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M5-RFP: la diversion

Véritable séisme au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), secousse politique d’une grande magnitude sur l’échiquier national ou tremblement de terre dans un verre d’eau ? Le Dr Choguel Koakalla Maïga de son mandat de président du Comité stratégique est annoncé comme révoqué par le trio Mountaga-Bittar-Imam Diarra.

Si l’opinion était plus ou moins préparée à la fracture qui couvait, car il n’y a jamais de fumée sans feu et les crises d’appétence en politique donne toujours lieu à des séparations souvent affligeantes, dit-on, jusqu’où ira le M5-RFP embarqué dans le navire du Karma ?

Après plusieurs semaines de guerre de communiqués et de communications par tendances interposées, celle dirigée par Me Mountaga Tall, président du CNID-FYT qui comprend l’ancien ministre Imam Oumarou Diarra, président du parti Mouvement Patriotique pour la Justice (MPJ-Faso Yelen) et Jeamille Bittar, président du parti Mouvement Citoyen pour l’alternance le travail et la transparence (MC-ATT) a franchi le Rubicon en annonçant nuitamment la révocation du Dr Choguel Kokalla Maïga en tant que président du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). C’est donc fait et acté, conformément à l’ultimatum des 72 heures, une nouvelle page s’écrit dans la déchirure, voire la déconfiture du Mouvement populaire qui a eu raison du régime du président IBK.
Réuni le 5 mars 2024 avec leurs amis, les trois (3) acteurs politiques – un avocat naufragé en politique, un opérateur économique en disgrâce et un Imam politique ambitieux – érigés en Comité stratégique du parti M5-RFP pour les besoins de la cause, ont pris la décision ‘‘de révoquer purement, simplement et démocratiquement le mandat de président du Comité stratégique du M5-RFP initialement confié à Choguel Kokalla Maïga’’. Mais dans le communiqué qu’ils ont rendu public ce dernier reste membre du Mouvement et du Comité stratégique, car aucune décision d’exclusion ou de suspension n’est prise contre lui à cet égard. En français simple, désormais le Dr Choguel Maïga, Premier ministre, n’est plus leur président du comité stratégique.

