Enseignant en France et diplômé en droit international public, notre compatriote Mahamadou SAMAKE était l’animateur d’une vidéo-conférence sur l’option militaire de la CEDEAO d’intervenir au Niger en vue de restaurer l’ordre constitutionnel interrompu depuis le 26 juillet après le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Conakry.
« Nous avons assisté à un durcissement de ton de la CEDEAO avec son tout nouveau président également président du Nigéria», a constaté le conférencier, en déplorant qu’outre les sanctions habituelles ne se reposant sur aucun fondement, la CEDEAO a ciblé cette fois-ci les produits pharmaceutiques.
« Cette mesure est contraire à la législation internationale. Quand on touche à l’humanitaire, on bascule au blocus. Ce qui est une violation du droit international et une agression conformément à la Charte des Nations unies », a affirmé Mahamadou SAMAKE. D’où, a-t-il commenté, la réponse des Nations unies aux chefs d’État de l’organisation sous régionale dont les décisions ne doivent pas affecter la situation humanitaire dans ce pays, l’un des pauvres au monde.
Plus de deux millions d’enfants ont été touchés par la crise et ont désespérément besoin d’une aide humanitaire, selon un communiqué du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) rendu public ce lundi.
À cet effet, ces mesures de la CEDEAO contribueraient, selon le conférencier, à dégrader la vulnérabilité de la population déjà confrontée aux conséquences de l’insécurité liée aux activités terroristes à l’origine des déplacements massifs.
Comme si ces sanctions sont moins importantes, l’instance sous régionale a, dans son planning, prévu une intervention militaire au Niger pour instaurer l’ordre constitutionnel par la force, malgré les alertes de certains pays dont l’Algérie et la Russie.
« En dehors de la légitime défense, c’est le droit international public qui intervient dans le cadre d’une intervention. Et l’option de la CEDEAO n’a aucune chance de réussir juridiquement. Déjà, un membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie, y est opposé. Sauf si la CEDEAO agit en dehors de toute légalité comme l’OTAN l’a fait en Libye. Il n’y a aucune chance que l’ONU donne un mandat à des armées mal équipées de la CEDEAO d’intervenir au Niger », a déclaré le jeune chercheur et enseignant en France.
Selon lui, la question est politique, il faut des négociations avec les militaires qui ont renversé le président Mohamed BAZOUM.
« S’ils (les Chefs de la CEDEAO) ont accepté la démission du président IBK, du président Rock Marc Christian KABORE, la CEDEAO doit accepter le fait accompli pour avancer », a préconisé M. SAMAKE, parce que, soutient-il, l’option de l’offensive militaire est la pire solution dont les conséquences remettraient en cause l’existence de l’organisation sous régionale.
« Les effets négatifs d’une intervention militaire au Niger seront plus importants que celle de l’OTAN en Libye avec des ramifications de guerre entre les États membres de la CEDEAO. Une action de force au Niger serait apocalyptique », a alerté Mahamadou SAMAKE.
PAR SIKOU BAH