Alou Cissé dit Zol a fait de la lutte contre les sachets plastiques non biodégradables et la préservation de l’environnement son cheval de bataille. Objectif : Zéro plastique au Mali. Le trentenaire est connu par nombre de Bamakois pour sa couverture faite exclusivement de sachets plastiques noirs qu’il porte sur lui et qui enveloppe entièrement sa moto. Danseur chorégraphe de son état, Zol estime que les artistes doivent contribuer à l’éducation des populations pour aider les citoyens à comprendre, intégrer le besoin et l’urgence de changer nos modes de consommation des plastiques. « Les artistes, pense-t-il, peuvent inspirer les populations. Celles-ci peuvent, à leur tour, inspirer les gouvernements ou les gouvernants ».
Comment est l’idée lui est venue de se couvrir de sachets plastiques de couleur noire ? «C’était en 2004. J’accompagnais des étrangers à l’Aéroport. Tout au long du chemin, nous voyions des sachets plastiques dans la nature. Ces étrangers ont commencé à se moquer de mon pays. A partir de cet instant, j’ai décidé de faire de la protection de la nature contre ces sachets plastiques non biodégradables une lutte personnelle. A mon retour, j’ai réfléchi à ce que je peux faire, concrètement, en tant qu’artiste pour sensibiliser mes concitoyens sur l’utilisation de ces sachets», explique-t-il.
Pour joindre l’acte à la parole, Zol crée des pièces de sensibilisation qu’il présente dans les salles de spectacles. «Le message élaboré à cet effet n’atteignait pas un grand nombre de personnes comme je le voulais. Beaucoup de gens n’ont pas accès aux salles. Alors, cette idée m’est venue de porter des sachets malgré tous les dangers qu’ils représentent pour mon corps et d’orner ma moto afin d’attirer l’attention sur le fait que ces matériaux constituent un danger pour la nature. Pour ce faire, j’ai acheté des sachets neufs que j’ai pris soin de raccommoder comme parure», dit-il.
Dans son habit en sachet noir, Zol fait des performances aux mariages, festivals et autres rencontres. «Mon objectif est de mettre fin à l’essor de ces plastiques qui ont un impact considérable sur les animaux, les êtres aquatiques et ralentissent la croissance normale des cultures’, dit-il.
« Depuis 2012, le Mali s’est engagé à supprimer les plastiques non biodégradables. Cet engagement de l’Etat ne modifie en rien le paysage bamakois où les rues sont jonchés de plastiques en tous genres. Je compte aller partout au Mali pour sensibiliser les populations sur les dangers et les méfaits des sachets plastiques», ajoute notre interlocuteur.
Pour ce faire, Alou Cissé dit avoir élaboré un projet dénommé : «Sauvons la nature» qui attend d’être financé. Il s’agit d’un appel à un réveil citoyen sur la question des déchets plastiques. Avec des activités artistiques, à travers son Association «Graines de danseur», il voudrait sensibiliser la population afin de mettre en place des alternatives à l’utilisation des plastiques à usage unique. «Nous voulons lancer une opération de ramassage des plastiques qui envahissent nos rues pour les valoriser, aller à la rencontre des habitants afin de leur exposer des solutions écologiques comme alternative à l’utilisation des sachets plastiques », indique Zol.
« Nous ne voulons pas que nos animaux meurent davantage à cause de l’ingestion de sacs en plastique. Nous voudrions que nos pêcheurs continuent à pêcher du poisson, pas du plastique. Nous espérons que nos enfants pourront continuer à vivre correctement sur cette Terre», ajoute l’artiste.
En attendant le financement de ce projet, Alou Cissé continue de faire tourner les regards sur son passage, alimentant la curiosité de nombreuses personnes. Comprennent-elles, seulement, le sens de son combat et le message qu’il véhicule ? Difficile de répondre par l’affirmative. Par contre, des initiatives de transformation ou de recyclage des sachets plastiques non biodégradables se multiplient à Bamako, la capitale malienne.
Ces initiatives visent, globalement, à transformer le plastique, connu comme une source de dégradation de l’environnement en milieu urbain, en «opportunité économique sous la forme d’une entreprise sociale avec une stimulation de l’esprit entrepreneurial» chez les jeunes et les femmes. Il s’agit de fabriquer des pavés avec des sachets en plastique collectés dans nos quartiers par les femmes et les jeunes. La technique est moins coûteuse.
Les déchets plastiques sont fondus dans un récipient. «La pâte obtenue est, ensuite, passée à travers un moule pour produire les pavés. Les mêmes déchets plastiques étant utilisés comme combustible, les coûts de production sont considérablement réduits», expliquent les experts.
Des projets similaires ont commencé à pousser un peu partout à Bamako. L’ambassade de France au Mali a annoncé une enveloppe financière estimée à 350 millions de Fcfa pour financer 19 associations œuvrant pour la protection et la préservation de l’environnement. Des usines de transformation de déchets plastiques se sont implantées et font vivre des milliers de femmes et jeunes qui récupèrent la matière sur les dépôts et décharges d’ordures pour, ensuite, les revendre aux industriels.
La gestion des déchets, notamment plastiques est l’un des défis majeurs auxquels sont confrontées les villes dans les pays en voie de développement comme Bamako, la capitale malienne. La croissance démographique et la diversité des activités socio-économiques ont conduit à cette situation. Conséquences : des tas d’immondices poussent au cœur de nos villes, des caniveaux sont transformés en dépotoirs d’ordures et des déchets brûlés dans les rues. Les eaux emportent ces déchets indestructibles dans les rivières, qui se déversent ensuite dans les fleuves Niger et Sénégal, souillant ainsi la source principale des eaux de consommation.
Au Mali, une loi de 2014 interdit la production, l’importation et la commercialisation des sachets plastiques non biodégradables dans le pays. Malgré l’existence de cette disposition, ces matériaux indestructibles, nuisibles pour l’homme et à son environnement continuent de circuler à travers le pays. Ils sont utilisés à des fins multiples.
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Source : (AMAP)