Face à la multiplication des rencontres entre autorités maliennes et russes en vue d’un futur déploiement des forces russes dans le nord du Mali, les autorités françaises tentent de redorer leur blason avec l’arrivée prochaine d’une force spéciale européenne. Déjà Paris s’inquiète.
L’appel des populations et des autorités maliennes pour un déploiement des forces russes aux cotés des forces armées maliennes dans le Nord du Mali est en passe de devenir une réalité. En effet, quelques jours après que le Président de la République, Ibrahim Boubacar ait participé à la rencontre de Sotchi où il a plaidé pour le soutien militaire de la Russie aux pays du G5 Sahel, les choses se précisent de plus en plus.
Le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Général de division Ibrahima Dahirou Dembélé, a reçu en audience, le jeudi 31 octobre 2019, l’ambassadeur de la Russie, Son Excellence M. Igor Gromiko. La question sécuritaire et le renforcement de la coopération militaire étaient aux menus des échanges de cette rencontre.
Selon M. Gromiko, après le sommet de Sotchi, « cette rencontre peut être considérée comme le point de départ qui vise à améliorer les relations de coopération entre les deux pays ». Il a exprimé la ferme volonté de son pays à « aider le Mali à faire face aux défis de l’insécurité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le sahel ».
A comprendre les propos de l’ambassadeur, l’on peut aisément dire qu’il ne reste plus aux forces russes que de déposer leurs valises étant entendu que les derniers réglages ont été faits du coté de la diplomatie. Si nous ignorons le moment précis pour ce déploiement, toujours est t-il que cela ne saurait tarder.
Depuis que les autorités françaises ont compris que la population malienne ne leur fait plus confiance quant à leur sincérité à traquer les terroristes et à soutenir les FaMa sur le terrain, Emmanuel Macron, Président de la France, a dépêché deux missions auprès du Président IBK.
Dans un premier temps, l’ambassadeur de France au Mali a été reçu par le chef de l’Etat, pour dit-t-il, « apporter le soutien de son pays aux FaMas ». Après l’attaque de Indelimane, ce fut le tour du ministre des Armées, Florence Parly de séjourner à Bamako pour « renforcer le soutien aux forces maliennes ».
Reçue par IBK, Mme Parly, dans la foulée, a annoncé le déploiement très prochainement des forces spéciales européennes pour lutter contre les terroristes dans le nord du Mali.
La France veut éviter le scénario Centrafricain
Que cachent Paris à travers cette « soit disant force spéciale » européenne ? Quel est l’objectif visé par la force européenne ? M. Macron, a-t-il l’intention de retarder l’arrivée des forces russes ? Pour certains observateurs, Paris veut montrer aux Russes qu’ils n’ont pas à gater leurs business dans leur pré-carré. Autrement dit, Emmanuel Macron veut à tout prix éviter le scenario de la Centrafrique. On se souvient que pour des raisons politiques et économiques, la Russie qui cherche à reprendre pied en Afrique, en échange de concessions minières, a envoyé des armes et des instructeurs pour aider l’armée centrafricaine à se reconstituer. Cette attitude de Poutine n’a pas plu à M. Macron qui a vu une ingérence de la Russie dans son pré-carré. Si les Français s’inquiètent de la venue des Russes au Mali, de nombreux maliens estiment que la France sera obligée de faire chemin avec les forces russes. « Puisque la France a échoué dans sa lutte contre les jihadistes, l’intervention russe est donc du coup un impératif. Elle est l’affirmation de la volonté du peuple malien », a souligné un membre du Groupe des Patriotes du Mali. Ce regroupement de jeunes, on se souvient avait fait circuler une pétition pour demander une intervention de la Russie au Mali.
L’intervention russe au Nord du Mali est aujourd’hui un impératif dans la mésure où la France et ses amis de l’UE ont collé un embargo sur l’acquisition de certains appareils aériens de combat sans leur avale. Poutine pourrait profiter la position des français pour faire son grand retour en mettant à la disposition des FaMa les moyens aériens dont les FaMa ont aujourd’hui besoin.
Faut-il rappeler que la coopération entre la Russie et le Mali date de l’indépendance du pays. Le Président Modibo Keita après la proclamation du Mali a la souveraineté nationale, se tourna vers l’URSS. Et, cela a donné ainsi naissance à la signature de plusieurs accords de coopération en matière militaire, économique et culturelle. La plus part des premiers équipements militaires des FaMa sont de fabrication russe. L’URSS a livré des équipements lourds, notamment des blindés, des véhicules, et même des avions de guerre. C’est à cette coopération militaire que tous les Maliens aspirent.
Djibril Diallo
Source: Arc en Ciel