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Lutte contre l’esclavage par ascendance à Kayes : Kassogué pourra-t-il gagner le pari ?

Dans la cité des rails (Kayes), une centaine de familles ont été contraintes de céder leur terroir, sous l’effet des pratiques liées à l’esclavage par ascendance, en ce 21ème siècle où la constitution malienne du 25 février 1992 traite les citoyens au même pied d’égalité. En position d’infériorité, ces habitants réputés être « esclaves » doivent respect et l’obéissance aux « maitres », ces habitants jouissant le droit de la noblesse.

Plus de 37 personnes ont été, le 29 septembre 2021, interpellées en raison de la pratique dans le cercle de Bafoulabe. Cela faisait suite à la diffusion d’une vidéo sur les toiles où des jeunes traités d’esclaves étaient ligotés et torturés par d’autres considérés être maitres dans cette localité sise dans la région de Kayes. Par la même occasion, l’association malienne des droits de l’homme (AMDH) avait dénoncé le comportement, invitant les autorités de la transition à « engager des poursuites contre les auteurs, les co-auteurs et les complices de cet abus des droits de l’homme ».Les responsables de l’association avaient également sollicité aux autorités d’adopter une loi criminalisant l’esclavage par ascendance. « Un simple mot : je ne suis pas ton esclave ne doit pas déclencher entre personnes civilisées ce genre de comportements », soutenait à l’époque Me. Moctar Mariko, président de l’AMDH. Même si les efforts sont en cours, force est de reconnaitre que cette lutte peine à voir le bout du tunnel, avec les nouvelles autorités du pays. À Kayes, l’esclavage par ascendance a entrainé des migrations forcées parfois peu visibles. Certaines données font part de plus de 3000 victimes de cette situation répertoriées en 2018, dans la circonscription de Kayes. Les renseignements attestent que le phénomène existe dans les zones sahéliennes, notamment dans des pays comme la Mauritanie, le Niger, le Tchad. Aussi, l’esclavage existe dans le septentrion du Mali. Mais, le cas de Kayes semble être différent de celui des autres zones. Une nuance qui se traduit par le fait qu’il existe une rivalité entre deux tendances dans la cité des rails (Kayes).La tendance des supposés être maitres trouve que l’esclavage est une coutume et qu’il va falloir la perpétuer. Et l’autre tendance, composée des suspectés être esclavages trouve la pratique aberrante à laquelle il faudra désormais mettre un terme. Ceux qui expriment leur désaccord de ne plus être l’esclave de quiconque sont souvent violentés, battus et chassés de leurs domiciles. Il y en a qui sont stigmatisés, puis exclus de la société. Dans un reportage fait en 2021 par nos confrères de TV5 Monde, il reste clair que « sur 100 plaintes liées à des différends sur l’esclavage, aucune n’aura la mention de l’esclavagisme. Les autorités préfèrent évoquer des différends, des coups et blessures, des problèmes de terre ainsi que plein d’autres justifications, alors que le fond du problème entre les protagonistes est l’esclavage. Des gens se font tout arracher parce qu’ils sont esclaves, mais au lieu que ce soit inscrit sur les plaintes, les agents de la police judiciaire au lieu de prendre toutes les mesures, minimisent les choses, en ne mentionnant pas l’esclavage », lit-on sur ce reportage qui précise que « de Bamako à Kayes et de Kayes à Kidal plus de 800.000 maliens vivent toujours dans une forme d’asservissement ».

Les autorités seront-elles capables de relever le défi ?

La pratique se poursuit dans plusieurs zones de Kayes, notamment dans des localités comme Nioro du sahel, Diéma, Yélimané, Kita. Elle a fait que 2000 déplacés se sont retrouvés À Mambrid, une localité sise à Kita, après avoir été astreints de céder leur village aux maitres. De nos jours au Mali, tout le monde est unanime que l’ex-président IBK a été chassé du pouvoir pour la refondation du pays, une expression qui insinue l’imminence de cesser une telle violation des droits de l’homme au Mali. Les nouvelles autorités sauront-elles le faire ? En tout cas, une lettre instruisant l’évaluation des mesures prises pour la lutte contre l’esclavage par ascendance a été adressée, le 4 février 2022, au procureur général près la cour d’Appel de Kayes, par le ministre de la Justice et des Droits de l’homme. « L’esclavage par ascendance est une pratique dont les conséquences ont fortement entamé la cohésion et la paix sociale dans certaines localités de notre pays, notamment dans la région de Kayes, où plusieurs cas d’atteintes à l’intégrité physique des personnes ont été enregistrés », évoque le ministre Mamoudou Kassogué. Face à la pratique, il dit avoir adressé au procureur la lettre circulaire N°0000863/MJDH du 11 novembre 2021, afin que des suites appropriées soient réservées aux affaires judicaires en lien avec cette pratique. Dans la même lettre, le ministre invite le procureur à prendre des dispositions, dans les meilleurs délais, pour effectuer une mission d’évaluation des dossiers en rapport avec le fléau, dans le cadre de la lutte contre la pratique. N’est-ce pas une épine dans le pied des autorités dans la lutte contre l’esclavage par ascendance ?

Mamadou Diarra

Source: LE PAYS

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