Au cours de cette conférence « historique », beaucoup de résolutions ont prises pour palier à cette question d’esclavage au Mali. Au nombre de quarante, les participants ont proposé entre autres : Informer et sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur l’existence de la pratique ; Appliquer les résolutions issues du Dialogue National Inclusif (D.N.I) à propos des pratiques liées à l’esclavage par ascendance au Mali dans la région de Kayes ; Ne plus appeler ou traiter quelqu’un d’esclave ; Informer et attirer l’attention de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (C.E.D.E.A.O) et l’Union Africaine (U.A) sur des faits concernant tous les villages soninkés de la zone Ouest africaine ; Mettre en garde contre d’éventuels troubles ethniques ; Demander aux communautés concernées d’éviter la stigmatisation ; Inviter l’Etat et la société civile à travailler dans l’information et la sensibilisation des communautés concernées ; Bâtir un monde respectueux de l’espèce humaine, sans considération de races, d’ethnie ou autre en organisant des assises nationales dans le pays soninké ; Rejeter toutes formes de coutumes de promotion de l’esclavage par ascendance par exemple le LAADA (qui signifie la charte ancestrale en Mandingue) qui oblige les descendants d’esclaves à travailler pour leurs maitres ; Abolir l’esclavage coutumier ou esclavage par ascendance par circulaire, ordonnance ou décret dans un premier temps avant la loi ; L’arrêt immédiat d’agressions sexuelles sur les femmes des descendants d’esclaves; Inciter les acteurs de la chaine pénale du Mali à appliquer le code foncier et domanial pour l’appartenance des terres cultivables; Expliquer aux chefs des villages concernés de respecter les décisions de justices car nul n’est au-dessus de la loi ; Inviter les administrateurs civiles à plus d’impartialités dans le règlement de ces conflits ; Accompagnement des victimes à travers la saisine de la Cour Pénal International ; Organiser dans les plus brefs délais une rencontre de haut niveau par visio-conférence entre les initiateurs de cette conférence et le bureau exécutif du Barreau Pénal International ; Demander au Barreau Pénal International (B.P.I) de se constituer comme défenseur des victimes des pratiques à l’esclavage par ascendance auprès de la Cour Pénal International pour dénoncer cette pratique en vue de les indemniser ; Demander au Barreau Pénal International (B.P.I) de saisir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme pour accentuer les communications visant à stopper toutes les atrocités liées à cette pratique ; Inviter les partenaires techniques et financiers du Mali à apporter leur soutien dans le cadre de la lutte contre l’esclavage au Mali ; Accélérer tous les dossiers en souffrance des victimes auprès des juridictions compétentes ; Faire le plaidoyer notamment pour l’adoption de la loi contre l’esclavage par ascendance au Mali tout en cherchant les raisons du blocage autour de cette loi ; Faire une proposition de projet de loi et le soumettre à l’Etat ; Mettre les victimes à l’aise en leur offrant une tribune pour raconter les pratiques inhumaines auxquelles elles ont été confrontées ; Sensibiliser les victimes à recourir aux moyens juridiques légaux pour réclamer leurs droits ; Mettre en place une commission pour le retour des déplacés dans leurs villages respectifs avec le concours des partenaires techniques et financiers ; Mettre un mécanisme de prévention des tortures sur l’espèce humaine auprès des autorités compétentes ; Production d’un rapport mettant l’accent sur la lutte contre l’esclavage par ascendance chaque trimestre par les initiateurs de la conférence du 22 Mai 2021 de Bamako ; Impliquer d’avantage les acteurs politiques dans la résolution de ce conflit intercommunautaire en vue de mieux cerner la question de l’esclavage ; Mettre l’accent sur l’implication des leaders religieux pour lutter contre la pratique de l’esclavage ; Que l’Etat fasse une condamnation sans précèdent à travers un communiqué sur toutes les atrocités liées à cette pratique pour élucider sa position; Obliger à l’Etat à faire reconnaitre cette pratique par tous les chefs des villages concernés par risque de ne pas être exposés à des sanctions; Mettre à la disposition des acteurs de la chaine pénale des moyens techniques, humains et financiers dans l’accomplissement de leurs missions ; Inciter Les magistrats à se servir des instruments internationaux ratifiés par le Mali pour réprimer les auteurs et les faits relatifs à la pratique de l’esclavage ; Sensibiliser les acteurs de la chaine pénale à faire preuve de bon discernement lors des qualifications des infractions découlant de la pratique de l’esclavage par ascendance ; Punir tous les acteurs de la chaine pénale qui monnayent les procédures des justiciables liées à la pratique de l’esclavage par ascendance ; Faire en sorte que le Mali transpose les instruments juridiques internationaux auxquels il a souscrit, dans son système interne, car l’applicabilité desdits instruments passe forcément par l’utilisation de ces instruments juridiques ; Les acteurs de la chaine pénale doivent plus utiliser ou appliquer les traités et conventions ratifiés par la République du Mali ; Faire en sorte de rencontrer le Président de la Transition, le Premier ministre de la Transition et le Président du Conseil National de Transition dans les prochains jours pour la présentation des résolutions et la proposition du projet de loi issues de la conférence du 22 Mai 2021 sur l’esclavagisme au Mali ; Inciter les Etats dont le phénomène de l’esclavagisme est présent de tout mettre en œuvre pour l’éradication sans condition de cette pratique d’une autre époque et en fin mettre en place un mécanisme de suivi et de contrôle de ces résolutions qui aura pour objectifs d’apprécier les résultats obtenus à court, moyen et long terme.
Issa Djiguiba
Source: Journal le Pays- Mali