Dans le cadre de la série de visites de courtoisie qu’il a initiées depuis da prise de fonction, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux, Mahamadou Kassogué, accompagné des membres de son cabinet, s’est rendu jeudi dernier, dans les locaux du Pôle judiciaire spécialisé (PJS) sis au Quartier du fleuve.
Le PJS, tout comme le Pôle économique et financier, est une juridiction stratégique dans la lutte contre les crimes, de façon générale. Il a particulièrement vocation à lutter contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, et les crimes contre l’humanité.
Créé en 2013, le Pôle judiciaire spécialisé a été opérationnel en 2015. Il compte aujourd’hui 11 cabinets spécialisés, 7 juges d’instruction, un parquet composé du procureur antiterroriste et ses substituts, et une Brigade d’investigation spécialisée (BIS).
À travers ce déplacement, le Garde des Sceaux était venu s’enquérir des conditions de travail des responsables de cette juridiction stratégique dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé et relever les difficultés afin de pouvoir apporter des réponses appropriées.
Après une visite guidée des bureaux, le ministre a présidé une séance de travail avec les responsables de la juridiction en présence de plusieurs acteurs clés de la chaine pénale. C’était en présence du procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Idrissa Arizo Maiga, du président du Tribunal de grande instance de la Commune VI, dont relève le Pôle, Assama Dolo.
Au cours des échanges, le procureur du Pôle judiciaire spécialisé, Samba Sissoko, a rappelé la composition de sa structure et son fonctionnement, avant présenter certaines doléances pour une meilleure fonctionnalité de l’organe au bénéfice des justiciables.
Au nombre des attentes adressées au ministre Kassogué figurent en bonne place la finalisation du texte sur la création de l’Agence de recouvrement et de gestion des avoirs criminels, la situation des greffiers qui attendent depuis 2015 l’officialisation de leur nomination par voie d’arrêtés…
En réponse, le ministre de la Justice a promis d’être un avocat pour ses interlocuteurs auprès des plus hautes autorités de la Transition qui ne ménageront aucun effort pour apporter des solutions acceptables.
«Nous vous invitons à nous accompagner dans le cadre de la mise en place d’une politique pénale adaptée aux attentes de la population, celle qui montre la justice au cœur du changement en la rapprochant des justiciables», a-t-il exhorté.
Selon le Garde des Sceaux, il s’agit par cette visite de demander aux acteurs de cette juridiction spécialisée d’engager une lutte implacable contre le crime organisé, sous toutes ses formes. Notamment la traite des personnes, le trafic de drogues et des êtres humains, le trafic des espèces protégées, des œuvres d’art et des métaux précieux, sans oublier le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Mahamadou Kassogué a également invité les acteurs du Pôle à lutter efficacement contre les violations graves des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. « Il s’agit, en somme, de réussir la lutte contre l’impunité sous toutes ses formes », a-t-il souligné.
Depuis sa création, le PJS a traité 47 dossiers de traite des personnes sur lesquels 20 ont déjà connu une suite judiciaire. S’y ajoutent une cinquantaine de dossiers en lien avec le terrorisme. Notamment les dossiers des attaques contre l’hôtel Radisson Bleu ou encore de la ville de Misseni dans la Région de Sikasso dont les auteurs ont été arrêtés, jugés et condamnés. Sans oublier ceux qui seront jugés à travers les assises en cours présentement.
Aboubacar TRAORÉ
Source : L’ESSOR