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Mahamadou Sacko, d’inconnu à nouveau héros de la Coupe de France

Sensation samedi en 32es de finales de la Coupe de France avec la victoire historique de l’ES Viry-Châtillon, club amateur de Régionale 1, contre le SCO d’Angers, pensionnaire de Ligue 1 (1-0). Les Essonniens l’ont emporté chez eux grâce à un unique but inscrit par Mahamadou Sacko, Français et Malien âgé de 22 ans. Le milieu de terrain de Viry, qui est également chauffeur, raconte cette journée magique à RFI.

 

Le premier exploit fou et foot de cette année 2019 n’a pas tardé. Et c’est de ce qu’on appelle communément « la magie » de la Coupe de France que cette prouesse est née. Ce samedi 5 janvier 2019 restera marqué d’une pierre blanche dans l’histoire de l’Entente Sportive Viry-Châtillon, modeste club du département de l’Essonne, qui évolue en Régional 1, le sixième échelon du football français. Dans son stade Henri-Longuet, le Petit Poucet de la compétition a scalpé les professionnels du SCO d’Angers (1-0) en 32es de finale.

Il y a cinq divisions d’écart entre Viry et Angers, mais les Castelvirois ne se sont pas privés pour sortir les Angevins, pourtant finalistes de cette Coupe de France il y a deux ans. Un club de Régional qui élimine un club de Ligue 1, c’est du jamais-vu au XXIe siècle. L’ES Viry-Châtillon rejoint un club très fermé des représentants amateurs ayant renversés les favoris professionnels.

« Il est longiligne, pas très épais mais puissant. C’est un vrai n°8 »

Cet exploit, c’est celui de tout un club, mais aussi de deux hommes fêtés comme il se doit par leurs coéquipiers. Il y a le gardien Vincent Da Silva, impérial samedi et auteur de huit parades déterminantes. Et bien sûr, il y a Mahamadou Sacko, milieu de terrain franco-malien de Viry, unique buteur du jour. Le héros revenait à peine de blessure, mais Walid Aïchour n’a pas hésité à le titulariser quand il l’a senti prêt. « Il se projette très vite vers l’avant. Il est longiligne, pas très épais, mais il est puissant. Et techniquement, il est assez doué. C’est un vrai n°8 qui peut jouer en National 2 ou National 3 facile », dit de lui le technicien, interrogé par RFI.

Souriant, heureux et fier comme tous ses coéquipiers, Mahamadou Sacko savoure cette qualification méritée pour les 16es de finale au micro de RFI. Il s’arrête quelques minutes… mais pas trop, car après l’émotion footballistique, il faut reprendre le travail quotidien.

RFI : Mahamadou, on est le 5 janvier 2019 et l’ES Viry-Châtillon vient d’éliminer le SCO d’Angers (1-0) avec un but de votre part. Ça commence bien, non ?

Cette année 2019 commence très bien ! Moi, je reviens de blessure. Je n’étais pas là au tour précédent. Le coach m’a fait confiance et m’a mis directement titulaire. Après… dans le foot, il n’y a pas de hasard hein ! On savait qu’on était en-dessous de ces Angevins qui jouent en Ligue 1. On savait qu’ils mettraient le pied directement, donc on a essayé de mettre la barre très haute. Et ça a donné ça.

Comment s’est passée votre préparation ?

J’ai été arrêté quatre semaines à cause d’une blessure à la cheville gauche et au genou. J’ai repris plus tôt que les autres pour ce gros match. Je me suis préparé, j’ai couru seul… J’ai fait beaucoup de sacrifices de mon côté pour être au niveau aujourd’hui, surtout physiquement. Techniquement, je ne m’inquiétais pas trop, même si le terrain était assez difficile. Ça a porté ses fruits.

A la pause, le score était de 0-0. Que vous êtes-vous dit dans le vestiaire ?

Le coach Walid Aïchour nous a demandé de ne pas baisser les bras, de continuer à pousser encore. On arrivait en seconde période et les Angevins n’avaient pas réussi à marquer. Ils étaient en difficulté, donc la « honte » était plus de leur côté que du nôtre. On n’avait rien à perdre. Notre objectif premier était de nous amuser. On a poussé encore. En championnat, on est pas mal au niveau des coups de pied arrêtés. On a travaillé ces phases à l’entraînement. Je vais toujours au deuxième poteau. Et on en a profité…

Racontez-nous votre but, inscrit à la 51e minute sur corner…

Je ne sais même plus ce qu’il s’est passé ! Vass’ (Vasilieios Karagiannis) centre, quelqu’un reprend de la tête, le gardien sort, puis Xavier (Marcilla) me fait la passe au second poteau. Je surgis et la met au fond. Je ne suis pas trop habitué à marquer, même si je vais beaucoup vers l’avant et que j’obtiens beaucoup d’occasions devant le but. Après, on est là pour bosser hein ! On a une grosse marge de progression.

Et après le but…

Là, entre le public et l’équipe, c’est l’explosion.

 

A 1-0, est-ce que votre tactique change ?

On sait qu’ils vont pousser. Le coach nous a dit de rester solides, le capitaine aussi. On a pu compter sur un très bon gardien qui nous a sauvés à plusieurs reprises, notamment sur plusieurs duels avec Stéphane Bahoken. D’ailleurs, j’ai pu discuter un peu avec lui. Et c’est vrai que le terrain n’était pas facile (en première période, Bahoken s’est retrouvé seul face à Da Silva mais a raté sa frappe après que le ballon a eu un mauvais rebond au moment où le Camerounais déclenchait son tir, ndlr). C’est ce que j’ai dit aux joueurs d’Angers : nous, on a plus l’habitude de jouer ici, alors qu’eux ont l’habitude des terrains lisses, sans trous (rires). On a continué à attaquer en fin de match car on savait qu’il y avait des espaces dont on pouvait profiter, notamment moi car j’ai l’habitude de courir partout. On a rien lâché jusqu’à la fin.

Maintenant, place aux 16es de finale. Vous avez un souhait, un adversaire que vous souhaiteriez rencontrer ?

Non franchement. On verra le tirage au sort et on prendra l’équipe sur laquelle on tombera. Notre souhait premier était d’affronter une grosse équipe, notamment de Ligue 1. Même si on s’était arrêté là, même si on avait perdu, on serait sorti fiers. Là, on continue. Pourquoi pas le PSG ? (rires) On sait que le niveau sera beaucoup plus élevé. Mais on va se préparer pour le prochain tour.

Et à titre personnel, comment envisagez-vous la suite de votre carrière ?

Je suis à Viry avec le coach Walid, je bosse bien. On verra ce que l’avenir nous réserve. Moi, je travaille à côté, je suis chauffeur. D’ailleurs, je vais au travail après là ! La vie reprend son cours hein ! On profite, on profite, mais là, je vais au travail direct, même un samedi ! (rires) On a des objectifs à atteindre professionnellement aussi. Si on a l’occasion d’aller loin dans le foot, pourquoi pas. Je ne suis pas contre. Je travaille pour, mais je n’oublie pas le côté professionnel aussi. Si ça ne marche pas dans le foot… On ne sait jamais. J’ai grandi comme ça.

 

RFI

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