Vaudeville ! La décision affligeante n’est pas moins cocasse. Infantile, elle est ; imprudente, elle l’est également et irréfléchie, enfin, elle a tout l’air. La signature ne fait l’ombre d’aucun doute : elle est de celui qui a dénié publiquement à Choguel Kokalla Maïga tout droit d’auteur pour les déclarations et les prises de positions au nom du M5-RFP… et qui, comme un charognard de nos savanes en quête de pitance, pond un nullissime aussi risible. Outre l’absence d’indication du lieu de la réunion, la décision ‘‘démocratique’’ ‘‘oublie’’ d’indiquer (de lister) les signataires des entités membres du Mouvement qui ont approuvé la révocation du président du Comité stratégique du Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP).
Le trio à l’assaut de la Primature
L’intifada des 3 individus politiques a été déclenché pour ‘‘ramener la cohésion et la sérénité au sein du M5-RFP’’ ou au contraire pour déboulonner un président du Comité stratégique doublé de Premier ministre qui s’incruste au lieu de tirer sa révérence ? La guerre autour de la ‘‘place’’ du vice-président n’est que le prétexte avancé pour donner l’assaut à Choguel Kokalla Maïga qui vient de triompher encore d’une maladie qui aurait l’emporter. Qu’est-ce qu’on reproche tant à Boubacar K Traoré ? Son ‘‘incapacité notoire du Vice-président à diriger les débats du Comité Stratégique et encore moins à assurer une représentation satisfaisante du mouvement’’ ou sa proximité avec le Premier ministre ? Il est très curieux de la part des missionnaires d’invoquer l’incapacité du vice-président alors que celui-ci est en poste depuis trois ans.
Brandir les idéaux oubliés du M5-RFP à la rescousse de leur putsch par procuration contre Choguel Kokalla Maïga n’est que diversion et poudre aux yeux. Car la déclaration est dirigée contre lui en tant que Premier ministre, et non en tant que Président du Comité stratégique. Des idéaux du M5, qu’en savent-ils ?
A l’invitation du Président de la transition d’alors, le colonel-major Bah N’Daw, le Mouvement du M5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a présenté le 6 mai 2021 au Palais de Koulouba ses revendications se déclinant en dix points : la dissolution du gouvernement et du CNT ; la lutte contre la corruption ; la relecture de l’Accord d’Alger ; la poursuite devant la justice des auteurs des tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020 ; l’audit des institutions et services publics ; l’audit du patrimoine immobilier de l’Etat et des ressources publiques allouées à certains services ; l’organisation des Assises nationales pour la refondation du Mali ; une révision consensuelle et inclusive de la Constitution et la mise en place d’un organe unique de gestion des élections.
Le Mouvement du 5 Juin, Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) est un mouvement populaire et non populiste, d’unité et non de déchirements. Ce sont les hommes qui se travestissent, sinon les idéaux du Mouvement sont immuables, parce qu’émanant des attentes légitimes de notre peuple.
En effet, l’esprit M5 a germé plusieurs décennies dans la mémoire collective et dans le subconscient de notre peuple, avide de liberté, jaloux de son indépendance, intransigeant avec sa dignité et fier de sa culture et de ses valeurs sociales d’humanité et de tolérance.
En tant que Forces du changement pour la refondation et l’émanation de l’aspiration du peuple à voir leur pays gouverner autrement pour un mieux-être partagé, il a été fondé le 5 juin 2020 autour de six (6) idéaux majeurs qui constituent la trame de fond de son combat, c’est-à-dire les raisons profondes de ses revendications.
Les raisons d’être du M5
La première raison d’être du M5 se referait à la SECURITE dont le niveau de dégradation en 2020 compromettait dangereusement l’avenir de la Nation et de l’Etat. Où en est-on aujourd’hui ?
La deuxième raison de son existence était une quête la JUSTICE, en particulier la lutte contre la corruption et l’impunité. Combien de corrompus croupissent dans les prisons ou ont choisi de prendre la clef des champs ?
La troisième raison de la lutte du M5-RFP était purement politique : la mise en place d’un Organe Unique et Indépendant de Gestion des Elections, car il faut toujours se souvenir que la plus grave crise politique de notre pays est partie de la crise post-électorale née des élections législatives contestées de mars-avril 2020. C’est désormais un acquis.
La quatrième raison de l’émergence du Mouvement, était la conduite urgente de réformes politiques et institutionnelles dont une nouvelle constitution, en d’autres termes aboutir à la Refondation de l’Etat. La 4e République est née.
La cinquième raison du combat du M5 était d’aboutir à la stabilité sociale durable, à travers la conclusion d’un Pacte de Stabilité pour la Croissance et le Développement. Nous y sommes. Nous sommes loin de la participation responsable, comme au temps de l’UDMP, mais au Mali nous pouvons nous targuer d’avoir un patriotisme syndical ou un syndicalisme patriote.
Enfin, la sixième raison de la mise sur les fonts baptismaux du M5-RFP était l’examen objectif de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, pour en analyser intelligemment tous les aspects de sa mise en œuvre, en écartant la partition de l’Etat et la désintégration du Mali. Aujourd’hui tout le monde se réjouit que le Mali soit sorti de cet Accord et salue le prochain dialogue inter-maliens.
Le comité stratégique n’est pas l’enjeu
C’est louable à Mountaga de dénoncer les turpitudes dans la gestion de Choguel Kokalla Maiga au Ministère de la Communication, il aurait été sain et honorable à lui de demander l’audit de la gestion des deux ministères qu’il a occupé sous le président IBK avant de s’autoproclamer saint au-dessus des saints. Quel était l’état des lieux de l’enseignement et de la Communication à l’avènement de la transition ?
Si les 3 révanchards politiques avaient dénoncé la gouvernance énergétique qui est aujourd’hui le premier souci de tous les Maliens, peut-être que les Maliens auraient été émus. S’ils avaient trouvé autre chose contre la transition, les Maliens auraient tendu une oreille attentive. Mais remplacer Jean par Paul, pitre équation de place.
Ce n’est pas la place de Boubacar K Traoré ni même celui de Choguel Kokalla Maiga au Comité stratégique qu’ils convoitent. Le M5-RFP n’est pas la tasse de thé de Me Tall qui voulait même céder la présidence de son parti. Ce que les trois veulent c’est la Primature. Car, ils estimeraient que Choguel Kokalla Maïga est Premier ministre parce qu’il est président du Comité stratégique du M5, donc s’il ne l’est plus, il ne devrait plus être à la Primature. Sauf que ce n’est pas ce que dit la nouvelle Constitution que chacun d’eux a voté. L’article 57 de la Constitution dit que «le Président de la République nomme le Premier ministre et met fin à̀ ses fonctions. Il nomme les autres membres du Gouvernement, après consultation du Premier ministre et met fin à̀ leurs fonctions’’.
Le terme M5-RFP, quoique respectable, ne figure pas dans la Constitution. Alors si tout ça c’est pour ça, alors c’est peine perdue. Car au lieu de s’attaquer au pauvre Choguel, la cible des trois personnes devrait être Assimi qui l’a nommé et qui le maintient. Or, chacun sait que dans sa charge de chef de l’Etat, comme tout bon chef militaire, le colonel Assimi Goïta ne se soucie pas de X ou Y et il ne regarde ni à gauche ni à droite quand il faut agir, il agit seulement et avance, ce qui doit arriver lui trouvera en chemin.
Alors, il n’est sûr que cette petite tempête dans un verre puisse impressionner le décideur de lâcher Choguel et de prendre Mountaga, Imam Oumarou ou Jeamille Bittar comme Premier ministre du Mali. Outre que cela parait ce qu’on appelle ‘’Ka sugune kela bila, ka bo kela ta’’.

PAR SIKOU BAH

Info Matin

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