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M5-RFP : Vers une véritable refonte de la République avec ou sans IBK

Le M5. RFP est un mouvement de contestation dont les origines remontent de très loin. On va aller jusqu’aux closes secrètes et alliances nouées lors des tractions pour les présidentielles de 2013.

 

Les putschistes auraient cédé le pouvoir, non seulement aux responsables de la transition dirigée par le Professeur Dioncounda Traoré, sous l’égide de la Cedao, mais encore et surtout au Président démocratiquement élu avec la bénédiction des leaders religieux.

Dans les négociations pour la désignation de l’actuel PR par la junte comme candidat du prince du jour, les chefs religieux ont joué un rôle prépondérant. La close aurait été qu’IBK fasse un mandat et qu’il passe après la main aux ex-putschistes. Malheureusement, celui qui s’était engagé auprès de certains leaders religieux, une fois au pouvoir, aurait fait volte face. C’est peut être ce qui explique l’implication personnelle de la figure de Mahmoud Dicko et de celle du Chérif de Nioro, dans la contestation contre le pouvoir en place dirigé par IBK. En tout cas, on a vu l’Imam Dicko, non seulement se désigner ainsi que son grand allié, le très écouté, Bouillé, comme les premiers responsables de la catastrophe à tout égard dans laquelle le Mali se trouve plongé depuis l’arrivée d’IBK aux affaires, et l’entendre présenter publiquement leurs excuses aux maliens et maliennes pour le triste sort qui leur a été infligé par celui qui est surnommé Dio Brin et son pouvoir.

A plusieurs reprises l’Imam Dicko s’en est prie ouvertement au PR de n’avoir jamais respecté aucun de ses engagements. À plusieurs reprises, il a rappelé et avoué à ses compatriotes que ce sont eux qui l’ont fait élire. Ils pensaient qu’il allait redonner au pays son honneur, sa dignité, sa liberté perdues à cause de ce qu’il a subi de la part des groupes armés et autres ennemis déguisés en amis. Ils pensaient qu’ils allaient lutter contre la corruption et le népotisme. Ils ont été surpris désagréablement de voir des civils et militaires enlevés, obligés de se refugier pour les uns et de procéder au repli tactique pour les autres, s’ils ne sont pas tout simplement éventrés, égorgés comme des bêtes ou en tout cas fugués voire dynamités aux moyens des explosifs.

Aux mieux pour eux, ils sont dépouillés de leurs vivres, bétails, argents et de tout autre bien. Ils ont été déçus par le nombre et l’ampleur des scandales de  corruption qu’IBK et son régime se sont rendus coupables qui vont de l’affaire de l’avion présidentiel à celle des équipements militaires en passant par l’affaire des engrais frelatés, des tracteurs, des avions de guerre cloués au sol sans oublier les problèmes de surfacturations, de détournements des derniers publics, la délinquance financière et l’ingérence de la famille dans la gestion des affaires publiques pour ne citer que ces quelques exemples.  Il faut également ajouter le fossé criard entre le terrain de vie de l’élite dirigeante et la majorité des travailleurs. Tandis que la majorité des maliens et des maliennes de l’intérieur comme de l’extérieur sont obligés de vivre dans l’insécurité sociale à travers un système de santé, d’éducation défaillant pour ne pas dire inexistant, l’insécurité alimentaire, IBK et son régime baignent dans le luxe insultant. Pour boucler la boucle, ne voulant pas trouver aucune solution aux maux qui minent le pays, le régime se donne, sans gêne à la diversion voire au mensonge et au mépris de ses propres citoyens.

Ce mépris s’exprime dans des formes multiples et variées. Mais il vient surtout de la confiscation du vote des citoyens depuis les présidentielles de 2018 jusqu’à celle savamment organisée, orchestrée et mise en exécution lors des récentes élections législatives à travers le tripatouillage et la manipulation du ficher électoral et des résultats soldés par la nomination de certains députés et le bombardement de l’un d’entre eux comme le président de l’Assemblée nationale avec la complicité de la Cour Constitutionnelle et sous les ordres du prétendu prince du Mandé. Ainsi donc, contrairement à une certaine thèse qui veut, à dessein faire passer le M5. RFP pour un mouvement qui consacre la montée de l’islamisme, force est de reconnaître que ce mouvement est né, pour ma part, de la crispation des frustrations multiples et variées engendrées par la mauvaise gouvernance et donc de la défaillance de l’Etat de droit démocratique.

Il faut reconnaître que le régime a été son propre fossoyeur et avec lui, il a plongé le pays dans la pire des crises politiques de son histoire depuis 1991.Pour la résoudre, on ne saurait se cacher derrière un juridisme étriqué mettant en avant des dispositifs constitutionnels faisant le jeu du PR et de son régime. Il est évident que la crise est politique et la solution ne peut être que politique. Une exploitation du droit dans le contexte où se trouve le pays ne fera que le précipiter davantage dans  le gouffre.

La solution politique que je propose ne peut être réalisée sans un compromis.

Cependant, elle doit éviter toutes compromissions qui ne feront que disqualifier à jamais le M5. RFP dans le combat pour, non seulement la libération, mais encore la liberté du peuple malien. Elle suggère deux schémas. Le premier propose une transition avec le PR dont la durée reste à déterminer en fonction de l’ampleur du travail de refondation nécessaire susceptible de redonner aux maliens et aux maliennes de l’intérieur comme de l’extérieur l’honneur et la dignité perdus. Elle va fondamentalement reposer sur un PM de plein pouvoir dont les modalités de désignation restent à définir. Celui-ci va être chargé de conduire l’exécutif.

La transition politique proposée nécessite, par contre, la dissolution et de la Cour constitutionnelle et de l’Assemblée nationale. Une fois cela, il faut mettre en place une Constituante dont les modalités de nomination des membres vont être définies. Une nouvelle Cour constitutionnelle  sera mise en place sur la base des nouvelles modalités qui vont être fixées par les membres de la Constituante de telle sorte que la Cour constitutionnelle soit complètement indépendante du pouvoir exécutif. Pour tout dire, les organes de la transition dont le PR, le gouvernement et la Constituante vont travailler à une nouvelle constitution corrigée de tous les tares de l’ancienne de telle manière que les maliens et les maliennes se sentent enfin dans une république au sens propre du terme.

Le deuxième schéma qui est le pire des meilleurs, pour IBK et son régime, c’est de négocier une sortie honorable. Ces deux schémas mis ensemble nous conduisent à un dialogue entre les deux parties en conflit et donc à un accord politique. Si malheureusement, elles n’arrivent pas à trouver un compromis autour de ces deux plans politiques de sortie de crise, le rapport de force risque de prévaloir sur l’intelligence. Ce qui pourrait maintenir le pays dans l’impasse.

Pour combien de temps et surtout avec quel risque ?

Bakabigny KEITA

Professeur de philosophie politique

Le Prétoire

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