dans lequel j’ai invité le peuple malien à aller vers un pacte républicain. Ce qui est important aujourd’hui, c’est que notre pays a besoin de se trouver ensemble », exprime Mahmoud. Au-delà de toutes les considérations que les Maliens peuvent avoir de nos jours, il laisse comprendre que l’essentiel est que le peuple malien se mette ensemble. Toute initiative œuvrant dans ce sens est une initiative à saluer et encourager, a-t-il dit. Longtemps réticent, l’imam a profité de cette rencontre pour s’expliquer sur son silence. Malgré qu’il parle rarement du Mali en ce dernier moment, Mahmoud Dicko annonce être interpellé en longueur de journée, de l’intérieur comme de l’extérieur, par des Maliens. Des gens qui lui demandent : « L’imam vous ne parlez pas, l’imam vous ne dites rien, l’imam qu’est-ce qui se passe », a-t-il détaillé au public du CICB, ce dimanche 20 mars. Puis d’être clair : « Je veux quand même dire aux uns et autres que l’imam n’a pas parlé pour des raisons ». La première, dit-il, c’est que l’imam constate que la majeure partie de la population malienne se trouve dans ce qui se fait. Aussi, ajoute-t-il, la majeure partie pense que ce qui se passe est la voix du salut. « C’est pourquoi, dit-il, je me suis tu, même si je ne suis pas parfois d’accord, en respectant le choix de cette majorité. Parce qu’il se peut que je me trompe et que les autres ont raison ». En respectant le choix de cette grande majorité de Maliens, « j’ai décidé de ne pas parler et de laisser les choses se faire. Il ne serait pas sage que la grande majorité se reconnait dans quelque chose que vous vous mettez à combattre. Voilà la première raison qui fait que l’imam a pris du recul ».Comme autre raison, l’imam maintient avoir décidé de se taire afin de méditer et réfléchir sur le sort du Mali, sa patrie. Aussi appelé « sage », il signale être préoccupé et inquiet quant au sort du Mali.
« Je suis en train de méditer et j’appelle tout un chacun à s’interroger pour savoir pourquoi il y a quelque chose qui nous (Mali) arrête, chaque fois que nous devons aller. Quelle est cette raison ? Je crois que cette question doit être posée. Tant qu’on ne diagnostique pas ce mal, il est difficile que le Mali puisse s’en sortir », a-t-il énoncé avant de poursuivre : « Je crois qu’il y a un problème quelque part. Il faut le diagnostiquer pour qu’on quitte cette situation. Même quand il s’agit du football, au moment où le Mali arrive à un niveau où tout le monde commence à espérer, le lendemain, c’est le désespoir. Pourquoi cela ? Qu’est-ce qui est derrière cela ? C’est ce mal qu’il faut diagnostiquer ». Dans son analyse, il trouve que les pays sont dans un monde changeant et interdépendant. Un monde où l’on voit le complot partout. Un monde dans lequel, dit-il, le Mali a sa part de responsabilité. De ce fait, confie l’imam, « nous devons nous assumer. Il est grand temps que le peuple malien s’assume. S’assumer c’est accepter aussi ses erreurs et ses fautes » en ne cherchant pas toujours à taxer les autres. Il ne faut jamais se tromper de combat ni d’adversaire, la règle du jeu a tout le temps été fixée par les plus forts. Ça, conseille imam, cela a toujours été la règle du jeu des puissances du monde. Se tromper du combat et d’adversaire fait que « vous allez donner un effort qui n’aura aucun résultat. Il ne faut pas chercher un combat inutile. Le peuple intelligent, c’est celui qui sait faire un bon choix au moment opportun. J’espère bien que notre peuple fera le bon choix au moment opportun ».
Mamadou Diarra
Source: Le Pays- Mali